Hassanein Hiridjee, représentant de la dernière génération des familles Karana, en est le plus influent et sans doute le plus riche de Madagascar, n’en déplaise à Ylias Akbaraly qui aime bien les média.
C’est ainsi que ce dernier a profité de la remise à son fils Alex du diplôme MBA de Harvard Business School, pour s’y exhiber avec le drapeau Malagasy.
HH, pour les intimes, s’entoure uniquement de managers français autour de lui, comme Benjamin Memmi, Donald Emerant, Alexandre Mey, Rémy Huber.
Le poste de président du conseil d’administration (PCA) de la BNI devant revenir à un ressortissant malagasy, il avait dû se résoudre à aller chercher Henri Rabarijohn avant que ce dernier ne soit nommé Gouverneur de la Banque Centrale.
Depuis fin décembre 2020, il a fait appel à Herintsalama Rajaonarivelo, un des bras droits de Mamy Ravatomanga alias PB, pour être le PCA de la BNI.
En 2013 pendant la transition, le gouverneur par intérim de la Banque Centrale Guy Ratovondrahona n’était pas favorable à la cession des parts du Crédit agricole dans la BNI au consortium IOFH (Indian Ocean Financial Holdings), estimant que son principal actionnaire n’était pas assez solide financièrement. Il décéda brutalement, et cette mort subite avait sidéré le monde économique et Patrick Rajaonary n’y était pas allé de main morte et l’avait même qualifiée de meurtre. Il disait alors parler en connaissance de cause, puisque ce gouverneur son ami de longue date lui aurait fait des confidences sur ce qui se tramait dans la cession de la BNI depuis quelques semaines.
Guy Ratovondrahona
HH avait réussi à placer en septembre 2019 comme directrice de cabinet de Rajoelina Vazaha Menasofina la directrice de communication du groupe AXIAN Lova Hasinirina Ranoromaro. Celle-ci reste jusqu’à présent dans le 1er cercle de Rajoelina Vazaha Menasofina, et Lova Hasinirina Ranoromaro est actuellement directrice des affaires internationale de la Présidence et porte-parole du président.
Sa prédécesseure, au poste de directrice de cabinet, Stéphanie Delmotte avait été « exfiltrée, pour avoir osé dire être de plus en plus mal à l‘aise avec l’omniprésence de Mamy Ravatomanga alias PB, et avait été nommée PCA de l’OMNIS. Elle n’en avait pas fini pour autant avec PB, car ce dernier avait réussi à placer son n°2 Eric Razanamparany comme administrateur de l’OMNIS.
Depuis, HH qui regrettait ne pas avoir réussi le concours de HEC et avait dû se rabattre sur l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris, a organisé son conglomérat autour du pôle Banque, du pôle Energie, du pôle Télécommunications et du pôle Immobilier.
HH s’est internationalisé en implantant ses activités de télécom à la Réunion, à Mayotte, aux Comores et en Afrique (aux côtés de Xavier Niel, un ancien du téléphone rose, qui avait sévi à Madagascar).
Il s’est également adjoint les services de l’ex-président Nicolas Sarkozy comme conseiller de son groupe, et profite du carnet d’adresse de ce dernier. Dont Andry Rajoelina Menasofina, qui l’a qualifié de « son ami » dans l’interview accordé récemment à Paris Match.
Les réseaux d’HH avaient fait l’objet d’un article de Jeune Afrique en février 2022 https://www.jeuneafrique.com/1313686/economie-entreprises/afrique-france-au-coeur-des-reseaux-de-hassanein-hiridjee-patron-daxian/
Sarko, Rajoelina, HH, Yerim Sow, Xavier Niel Alpha Condé, Sarko et Rajoelina
Délit d’initiés
L’appel d’offres AOI 001-COMM/HFO/2023/DG/PRMP/UGPM/COMB concernant les besoins en fuel lourd de la Jirama avait été lancé en avril 2023.
