Être ou ne pas être candidat ?

Telle est la question qui se pose à maintes personnalités actuellement. Force est de constater que la plupart d’entre eux peinent à être complètement crédibles aux yeux des électeurs vu leur cursus et leur comportement. Il y a ceux qui ont déjà déclaré publiquement leur intention de briguer la candidature suprême. Honneur aux descendantes d’Eve. En étant la première femme à se déclarer candidate, la députée élue par deux fois dans le District de Tsihombe a tenu parole, elle qui a déclaré lors d’un voyage en Afrique vouloir se présenter à l’élection si aucune femme ne le faisait. Reste à savoir si son combat louable en faveur de l’interruption thérapeutique de grossesse n’est pas un handicap insurmontable face à l’influence des bien-pensants chrétiens. Une des filles de l’Amiral Ratsiraka est la candidate de son parti : mais proposer une actualisation du Boky Mena sera-t-il suffisant à remettre l’Arema à l’avant-garde de la politique à Madagascar ? Fort de l’expérience de son échec aux municipales de 2019, Madame Rasolofonoriniaina Julia Mickaël a pour principal leitmotiv de nous mener vers la Vème République. L’appel du 23 août 2023 de cette personnalité peu connue surnommée « Mischa » aura-t-il les mêmes conséquences historiques pour notre pays que celui du 18 juin 1940 a eu pour la France de la part d’un officier supérieur nommé De Gaulle – lui aussi inconnu alors ?
Les candidats déclarés de sexe masculin ne rassurent pas plus, bien au contraire. Un ancien président se déclare prêt à remettre en œuvre un programme labellisé « plus » pour redresser la Nation, mais semble avoir oublié d’être en règle avec le fisc puisqu’il avoue avoir du mal à obtenir l’état 211 bis nécessaire à son dossier de candidature. Cet article étant écrit dans la langue de Molière, saluons le fait que le neveu de l’Amiral Ratsiraka a présenté sa n-ième candidature en français. Quant à l’ancien maire d’Ankadinandriana, il lui faudra surmonter les retombées collatérales de sa longue participation au pouvoir en place et des problèmes inter-ethniques au sein de son parti pour pouvoir convaincre au-delà de l’Avaradrano. De nouvelles têtes auraient pu susciter l’enthousiasme. Mais pour postuler à la victoire, il ne suffit pas d’échanger le costume de spin doctor avec celui de candidat. Et le mandat du président actuel semble infirmer qu’être entrepreneur en communication est une compétence suffisante pour une bonne gouvernance. Enfin, être le fils d’un autoproclamé faiseur de roi dans la république malgache ne préjuge ni d’un avenir, ni d’une capacité à être son futur président.
D’autres candidats se déclareront sûrement d’ici septembre, y compris l’actuel tenant du titre, réconforté par le dernier arrêt de la HCC et les selfies des happenings organisés jusqu’à sa démission de son poste. Ses simagrées et gesticulations ne sauraient occulter dans l’esprit de l’électeur, l’indigence du bilan d’une gestion émaillée de la permanence des scandales en tous genres, sans omettre la nationalité française du sieur Rajoelina que nous nous enorgueillissons d’avoir révélé au grand public. L’annonce de la candidature de l’ancien champion de Madagascar de Judo sera sans nul doute peu audible en plein déroulement des jeux des Iles et son récent parachutage à un poste de direction du parti héritier de la Première République peut être d’une rentabilité électorale plus faible qu’escomptée mais éloignera plus sûrement du député élu à Toliara ceux qui ne portent pas les « pisodia » dans leur coeur.
Restent les nombreuses autres personnalités qui avec ou sans génie continuent à miser sur une transition et espèrent que les assises du FFKM de ce week-end leur ouvrent la voie.
Nous sommes certes proches du dénouement du feuilleton de la tenue ou non de la Présidentielle, mais nous restons très loin d’une assurance de sérénité dans le climat politique. Sinon pourquoi se bousculer à signer un pacte de bonne conduite comme pour se dédouaner à l’avance de toute responsabilité dans les troubles à venir?