Quelle lucidité ? Quelle franchise désarmante !
Une fois la stupeur passée après avoir écouté le discours de la PAN, Cédric Vazaha, ivre de rage, a convoqué à l’Arena les députés IRD et UPAR. Il a vite compris que le message de la PAN lui était adressé et il avait dit aux députés présents : « Par son discours, Christine m’a mis au poteau pour me fusiller ».
Christine Razanamahasoa, que ses « ouailles » appellent familièrement la PAN (Présidente de l’Assemblée Nationale) n’avait pas dû bouder son plaisir, et la vengeance est un plat qui se mange froid.
Cédric Vazaha n’a pas osé l’affronter cette fois-ci en la convoquant à l’Arena (s’y serait-elle rendue ?) afin de lui dicter ses ordres, comme lors de la motion de censure avortée. A l’époque elle avait été humiliée jusqu’aux larmes et avait dû se résoudre à se déjuger.
Jusqu’ici, Cédric Vazaha continuait à se comportait comme s’il était toujours le président en exercice.
Il vient enfin de se rendre compte qu’il n’est plus président, et que ni la présidence par intérim, ni le gouvernement, ni le nouveau président du sénat, ne fait ni le poids, encore moins peur.
Aucun d’entre eux n’a la légitimité d’un élu, depuis que le général 4 étoiles Baomba a usurpé la place du président du sénat, en paradant grotesquement avec ses décorations, son chapeau de cowboy ridicule et son sourire béatement satisfait.
Baomba espère probablement pouvoir hériter de la présidence par intérim, son objectif suprême.
C’est vite oublier qu’il y a de fortes chances qu’il perde rapidement son nouveau titre, si la HCC donne suite à la requête des 38 députés contestant la convocation d’une session extraordinaire unilatérale du Sénat (sans celle de l’assemblée nationale).
Il aurait fallu plutôt convoquer une session spéciale, conformément à l’article 84 de la Constitution. Le hic dans ce cas, c’est le gouvernement qui doit la convoquer et non une majorité des sénateurs qui la demande. De plus, ce serait pour des avis sur les questions économiques, sociales et d’organisation des collectivités territoriales décentralisées, conformément à l’article 83 de la Constitution. Pas pour un changement partiel du bureau.
Si la BCC (Basse-Cour Constitutionnelle) se respecte pour une fois et fait appliquer les dispositions du code électoral, elle ne peut que déclarer anticonstitutionnelle la convocation de cette cession, ce qui
mettra fin au rêve de Baomba de rester président du Sénat, et peut-être président par intérim. Jusqu’à de nouvelles élections éventuelles destituant le président Herimanana Razafimahefa.
Qui sait ? Peut-être, ce discours de la PAN mettra un peu de plomb dans la cervelle de cette BCC, afin qu’elle redevienne une HCC neutre et impartiale qui respecte la Loi et la Constitution, conformément à la piqure de rappel de la PAN dans la conclusion de son discours.
La lucidité et le courage de la PAN, qui est une fervente croyante et non moins magistrate de haut rang, inciteront-ils les membres de cette Institution à ne plus craindre les représailles éventuelles de Cédric Vazaha, à oublier la reconnaissance du ventre et à se respecter eux-mêmes ainsi que la Constitution ?
Baomba était tellement pressé qu’il n’a même pas eu la patience d’attendre quelques jours l’ouverture de la session ordinaire, auquel cas il n’y aurait pas eu cette contestation des 38 députés.
Que faire de la PAN ? « That is the question ».
La destituer ? Mission impossible : les députés pro régime avaient déjà vainement essayé de destituer les vice-présidents Brunelle et Jean Jacques Rabenirina. A titre de rappel, Christine Razanamahasoa avait été élue PAN à l’unanimité des députés.
Cédric Vazaha s’est donc résigné à demander à « ses » députés de faire un communiqué dénigrant la PAN et qualifiant son discours comme ne traduisant pas l’avis de l’assemblée nationale.
Exaspéré et impuissant, Cédric Vazaha aurait même dit à « ses » députés qu’il allait appeler Macron (son maître ?), avant de se ressaisir, se rappelant sans doute qu’il n’était plus président. Et que sans doute, Macron doit avoir bien d’autres priorités compte tenu des actualités internationales.