Madagascar Oil n’avait pas participé à ce dernier appel d’offres, faute de garantie de solvabilité de la Jirama. Or, un article d’Africa Intelligence du 27 mai nous apprend que HH, qui a décroché ce marché, a obtenu une garantie de paiement de la part du Trésor.
https://www.africaintelligence.fr/afrique-australe-et-iles/2024/05/27/andry-rajoelina-s-engage-a-regler-les-arrieres-de-la-jirama-dus-a-hassanein-hiridjee,110229834-eve .
Un protocole d’accord entre le ministère de l’économie et des finances, le ministère de l’énergie et des hydrocarbures, la Jirama et Jovena, a été signé le 25 avril 2024. Il couvre les livraisons pendant la période du 01/03/2024 au 31/12/2024.
Ce protocole couvre donc, même les impayés de la Jirama auprès de la Jovena avant le lancement de cet appel d’offres.
Il couvre également le paiement des livraisons futures de HFO jusqu’au 31/12/2024.
Si l’appel d’offres avait mentionné une telle garantie de paiement, nul doute que Madagascar Oil aurait fait une offre et aurait gagné compte tenu de ses coûts de production. Ce délit d’initiés consistant en une garantie de paiement devrait être examiné par le PAC, et aboutir à l’annulation de ce marché, des amendes et des peines d’emprisonnement.
Hélas, cela n’arrivera pas car les protagonistes sont aux manettes, ont les bras longs et sont intouchables.
La saga Madagascar Oil
En 2017, un appel d’offres de la Jirama avait été annulé car on avait essayé d’éliminer d’emblée Madagascar Oil en y mentionnant maladroitement du fuel importé.
Des essais sur l’utilisation du HFO de Tsimiroro sur les centrales d’Ambohimanambolo avaient bien été concluants, d’autant plus que le taux de souffre était beaucoup moindre que celui du HFO importé. Ce qui est un avantage non négligeable.
Madagascar Oil avait conclu par la suite un marché de fourniture de HFO avec Symbion Power, mais ce marché avait été aussi annulé, car la Jirama avait alors dit que c’est elle et non Symbion Power qui allait s’occuper du HFO.
Selon Scott Reid, DG de Madagascar oIL en juin 2022, la différence de prix avec le fuel importé était de l’ordre de 20% à 30%. Madagascar Oil disposait alors d’un stock de 23 000 m³ de HFO.
Sans oublier que l’Etat disposait également d’une partie du stock, en raison du contrat de partage de production.
Si Madagascar Oil fournissait, ne serait-ce qu’une partie des besoins de la Jirama, c’est autant que la Sodiat de Mamy Ravatomanga alias PB n’aurait pas à transporter de Tamatave à Antananarivo. Un manque à gagner inacceptable ! Ce qui explique cela !
C’est d’ailleurs probablement pour cette raison qu’il a été décidé, contrairement à toute logique, que les 7 centrales de 15 MW chacune allaient être installées à Tana et non à Toamasina (en connectant Toamasina au RIA, réseau interconnecté d’Antananarivo). Non seulement la Jirama aurait économisé le transport de Toamasina à Antananarivo du HFO nécessaire, mais cela aurait présenté un autre avantage quant à l’allègement du trafic sur la RN2, ainsi que des besoins d’entretien de cette route nationale.
Site de Tsimiroro
Concurrence déloyale
La lecture du protocole d’accord nous apprend également qu’il couvre non seulement les livraisons de HFO, mais aussi tous les arriérés du groupe Axian arrêtés au 31 janvier 2024, à savoir les productions des centrales hybrides de la SAVA et du Menabe, ainsi que celles de la centrale solaire d’Ambatolampy.
Les autres centrales comme celle de Farahantsana, de Filatex, Fraise et autres, vont certainement, à juste titre, négocier afin de bénéficier du même traitement.
Rajoelina Vazaha Menasofina avait parlé de 1 036 milliards ariary de subvention à la Jirama, prévus dans la prochaine loi des finances rectificative.
Il y en aura pour tout le monde !