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Le Journal de l'île Rouge
Politique

Les chroniques de RAGIDRO : une Grande Leçon de Non Diplomatie

La gazette de la grande île
19/04/20245 minute read

Quant à réfléchir sur le torpillage de la candidature de Hery Rajaonarimampinaina à la présidence de la Commission de l’Union Africaine, on pourrait presque comprendre Cedric Andry Rajoelina 1er d’avoir jeté une peau de banane sur le chemin de l’ancien président vers les hautes fonctions africaines …

Il est clair que laisser s’affirmer un réputé adversaire en leadership politique au sein d’un poste crucial quant à la direction de l’organisation africaine, orientant les stratégies et les initiatives du continent en termes de paix ou de développement économique, c’était risquer de se tirer une balle dans le pied pour les prochaines échéances présidentielles …

Mais en même temps ces prochaines échéances étaient réputées être inaccessibles à Rajoelina en raison de l’impossibilité d’un troisième mandat … Alors où était le problème… ?  Ah oui, mais bien sûr … Il n’est évidemment  pas impossible que Cédric envisage un troisième mandat… ☹

Il reste que rien n’aurait dû empêcher Cedric de négocier avec Rajaonarimampianina  : « Je te soutiens, mais tu arrêtes de m’embêter ». Pour cela il aurait fallu qu’il accepte de l’entendre au lieu de laisser énoncer facilement dans  le mal nommé « La Verité » un : « il se serait donc juste contenté de faire un lobbying voire de faire pression par voie de presse à l’étranger pour obtenir le soutien des plus hautes instances malgaches. La question est de savoir pourquoi une telle attitude« … Analyse approximative et HATive en forme de « ce n’est pas ma faute, c’est de la faute de Rajaonariamampianina » qui sonne un peu comme un aveu d’errement.

Il est vrai que, à titre de Président de la Commission, le travail de coordination dans la mise en œuvre des décisions de l’Union au sein des Etats membres, impliquait de travailler sur l’harmonisation des politiques régionales ou nationales pour répondre aux défis globaux.  C’était là donner à Rajao l’occasion de gagner immensément en stature et en compétence en se confrontant concrètement à toutes les réalités locales africaines.

De fait, soutenir Hery en représentant de l’UA sur la scène internationale, pour défendre les intérêts de l’Afrique c’était lui offrir l’occasion d’affronter les grands de ce monde sur un pied d’égalité. Était-ce une couleuvre trop difficile à avaler pour un ego hypertrophié ?

Certains ont certainement pesté bien plus quant à cette occasion rêvée manquée. Il s’agit de tous les vrais diplomates gasy (il y en a) ou avertis de la chose diplomatique qui connaissent les rouages de ce genre d’institutions.

Ils savent parfaitement que, par le jeu des nominations qui relèvent du Président de la Commission à des postes clés de Directions techniques ou de représentations régionales, nombre de spécialistes gasy politiques, diplomates, techniciens, économistes, spécialistes du développement avaient ici une occasion de briller dans l’institution internationale et de conforter leur expertise dans un contexte de promotion de l’intégration économique africaine, qui est l’un des objectifs clés de l’UA… et de réseauter à l’international … Raté… Il y aura eu des rêves de postes à l’étranger déçus.

On aurait pu imaginer gagner en influence régionale dans la formulation et l’orientation des politiques continentales en façonnant les agendas en faveur de nos intérêts régionaux ou même nationaux… Raté.

On aurait pu conforter (ce qui reste de) la confiance et la crédibilité internationale du pays en tant qu’acteur sur la scène internationale au lieu de se donner en spectacle sur ce qui sera, pour beaucoup de partenaires et autres membres de l’UA, un triste et lamentable sabotage interne d’un pays incapable de soutenir ses propres leaders. Confiance dans l’avenir ??? … Raté

Les manques à gagner font donc légion : influence diplomatique … accès aux réseaux internationaux … influence dans le rapatriement de ressources et d’investissements … consolidation des capacités de négociation … Développement de compétences … Transferts de connaissances … Raté … Raté .. Encore raté …

Certains esprits chagrins diront : « Mais de toute façon c’était laisser la porte aux mécanismes de collusions copinages et autres compromissions ». Peut-être… Mais on ne nous ôtera pas ce sentiment de gâchis.

Maintenant, au-delà de cette lecture fondée sur l’idée  d’une mesquinerie politique déplacée, il faut aussi garder en tête que, dans ces jeux de pouvoir, de géopolitique et d’alliances de personnes, on a vu d’un côté un Felix Tshisekedi de la RDC très proche de Hery Rajaonarimampinanina quand Andry  Rajoelina se rapprochait de Paul Kagame du Rwanda. On sait que Felix Tshisekedi et Paul Kagame sont loin de s’apprécier sur fond de violents conflits armés et territoriaux … De là à imaginer une connivence entre les dirigeants rwandais et malagasy, il n’y a qu’un pas  … Si cela s’avérait, cela n’excuserait en rien ce qui relève d’une balle tirée dans le pied des intérêts du pays.

Patrick Rakotomalala (Lalatiana PitchBoule) – 17 Avril 2024

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