En outre, la PAN a osé interpeler la Communauté internationale, et lui a demandé de délaisser le langage diplomatique, comme a osé faire Constantin Grund, le représentant résident de la fondation Friedrich Ebert « Madagascar a connu une régression significative en matière de démocratie ces dernières années. Depuis l’investiture de Andry Rajoelina, la culture démocratique s’est dégradée. Deux scénarios peuvent alors se profiler à l’horizon. Soit il y a un effort au niveau de la communauté internationale pour forcer les parties prenantes à se réunir autour d’une table de discussion. Soit, c’est la rue qui décide ».
Oui, sinon c’est la rue avec « les germes des provocations pour une guerre fratricide qui sont visibles et ne cessent de s’amplifier » (discours de la PAN). Le mot guerre est bien lancé. Et le gouvernement collégial et Cédric Vazaha ne s’y sont pas trompés, il s’agit bien d’une GUERRE, comme le souligne cet appel adressé mardi soir à tous les ministres par un de leurs collègues, concernant un interview de Cédric Vazaha.
Pas sur les média nationaux cette fois, mais sur France 24 et RFI ici un interview en différé sans doute négocié par son agence de communication :
« Chers collègues ministres,
Demain mercredi à 13h heure de Mada, le Président fera une émission spéciale sur France 24 et RFI en simultané.
L’émission sera également diffusée sur facebook, le Président veut vraiment que nous, vous ministres, et vos staffs respectifs (SG, DG, directeurs, membres de cabinet) soient totalement mobilisés pour intervenir positivement dans les commentaires et répondre à des commentaires négatifs…
Il veut vraiment que tous ceux qu’on a nommés en CM et ceux qui font partie de vos cabinets ne soient plus simples spectateurs mais acteurs très dynamiques. Je le répète, nous sommes en GUERRE et nous comptons réellement sur l’engagement sans faille de tous.
Je vous remercie de l’attention que vous accorderez à cette sollicitation de M le PRM.
Bonne fin de soirée,
Am-panajana tompoko « .
Qu’a répondu alors cette « influente minorité » dont parlait la PAN ? Stop à l’ingérence de la communauté internationale, et elle invoquait la fameuse souveraineté nationale.
Pourtant les mêmes ne semblaient pas du tout s’inquiéter de l’impossibilité par Cédric Vazaha, du fait de sa nationalité française, de « veiller à la sauvegarde et au respect de cette souveraineté nationale » (article 45 de la Constitution), et de valider quand même sa candidature.
Quelle sortie de crise ? Sanctions de la Communauté internationale ou l’Armée
Nonobstant les affirmations de Ntsay Tyson, de Baomba, et de Cédric Vazaha sur l’absence de crise, il va bien falloir trouver une solution à cette crise.
La Communauté internationale dispose-t-elle de moyens pour ramener les « belligérants » autour d’une table ? Oui comme en 2013, en les menaçant de leur refuser les visas pour voyager dans les pays européens et aux Etats Unis et de bloquer leurs comptes et avoirs extérieurs.
Ça, c’est un langage qu’ils auront très vite compris !
A défaut de ces mesures par la Communauté Internationale, ne reste plus que le recours à l’Armée. L’armée va-t-elle encore rester indifférente et laisser s’amplifier cette guerre fratricide latente au lieu d’intervenir pour la prévenir ?
De toutes façons, Cédric Vazaha doit maintenant comprendre que la majorité des Malagasy ne veut plus d’un Vazaha (ni lui, ni un autre) à la tête de l’Etat Malagasy et qu’elle ne cessera de manifester tant que sa candidature n’est pas invalidée.
C’est plus sa possession de la nationalité française qui pose problème, que la perte de sa nationalité malagasy qu’il continue à nier. Oser affirmer que Nicolas Sarkozy a la double nationalité hongroise et française ? ici . Argumenter sans sourciller que Barak Obama a la double nationalité kenyane et américaine, alors que le code de nationalité kenyane n’accepte pas la double nationalité, et qu’il avait perdu sa nationalité kenyane à l’âge de 23 ans ici . Il a osé le faire sur une télévision visible internationalement ? Il faut reconnaître qu’il n’a pas froid aux yeux, mais hélas pour lui, cela ne fait que conforter son incompétence : ne même pas avoir vérifié la véracité de ces infos (que peut-être ses Amazones lui ont données) avant de les sortir ?
De toutes manières, pour la population malagasy qui a le culte des ancêtres, les cicatrices laissées par les luttes pour l’Indépendance de Madagascar sont encore vivaces et indélébiles.
Ce n’est pas son interview sur France 24 ou RFI qui y changera quelque chose : le mensonge est
devenu une seconde nature chez lui, et il ose encore maintenir dans des média francophones que c’est pour les études de ses enfants qu’il a demandé la nationalité française (afin qu’ils n’aient pas à faire la queue devant les préfectures pour obtenir leur carte de séjour).
