Skip to content
Le Journal de l'île Rouge
La une

Maminiaina Ravatomanga, dit « Mamy », Monsieur (dé)Loyal du cirque électoral

La gazette de la grande île
14/11/202311 minute read

https://mondafrique.com/a-la-une/maminiaina-ravatomanga-dit-mamy-monsieur-deloyal-du-cirque-electoral/

Nous reproduisons ci-dessous un article de notre confrère Mondafrique, un site web d’investigation créé en décembre 2013, à l’initiative de l’excellent journaliste d’investigation Nicolas Beau.

Cet article a été repris par de nombreux sites africains et révèle les liens de PB (un des surnoms de Mamy Ravatomanga) avec le groupe Wagner.
Tout a été mis en œuvre pour que le scrutin du 16 novembre se tienne, vaille que vaille. L’armada Cédric Vazaha dirigée d’une main de fer et financée par PB y veille et ne recule devant aucun moyen.
Ainsi, on apprend que le candidat Auguste Paraina a été arrêté mardi par la section cybercriminalité et est détenu à la brigade criminelle Anosy. Donc, après les gendarmes de Fiadanana, la police vient d’entrer également dans la danse.
Probablement parce qu’il a eu l’outrecuidance de publier sur son site la convocation à Londres de Cédric Vazaha, dans ce qu’on convient d’appeler « l’affaire Romy/Gemfields ». Cette information a été confirmée par l’influenceuse parisienne Fanirisoa Ernaivo https://fb.watch/ojldfhKGup/  . Elle a dit dans cette vidéo que 10 personnes sont convoquées, dont Cédric Vazaha et Florence Erard.
Cette dernière était la personne qui avait déposé au domicile de Paul Maillot Rafanoharana un sac plein d’ariary (environ 1 milliard) quelques minutes avant l’irruption des gendarmes venus faire une perquisition. Cette dame n’avait jamais été convoquée au tribunal, et ce fameux sac d’argent n’y a pas été présenté.
Romy avait également été citée dans les témoignages de l’affaire Apollo 21, mais n’avait jamais été inquiétée. Mieux, quelques mois plus tard, elle avait été nommée Directrice de cabinet de Cédric Vazaha.
Lors du débat télévisé de lundi soir entre les 3 candidats qui ne boycottent pas ce scrutin, Siteny avait osé poser la question qui fâche, celle de savoir si Cédric Vazaha est bien convoqué à Londres. Réponse lapidaire de l’intéressé « Ce n’est pas l’objet du débat ». Mais il ne l’a pas démenti, ce qu’il aurait sans doute fait si ce n’est pas le cas.
On sait bien qu’il n’est pas à un mensonge près, ce qui lui a valu son surnom de Pinocchio Rainilainga.
Comme par exemple, lorsqu’il dit qu’il avait été plusieurs fois champion de Madagascar de karaté, et que personne n’en voit nulle trace dans les archives de la fédération de karaté.
Lundi soir, il avait encore été attrapé en flagrant délit de mensonge, lorsqu’il avait affirmé que le pipeline, allant de la région d’Anosy vers la région Androy, est actuellement fonctionnel !

 

Reprise de l’article de Mondafrique :

Homme d’affaires et deuxième fortune de Madagascar, Maminiaina Ravatomanga, dit « Mamy », qui a caressé des ambitions présidentielles, a toujours été un conseiller officieux du président malgache et à nouveau candidat à la Présidentielle du 16 novembre, Andry Rajoelina. Les deux hommes se sont rapprochés courant 2008 parce que leurs sociétés respectives se trouvaient en butte au fisc, dont les enquêtes avaient été initiées par l’entourage du président de l’époque, Marc Ravalomanana. Par la suite, Ravatomanga a soutenu l’accession de l’actuel Président au pouvoir en mars 2009 et n’a cessé de soutenir depuis.

Un article d’Olivier Vallée

Maminiaina Ravatomanga, dit « Mamy », est un homme d’affaires, en même temps conseiller officieux et soutien du président Andry Rajoelina. Les deux hommes se sont rapprochés courant 2008 parce que leurs sociétés respectives se trouvaient en butte au fisc, dont les enquêtes avaient été initiées par l’entourage de Marc Ravalomanana, le président de l’époque. Ravatomanga a soutenu l’accession de Rajoelina au pouvoir par le coup d’Etat de 2009, comme en 2018 aux présidentielles et n’a cessé d’être à ses côtés depuis lors. C’est le propriétaire de plusieurs titres de journaux comme La Vérité, Inona no Vaovao, Madagascar Matin et Ino Vaovao en provinces.

