Ce que « Jeune Afrique » qualifie de « scandale de trop », désormais entré dans les annales de l’histoire de Madagascar, est d’une gravité sans borne. Ceux qui, dans l’entourage direct du Chef de l’Etat en sont conscients, en ont la sueur dans le dos, et préparent déjà leurs valises. Car qui qu’ils soient, et quel que soit le degré de corruption atteint par l’Armée, par les institutions, de la HCC au parlement croupion, Rajoelina et ses comparses malgaches et étrangers n’ont aucune chance de s’en relever.
Tout d’abord, parce que la NCA a fait savoir à notre désormais Romy nationale que se mettre à table, et tout déballer, lui éviterait les affres, durant au moins cinq ans (dix, si affinités !) des sombres cachots britanniques. Ce qui pour une personne adorant croquer la vie à pleine dent, raison pour laquelle elle a bien voulu, d’ailleurs, accepter cette mission déguisée en congé, équivaudrait à un arrêt de mort. Ensuite, parce que la NCA (toujours elle !), est entrée en possession du téléphone de l’appréhendée, qui, à défaut d’être une mine d’or informationnelle, constitue, surtout, une véritable arme de destruction massive, une authentique bombe thermonucléaire, pour plus d’un, au sommet de l’Etat malgache.
Les instructions émanant du Président malgache qui y figurent constituent, en effet, des preuves irréfutables, impitoyables, mortelles, du fait que celui-ci est bel et bien le Padrino di Padrini de la pègre malgache qui, se croyant insubmersible et au-dessus de tous, s’est, au final, avérée être une hydre aux têtes plutôt minuscules. La justice britannique, au vu de preuves aussi tangibles, s’apprête, donc, à lancer, juste après sa démission le 09 Septembre, un mandat d’arrêt international contre celui qui sera alors devenu l’ex-Président de la République de Madagascar. Nous voyons mal, il est clair, les agents de Scotland Yard débarquer, armes aux poings, à Ivato, pour procéder à l’arrestation de « Il Padrino ». L’émission de ce mandat ne lui laissera, cependant, la possibilité, alors, de voyager que vers la Corée du Nord et vers Moscou, lui fermant les portes de la plupart des nations civilisées. Mais, surtout, ce document, gèlera de facto, ses différents comptes bancaires, dans le Monde (Genève, Macao, Dubaï, Vietnam, Maurice…), où dorment, bien au chaud, les fruits, astronomiques, de dix années de rapines, accumulés sur le dos d’un peuple en guenilles.
Mais les leçons à tirer de cette bévue de trop ne sont pas seulement pour le pouvoir corrompu et incompétent en place. Elles sont pour l’ensemble des politiciens de Madagascar. Il est grand temps de mettre une croix sur les pratiques fallacieuses, au niveau de la Présidence et de la Primature, comme des Ministère, des commissions systématiques, contre l’octroi des autorisations officielles, pratiques qui dépouillent le peuple et déshonorent le pays. Le monde est de moins en moins enclin à tolérer ce qui fait désormais partie des mœurs politico-financières dans notre pays. Le pouvoir devrait cesser définitivement d’être instrumentalisé par ses tenants pour atteindre des objectifs purement personnels et familiaux, mais devrait, au contraire, constituer un médium puissant pour changer les atroces réalités du pays que la pratique effrénée de la méthode Coué n’arrive plus à masquer.
A la veille d’un changement, enfin, à la tête, de ce pays, nous pensons que ceci devait être dit et souligné.