C’est quoi ce nouveau jouet imprononçable de Rajoelina ?
Le lecteur se sera souvenu de ce grand raout au centre de conférence internationale Ivato, au cours duquel Rajoelina s’était émerveillé comme un enfant sur le film d’animation « Madagascar ». Il s’était alors mis en tête d’importer des zèbres, des girafes et des éléphants. Personne n’avait osé relever à l’époque l’inconsistance d’une telle proposition, tellement elle était incongrue. Déjà, nous n’arrivons pas à nourrir convenablement les quelques animaux endémiques du parc zoologique de Tsimbazaza !
Son nouveau « dada » ? Le PFUMVUDZA, un mot shona qui signifierait Nouvelle saison (Les Shonas sont un peuple d’Afrique australe, surtout présente au Zimbabwe). En fouinant sur internet, on apprend que tout avait commencé en 1982 au Zimbabwe, lorsque la ferme de Brian Oldreive était au bord de la faillite. Ce dernier avait prié Dieu qui lui avait alors indiqué la voie, « L’agriculture de conservation », un système cultural favorisant une perturbation minimale du sol et le maintien d’une couverture permanente du sol ainsi que la diversification des espèces végétales.
Sur le site de PPC Madagascar (Programme Pfumvudza & Crown), on peut lire :
Derrière ce PPC se cacherait-il une nouvelle secte ? En tout cas, la publicité ci-dessus parle « d’une formation en gestion financière le tout basé sur les PRINCIPES BIBLIQUES« .
Rajoelina a donné à cette ONG une grande visibilité en visitant dimanche dernier (le jour du Seigneur !), au site pilote d’Ambatolampy Tsimahafotsy. Rajoelina a annoncé que la vulgarisation de la technique PFUMVUDZA à travers Madagascar sera « UN PROJET PRESIDENTIEL », avec pour objectif la formation d‘un million de familles : https://www.presidence.gov.mg/actualites/2111-visite-du-site-pilote-dedie-a-la-technique-pfumvudza-a-ambatolampy-tsimahafotsy.html .
Le ministre de l’environnement est au 1er plan et a probablement poussé Rajoelina a promouvoir cette technique initiée par le ministre de l’agriculture du précédent gouvernement.
La technique de semis direct sous couvert végétal n’est pas nouvelle. Elle étaitt apparue aux Etats-Unis dès les années 1950, afin de lutter contre les phénomènes d’érosion. Elle est largement utilisée aujourd’hui pour le maïs et le soja non seulement aux Etats-Unis, mais également au Brésil, en Argentine, au Canada et en Australie.
Avec toutes ces techniques nouvelles, les paysans ne savent plus où donner de la tête : SRI (Système de Riziculture Intensive mis au point à Madagascar par le Jésuite De Laulanié), les « Ketsa Tanora », les semences chinoises de riz hybride, les semences Fy Vary 32 et 85, le projet japonais PAPRIZ (Projet d’Amélioration de la Productivité Rizicole). Et maintenant ce Pfumvudza !
Pendant ce temps, le député Rossy fait son petit bonhomme de chemin et s’est mué sans tambours ni trompettes en « Gentlemen Farmers » avec ses amis du côté d’Ankazobe, à une soixantanine de kilomètres de Tana : polycultures, élevage, pisciculture, etc… avec des techniciens malagasy. La visite de son site facebook est très enrichissante et rafraîchissante. Mais cela semble peu intéresser Rajoelina et le gouvernement : https://www.facebook.com/madagascar.rossy .
Rossy ferait œuvre utile d’organiser chaque weekend des tours (pour les Malagasy et les touristes) pour visiter ses réalisations au bord de l’Ikopa, avec une vente de ses productions et à des dégustrations de quelques spécialités malagasy locales.
Lors de sa viste à Ambatolampy Tsimahafotsy, Rajoelina a tenu à préciser que l’Etat mène déjà en amont des opérations domaniales massives afin de sécuriser les terrains des agriculteurs. Les problèmes fonciers rencontrés par les paysans feront l’objet d’un prochain article.