Dans le climat électoral explosif des élections du 16 novembre, il joue un rôle clé et ambigu de modérateur et de manipulateur. Cela provient du chevauchement du politique et des affaires qu’il pratique nationalement et internationalement. Cela lui donne beaucoup d’atouts pour offrir un jour une solution de compromis entre le chef de l’État actuel, français et malgache, et le candidat Siteny qui rompt avec la francophilie de façade des hommes politiques de la grande île.

La tendresse de l’Élysée

Malgré l’accumulation des casseroles que traine Mamy Ravatomanga, le président Macron n’a pas hésité à lui parler au téléphone pendant plus d’une demi-heure, il y a quelques semaines. 

Il est vrai que Maminiaina, dit « Mamy », Ravatomanga, venait d’être notifié (25 juillet 2023,la veille du jour du coup d’État qui destitue Bazoum) du classement sans suite de l’enquête préliminaire du Parquet national financier (PNF) ouverte à son encontre. Cette procédure portait sur des faits de blanchiment en bande organisée, de corruption d’agent public, de fraude fiscale et de trafic de bois de rose. Le PNF justifie cette décision, datée du 25 juillet, en raison d’une  « infraction insuffisamment caractérisée». Que le PNF semble bien mal informé quand on lit la presse qui n’a jamais été attaquée par le « crony » capitaliste et quand on voit les photos de ses biens immobiliers à Levallois.

Mamy a été choisi comme interlocuteur par le président français, après une contrariété de plus. En effet,  il y a peu, une mission diplomatique conduite par Arnaud Guillois a souhaité rencontrer Siteny Randrianasoloniaiko, à la requête du cabinet du président Macron. La rencontre s’est mal passée car Siteny a refusé de parler en français et a jugé que les diplomates se comportaient comme des colonialistes. Cela lui sera compté, et depuis, la guerre informationnelle que mène la France le charge de liens avec les Russes sans creuser le cas de Leandric Rabenatoandro (1).

Le président Macron adoube Rajoelina à travers Mamy Ravatomanga, son mécène et conseiller, mais il ignore que ce dernier a plusieurs fers au feu, d’autres alliés et des ambitions. Mais le soutien de la communauté internationale est bon à prendre, une fois de plus, pour Rajoelina, en échange de la préservation des intérêts français. Mamy Ravatomanga serait, selon ses lobbyistes français , un «Malagasy Donald Trump» qui transformerait Madagascar en une nation prospère. C’est en tout cas un homme sur qui on peut compter pour des missions impossibles. Il en effet est impliqué dans l’affaire Carlos Ghosn. En effet, un des avions de sa compagnie aérienne malgache TOA, une de ses filiales a été utilisé par l’ex-PDG de Renault-Nissan-Mitsubishi pour fuir le Japon. En 2020 en effet un avion de Mamy, opéré par MNG Jet, s’est posé sept fois à l’aéroport d’Ivato-Antananarivo, selon le site de suivi des activités d’avion, FlightAware. Quant au président Rajoelina, il a utilisé le même appareil que Carlos Ghosn vers au moins trois destinations : Sotchi pour le sommet Russie-Afrique, le 21 octobre ; Tokyo, pour le Ticad, le 25 août ; Abu Dhabi, à l’ONUDI, le 2 novembre.

Le chevauchement du politique et du business

Mamy Ravatomanga est cependant bien plus discret que Donal Trump et participe au coup d’État de Rajoelina (2009), dont il est un des financiers. Il n’est pourtant encore qu’un entrepreneur confronté comme Rajoelina aux embarras fiscaux que lui crée le président Ravalomanana que les diplomates français moquent en l’appelant «le loser».  Il a su profiter des privatisations des entreprises publiques, en particulier dans la logistique pétrolière.