Tout le monde, en particulier les journalistes, sait qu’un mineur n’a nul besoin de carte de séjour pour poursuivre des études en France. Et l’aîné de ses fils avait 12 ans en 2013, lorsqu’il avait fait sa demande de naturalisation. Tellement naïf de penser que cela passera facilement en France !
Ce n’est pas non plus la promesse de la construction d’un palais des louanges qui y changera quelque chose !
Cédric Vazaha stratège politique ? Sa candidature illégale, anticonstitutionnelle et illégitime
Cédric Vazaha doit maintenant regretter amèrement d’avoir demandé cette nationalité française et d’avoir malgré cela déposé sa candidature, en dépit de son illégalité (article 42 du code de nationalité), son anti-constitutionnalité (article 45 de la Constitution) et son illégitimité (sang versé des patriotes qui ont lutté contre les Français pour l’Indépendance).
Il aurait économisé beaucoup d’argent (pas de campagne électorale), aurait gagné l’estime de ses compatriotes et de la Communauté Internationale qui aurait interprété sa renonciation à se représenter comme un authentique patriotisme.
A l’heure actuelle, il aurait encore été président de la République jusqu’au 19 janvier 2024. Et il aurait laissé à la postérité son nom comme le 1er président sortant malagasy ne voulant pas s’accrocher à son siège et n’ayant pas sollicité le renouvellement de son mandat.
Il doit maintenant se demander pourquoi il a agi à l’inverse d’un certain Boris Johnson, qui en 2015 avait annoncé son intention de renoncer à sa nationalité américaine, obtenue grâce à sa naissance aux Etats Unis , même s’il était né de père et de mère britanniques ?
Bojo disait alors « Je pense que je ferai probablement ce changement parce que mon engagement a été toujours, et sera toujours envers le Royaume Uni« . Chose promise, chose due en 2016, alors qu’il n’était encore que ministre des affaires étrangères. Il ne deviendra PM que deux années plus tard en juillet 2018.
La décision de Cédric Vazaha de présenter, envers et contre tout, sa candidature est à l’opposé du qualificatif de « fin stratège politique » qu’il s’est auto-attribué. Avoir choisi comme Dircab une femme peu scrupuleuse comme Romy, qui s’est fait bêtement prendre dans les filets du National Crime agency britannique ! Il aura à méditer sur cette phrase de JFK « L’art de la réussite, c’est de savoir s’entourer ». Cédric Vazaha s’est malheureusement contenté de ses amazones et de ses affairistes !
Qu’il est loin le jeune premier, soutenu par le regretté Herizo Razafimahaleo, qui avait ravi la mairie d’Antananarivo, qui semblait réussir tout ce qu’il entreprenait. Jusqu’à la prouesse de renverser en 2009 Ra8 qui était au sommet de sa puissance. Rester président de la transition pendant 5 ans (un quinquénat sans avoir été élu) et redevenir président en 2018 (grâce aux fraudes électorales qu’il envisage de rééditer).
Bientôt, il aura tout perdu et il aura tout le temps de ruminer son échec, notamment concernant le développement de Madagascar. Comme par exemple la Jirama : il s’était bien gaussé des déboires de son prédécesseur Hery Rajaonarimampianina qui n’avait pas tenu sa promesse de régler en 3 mois le problème Jirama. Lui en 5 ans, il n’a même pas réussi à commencer les travaux d’un des deux barrages Sahofika et Volobe. Pire, Eiffage a déserté pour Sahofika. Pour Volobe, l’opérateur Scatec se serait également désisté et ce projet Madagascar ne figure plus dans leur portefeuille de projets ici . De surcroît, Colas ne serait plus actionnaire dans Volobe à partir de Novembre 2024.
Comme on dit en malagasy « Du vary mangatsiaka » pour son successeur et surtout la Gazette souhaite bon courage au futur successeur (les femmes ont renoncé à être candidates) pour remettre les
choses dans l’ordre, car rien ne va plus et tout semble prioritaire.
Et bon vent à Rajoelina, malgré ce qu’il a fait aux journalistes Rolly Mercia et Notre PDG Lola Rasoamaharo. Quoique, au vu de ce qu’il a fait ces 5 dernières années, il n’est pas cruel de dire la vérité « Il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va ».
La bonne nouvelle , c’est qu’au moins, il ne fera plus de mal à Madagascar.