L’un des problèmes majeurs du système administratif malgache, que le régime aurait pu régler sans dépenser beaucoup d’argent, est la lenteur et la complication des procédures. Cela semble insignifiant, mais c’est la cause principale de la corruption qui ronge l’administration malgache.
En effet, pour obtenir un traitement de faveur, tous ceux qui ont affaire à l’administration cherchent à payer quelqu’un. La facilitation et l’accélération des procédures sont devenues un business à part entière. Devant chaque ministère et chaque bureau administratif, on croise des gens qui en ont fait leur métier. Ils prennent en charge les dossiers et parviennent à accélérer la procédure. L’entrée des bureaux administratifs ressemble aux stationnements de taxi-brousse, où les dockers vous accostent et s’emparent de vos bagages.
Prenons l’exemple de la création d’une association. Il est inscrit sur la porte de la préfecture et du ministère de l’Intérieur que les étapes de la création d’une association sont gratuites. Pourtant, dès la première porte où l’on dépose le dossier, on vous demande 30 000 ariary. Ce dossier va ensuite passer par plusieurs portes. Les deux semaines prévues pour la création de l’association se transforment en 6 mois. On vous malmène de porte en porte et de bâtiment en bâtiment. Les fonctionnaires qui travaillent au ministère de l’Intérieur sont rarement au bureau. Ils ont plusieurs heures de retard et vous font attendre des heures dans le hall sans donner aucune nouvelle. Le dossier passe par 6 bureaux différents où ils ne font que signer. Ces étapes pourraient être réduites en combinant les services. Arrivée à la dernière étape à la porte 703Bis du ministère de l’Intérieur, la dame affirme qu’aucun dossier de l’année 2023 n’a été pris en charge et qu’il faut attendre en faisant des allers-retours au ministère pour avoir un suivi du dossier. D’après elle, le ministre est trop occupé.
C’est pour éviter tous ces désagréments que les gens cherchent à payer quelqu’un. Le pire, c’est que cela fonctionne, car ceux qui paient sont toujours satisfaits. Ce qui signifie que ces procédures pourraient être accélérées, mais que les fonctionnaires ont pris l’habitude d’être payés au noir pour travailler convenablement.