La persistance du délestage est le résultat de plusieurs années de vols, de détournements et de mauvaise gouvernance au sein de la Jirama. Les dettes s’accumulent et les infrastructures se détériorent. Hier 5 mai, Tozzy Green a mis en arrêt la production d’électricité des centrales hydroélectriques de Hydelec et de Mahitsy Hydro à cause du non-paiement des dettes de la Jirama envers cette entreprise s’élevant à 250.000.000.000ar.
Les dettes de la Jirama envers les pétroliers s’élèvent à plus de 500 milliards d’ariary. Ces quelques 250 milliards de Tozzy Green viennent s’ajouter aux arriérés impayés de la Jirama, principales causes de la réticence des fournisseurs de fuel lourd et de production d’énergie verte. Notons que le central hydroélectrique de Farahantsana Mahitsy Hydro à lui tout seul fournit 28Mw d’électricité alimentant le réseau interconnecté d’Antananarivo. Elle a comblé le besoin en électricité de 65% de la population d’Antananarivo, soit environ 2.750.000 habitants. L’arrêt de fonctionnement de cette centrale n’est pas à négliger, vu qu’actuellement, le délestage dure déjà plus de 4h par jour.
A cause de ces problèmes internes et de la mauvaise gouvernance qui y règne, c’est une lourde punition que la Jirama afflige à la population. Cette société manque d’argent parce que les dirigeants qui s’y sont succédé y ont tous commis des vols et des détournements. Vonjy Andriamanga de 2019 à 2021 et Rivo Radanielina de 2021 à 2022 sont deux directeurs généraux de la Jirama à qui le régime a laissé libre court pour voler avant de les laisser s’enfuir à l’étranger. Ils ont laissé derrière eux une société en faillite impossible à redresser.
Au sein de la Jirama, les pertes sont nombreuses, mais le gaspillage est aussi roi. Les fonctionnaires qui bénéficient d’électricité gratuite vendent ce privilège à leur entourage En effet, ils distribuent de l’électricité en se faisant payer.
Les cités universitaires bénéficient également d’électricité et d’eau gratuite. Une étude en 2012 a démontré que le gaspillage d’électricité au sein des cités universitaires de Madagascar entraîne une perte de plus de 50 milliards d’ariary annuel à l’Etat. Notons cependant que la population de ces cités augmente d’année en année et que les locataires utilisent l’électricité pour faire leur propre business. Ils surconsomment en utilisant des appareils gourmands en énergie et ouvrent des salons de coiffure, des commerces de glace alimentaire et des cyber-café et autres multiservices au sein des cités universitaires. En plus, chaque bloc de ces cités utilise au moins des réchauds à résistance dépassant les 1000w chacun.
Cette décision de Tozzy Green d’interrompre sa production d’électricité aura un impact direct chez les usagers de la Jirama. Lors de l’inauguration de cette centrale l’année dernière, le Président de la République avait, comme à son habitude, promis la fin du délestage grâce au barrage de Farahantsana et aux autres qu’il allait construire. Actuellement, Farahantsana est en suspend et où sont les autres ? Encore une de ses promesses bidon. Finalement, c’est toujours la population qui se retrouve punie par cette incompétence, car vous ne verrez jamais un de nos dirigeants se plaindre du délestage… Pour eux, le courant est gratuit et fonctionne à longueur d’année.
