Lors de la séance plénière de clôture des Assemblées annuelles 2024 du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque mondiale à Washington, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a mis en évidence l’urgence de la situation pour les économies fragiles. Bien que les pays riches puissent espérer un « atterrissage en douceur » (réduire l’inflation sans récession), les économies les plus vulnérables du monde demeurent gravement menacées par des risques géopolitiques, climatiques et budgétaires.
« Le monde est désormais confronté à une trajectoire de faible croissance et de forte dette », a déclaré Mme Georgieva. Les gouvernements des pays en développement font face à un « trilemme » : ils doivent accroître leurs dépenses publiques — parfois jusqu’à 14 % — sans pouvoir augmenter leurs recettes fiscales, leurs réserves budgétaires ayant été considérablement épuisées par la pandémie de COVID-19. Selon le FMI, un scénario grave, mais plausible, verrait la dette publique mondiale dépasser le seuil de référence d’environ 20 %.
Cette situation est aggravée par une opposition politique croissante au libre-échange, que Georgieva décrit comme un « recul de l’intégration économique mondiale », provoqué tant par des préoccupations de sécurité nationale que par la frustration des laissés-pour-compte. La réduction des échanges commerciaux ralentira la croissance, forçant les pays à emprunter davantage pour compenser.
Ces pressions risquent d’affecter encore plus lourdement l’Afrique subsaharienne, région déjà accablée par un endettement élevé et des niveaux de croissance insuffisants. Monsieur Abebe Selassie, directeur du FMI pour l’Afrique, a déclaré lors d’un autre événement que la région pourrait enregistrer une croissance de 4,2 % en 2025, loin des taux de 6 à 7 % requis pour réduire la pauvreté et relever les défis de développement.
Que faire dans ces circonstances ? Monsieur Ajay Banga, Président de la Banque mondiale, a proposé une approche simplifiée : « Un développement retardé est un développement refusé. » Il a insisté sur la nécessité de réduire les délais d’approbation des projets, passés en moyenne de 19 à 12 mois, une amélioration déjà visible. Cependant, Banga rappelle que chaque mois compte : plus les programmes de la Banque sont efficaces, plus les économies fragiles en bénéficieront rapidement.
Du côté du FMI, Mme Georgieva a présenté trois mesures prioritaires : reconstituer les réserves budgétaires des économies vulnérables, investir dans une croissance qui puisse alléger le fardeau de la dette et adopter une approche coopérative au-delà des frontières.