Vendredi matin, Andry Rajoelina s’est envolé pour Harare, au Zimbabwe, afin de participer à l’Assemblée extraordinaire de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC). Un sommet crucial où les chefs d’État de la région vont plancher sur la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo, en proie à de violents conflits. Une noble cause en apparence, mais l’ironie de cette escapade n’échappe à personne.
Pendant que Rajoelina se pose en médiateur des tensions régionales, Madagascar, son propre pays, est au bord du chaos. Instabilité politique, grogne populaire, mauvaise gestion, corruption rampante et crise institutionnelle : le Radomelina a visiblement plus de facilité à s’asseoir à une table de négociations internationales qu’à résoudre les crises internes qui secouent la Grande Île. Ironie suprême, son déplacement intervient alors même que son fauteuil présidentiel vacille.
Radomelina, qui fait face à une contestation grandissante et dont la légitimité est mise à mal par des accusations de fraude électorale, fuis la tempête nationale en allant disserter sur celle des autres. Une tentative désespérée de maintenir son image de leader africain, alors qu’il peine à tenir les rênes d’un pays au bord de l’explosion sociale.
Pendant ce temps, à Madagascar, la colère monte. Les rues grondent. La population, lassée des promesses non tenues et des manœuvres politiciennes, réclame du changement. L’ironie du sort veut que pendant qu’il joue les grands diplomates ailleurs, il pourrait bien se retrouver sans poste à son retour.
Peut-être que ce voyage est un aller simple. Et si c’était le cas ?