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Le Journal de l'île Rouge
Politique

Monsieur le Président français de la République de Madagascar

La gazette de la grande île
20/06/20239 minute read
samedi 17 juin | Ikala Paingotra

Depuis quelques jours, les réseaux sociaux s’enflamment autour du buzz concernant les preuves de la nationalité française du Président Rajoelina. Ce sujet avait déjà été évoqué il y a quelques mois quand la Gazette de la Grande île avait publié la copie de sa carte d’identité. Il se raconte d’ailleurs dans les cercles généralement bien informés que c’est cette publication qui a été la véritable origine de la disgrâce du fondateur de ce journal, Lola Rasoamaharo, comme le rappelle le journal Le Monde.

Un lot de consolation en 2013 ?

D’après le post Facebook d’un juriste d’excellente notoriété sur le plan international et en date du vendredi 16 juin, le Président Rajoelina a obtenu la nationalité française « par voie de naturalisation normale », et non, contrairement aux propos de son directeur de cabinet rapportés par le journal Le Monde dans l’article cité ci-dessus, par filiation à travers son grand-père. Cette explication émanant d’une collaboratrice présidentielle semble donc une tentative de noyer le poisson. Toujours selon le post de ce juriste, cette procédure de naturalisation dure « au moins 18 mois », ce qui signifie que la famille Rajoelina, qui a obtenu sa naturalisation en novembre 2014, a déposé son dossier « au plus tard, mi-2013 ».

Ce dernier point confirme la suspicion de nombreux observateurs, qui soupçonnaient depuis longtemps que l’octroi de la nationalité française à Monsieur Rajoelina vers la fin de la Transition 2009-2013 faisait partie du package pour l’inciter à ne pas se présenter, et à laisser la présidentielle de 2013 se dérouler sans faire de vagues. A part le principal intéressé, personne ne peut prétendre connaître le fin mot de cette rumeur. Toutefois, l’enchaînement des dates va étrangement dans le sens de cette théorie.

Le silence, ou pire, les explications embarrassées et embarrassantes de ses partisans qui osent s’exprimer à ce propos, illustrent que le sujet est épineux, raison pour laquelle certains auraient préféré qu’il soit tu et gardé inconnu de la population malgache. Et c’est sans doute, si l’on en croit le très sérieux journal le Monde, la raison pour laquelle Lola Rasoamaharo a été sévèrement puni.

La problématique de la double nationalité

Le sujet met également sur la table la problématique de la double nationalité, qui est un phénomène pesant sur la realpolitik et les relations internationales de Madagascar depuis le retour à l’Indépendance en 1960 jusqu’à ce jour. Combien de « Franco-Malgaches » se sentent beaucoup plus redevables, et donc plus loyaux, envers la France qu’envers Madagascar du fait d’une bourse, d’une Légion d’honneur, de l’accès à la Sécurité sociale, d’une carrière en demi-teinte dans l’administration française, ou tout simplement en raison d’affinités pour le cadre de démocratie et de développement dans l’Hexagone, qui est légèrement différent de celui à Madagascar, surtout depuis 2019. Cela explique pourquoi certains sujets allant contre les intérêts de la France coincent.

Cela ôte également de la crédibilité aux combats menés par M. Rajoelina sous couvert de nationalisme et de patriotisme, à commencer par la question des îles éparses, sur laquelle il n’y a eu aucune véritable avancée. Et ce, malgré son comportement assez arrogant lors de cette fameuse conférence de presse de Mai 2019, durant laquelle le Président de Madagascar avait tenté de forcer la marche, au grand étonnement de son homologue. Emmanuel Macron a alors répliqué sans sourciller en affirmant quelques mois plus tard sur les îles Glorieuses : « ici c’est la France ».

Dieu seul sait quels compromis ont été passés dans la discrétion en échange d’une visite officielle en France, symbole de soutien apparent dont le chef de l’État de Madagascar avait grandement besoin, en ce moment de forte impopularité, pour faire croire qu’il avait encore le soutien du grand vazaha. Selon les observateurs de la vie diplomatique française, il est d’ailleurs très étonnant que l’Élysée n’ait publié aucun communiqué à l’issue de la rencontre. Contrairement à Iavoloha qui s’est empressé d’en sortir un.

Pour les simples citoyens, la double nationalité ne pose pas de véritable problème et reste du domaine des choix privés, quelles qu’en soient les raisons.Toutefois, pour quelqu’un qui est à la tête d’un État, il ne peut en être ainsi. Le conflit d’intérêt est un thème bien connu de ceux qui s’intéressent aux principes de bonne gouvernance. Par conséquent, un président français à la tête de la République de Madagascar sert-il les intérêts de l’État français ou ceux de l’État malgache ? Le Gouvernement malgache qui emprunte 150 millions d’Euros au Trésor public français pour construire un téléphérique décrié par la population sert-il les intérêts d’Antananarivo ou ceux du Trésor public à Paris ? Andry Rajoelina reçu par Emmanuel Macron à l’Élysée est-il un chef d’État étranger qui rend visite à son homologue français, ou un citoyen français en charge d’un territoire qui va aller voir son Président, pour prendre ses ordres, ses conseils, voire ses engueulades ? En quelque sorte, comme une espèce de gouverneur colonial des temps modernes. Ce sont des questions légitimes, même si le fanatisme des habituels troupeaux va y voir un crime de lèse-majesté.