Mais son enrichissement sans contraintes commence vraiment à partir de 2009. Il nomme ses hommes dans les gouvernements de la Transition. Ainsi Hery Rajaonarimampiainina désigné en tant que ministre des Finances et du Budget de la Transition de 2009. L’influence de cet homme d’affaire dans le cercle du pouvoir n’a cessé de croître depuis. Il envoie l’ascenseur à Christian Ntsay, qui l’a aidé lors des privatisations et qui devient, à son instigation, Premier ministre en 2018. Aujourd’hui le ministre de l’industrie et du commerce, Edgard Razafindravahy, est quotidiennement à la manœuvre pour faire perdurer la capture des filières à devises par Mamy. Ils se voient souvent, passent les fêtes de Noel dans un golfe-hôtel de luxe du groupe Azura appartenant à Mamy et s’envoient des SMS, heure par heure. La vanille, après le letchi est passée sous contrôle de Mamy et de ses alliés indiens. Ce n’est pas une mince prouesse car Mamy, né à Morondava, n’appartient pas à la caste des fils de notables de la capitale. Une élite qu’il lui a fallu convaincre de s’allier ou de céder. Une des plus belles prises de Mamy, c’est bien sûr Naina Andriantsitohaina, fils unique du riche homme d’affaires Jean-Charles Andriantsitohaina, dont il a pris la relève à la tête des sociétés familiales. Issu de la haute bourgeoisie merina, il est en affaires avec Mamy Ravatomanga, même s’il ne participe pas à toutes les opérations commerciales menées pas ce dernier et n’épouse pas tous ses engagements politiques. Mamy l’a associé au conseil d’administration de Madarail qui après avoir été privatisé au profit de Bolloré a échoué dans le portefeuille de SODIAT, lui apportant un considérable patrimoine immobilier. En échange lorsque Mamy a lancé un nouveau quotidien en 2009, Madagascar matin, Naina Andriantsitohaina, lui-même propriétaire du quotidien Les Nouvelles, a assuré l’assistance technique et l’impression du nouveau journal.

Ne jamais désespérer l’opposition 

Mamy sait prêter attention aux doléances de ceux qui s’inquiètent de la dérive institutionnelle du régime Rajoelina. Le « Tycoon » malgache est discret en matière religieuse. Ainsi la présidente de l’Assemblée nationale Christine Razanamahasoa, active au sein de l’église luthérienne,  l’a contacté pour qu’il intercède auprès du président et que les élections soient déplacées. Le professeur de médecine, Alain Tehindrazanarivelo, ancien vice Premier ministre, frère d’un dignitaire protestant a des entretiens privés avec Mamy pour aller vers une solution négociée du partage du pouvoir. Le magicien Ravatomanga a su faire passer le message qu’il comprenait la position des 10 candidats opposés à Rajoelina. Mais il a permis ainsi à Rajoelina et Siteny, les deux candidats suréquipés pour la campagne de gagner du temps et d’effacer toute la crédibilité des autres personnalités engagées dans la résistance aux élections, plus qu’au régime. 

Les lobbyistes de Rajoelina qui veut séduire les décideurs français ont présenté Siteny comme le candidat de Poutine et à présent comme racheté par Mamy Ravatomanga.  Il n’en est rien mais si Rajoelina a tout intérêt à ce que Siteny participe pleinement à ces élections contestées, Mamy veut bien rassurer les sponsors de ce dernier. Quand la poussière de la présidentielle, la situation de Rajoelina sera plus fragile qu’aujourd’hui. La donne financière est catastrophique, la Banque centrale n’a plus de devises tandis que les puissances financières privées dont la SODIAT détiennent 3 milliards USD d’avoirs extérieurs. Dubaï abrite une partie de cet argent et les vrais sponsors de Siteny que j’évoquais dans son portrait paru dans le Mondafrique. On parle de l’ homme d’affaires Abdoul Rassoul, mais aussi du patron du groupe malgache d’AXUS, Ny Rado Rafalimanana. Tous deux sont en bonne relation avec les richissimes princes de Dubaï. L’Émirat s’intéresse aussi à des placements à Madagascar dans les domaines touristiques et miniers. Tout le monde souhaite que l’ordre revienne et ceux qui ont été exilés à Dubaï devraient pouvoir en profiter. Le passeur entre ces mondes rivaux et pourtant associés dans un système oligarchique reste Maminiaina Ravatomanga, dit « Mamy ». 

Aux 10 candidats qui ont tout fait pour saboter le processus électoral, il saura certainement promettre des lots de consolation.

(1) Selon la convention minière dont RFI a consulté une copie, l’entreprise Midas Ressources est représentée par le Malgache Final Leandric Rabenatoandro.
Il s’agit d’une mine d’or exploitée en Centrafrique par le groupe Wagner

 

Partager cette article
Articles connexes
Back To Top