Depuis quelques jours, le buzz des réseaux sociaux est surtout dominé par des commentaires pour la plupart négatifs à l’encontre du Président Rajoelina. Il semble que la contre-attaque sous couvert de nationalisme s’annonce avec le folklore de la réouverture du Rova d’Antananarivo. On se souvient que lors du dernier évènement organisé à cet endroit pour « inaugurer » Manjakamiadana et Besakana en novembre 2020, un ampanjanka est décédé en plein milieu de la cérémonie. Espérons toutefois que la colère des razana soit un peu plus apaisée ce dimanche. Même si les dernières informations permettent de mieux comprendre pourquoi on a osé le sacrilège de la construction d’un Colisée anachronique dans l’enceinte royale du Rova d’Antananarivo. Un vrai Malgache nationaliste et patriote n’aurait jamais fait cela.

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Indignation d’un citoyen malagasy
 
« Vrai ou faux débât?… »
Je ne veux pas rentrer dans les arguties juridiques parce que pour moi, c’est un fait qui va bien au-delà de ce que pourraient dire les lois…
Pour moi, c’est une question de morale, de patriotisme, de loyauté envers le peuple et l’histoire de notre pays.
Déjà, la cacophonie dans les tentatives de faire avaler la couleuvre est affligeante… Comme d’habitude, la parole précède la réflexion et la concertation et ça devient une bouillie infâme qui ne fait qu’enfoncer le clou… »Par filiation »… »Par diplomatie » ��
Encore heureux que personne n’ai dit « par hasard »…Après tout, c’est peut-être vrai aussi…
Les faits sont là: C’est une « naturalisation » et la définition qu’en fait la loi française ne demande pas d’être docteur en droit… Quelqu’un est naturalisé après en avoir fait la demande, point final…
Si c’était par filiation ou pour une autre raison, c’est ce qui apparaîtrait sur le décret.
Mais ce n’est pas ce qui me semble inadmissible dans cette histoire… Hautes valeurs morales, patriotisme, loyauté envers l’histoire et le peuple de Madagascar…
La personne a donc fait sa demande de naturalisation alors qu’il tenait la plus haute fonction de l’état à ce moment là… peu importe comment elle y est arrivée mais c’est un fait…
Qu’on m’explique parce que cela m’est inconcevable: La personne qui est supposée symboliser l’état, le peuple, ce qui serait la fierté de ce peuple demande à ce qu’on lui accorde une autre nationalité…Mais en plus, pas n’importe laquelle, celle du pays colonisateur…
Qu’est-ce qu’on doit en conclure? Que cette personne qui est supposée tout faire pour mener très haut le fait d’être malgache, d’être le chantre de la fierté malgache demande la nationalité française… Qu’elle a obtenue…
Juste comme ça…La France n’extrade pas ses ressortissants…Et je ferme cette parenthèse…
Aujourd’hui, la plus haute insttitution de l’état de Madagascar, le Président de la République est française… Dites-moi que je rêve…
Tous nos héros, connus et anonymes qui ont donné leurs vies, tout perdu pour se défaire du joug de la colonisation doivent se retourner dans leurs tombes…
Mais c’est vrai, qui s’en soucie? On les a oublié depuis belle lurette…
Et le 26 juin, c’est donc la France qui va passer en revue l’armée malgache… Pinces-moi…
Je n’ai rien à redire sur tous mes compatriotes qui ont une autre nationalité que malgache… Ils n’ont de comptes à rendre à personne et ils ont tous des raisons qui se tiennent pour cela… Si être malgache pouvait donner toutes les facilités dans ce monde global, ne serait-ce que pour voyager, personne n’aurait songé à essayer d’obtenir une nationalité disons « plus puissante »…
Mais le Président de la République?…
Ce n’est pas important pour moi de me demander pourquoi maintenant et toutes les raisons qui auraient amenées à ce que tout soit dévoilé aujiourd’hui…
Seuls les faits m’importent… Et ce sont des faits inqualifiables, qui foulent aux pieds la notion même de souveraineté nationale…
Je n’ai absolument rien contre la France et je ne cherche même pas à savoir le pourquoi du comment de leur décision, ils sont souverains et ils font ce qu’ils veulent…
Je questionne sur ce fait inqualifiable pour moi en tant que malgache et fier de l’être malgré toutes les soi-disants raisons qui devraient amener à penser le contraire…
Dans nos tombeaux familiaux reposent des personnes dont des édifices de l’état portent le nom parce qu’ils ont été les héros de la luttre pour l’indépendance…
Et voilà, nous sommes dans une situation que la France n’aurait même pas osé rêver…Allons donc, la première institution de la République de Madagascar? C’est la France.
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