Trop de morts, trop de souffrances, trop de désillusions. Une fois encore, vous déclenchez une opération d’urgence, une mobilisation soudaine et bruyante, à coups de communiqués et de déploiements visibles. Mais une fois encore, c’est trop tard. Vous intervenez quand le mal est déjà fait, quand les victimes ne peuvent plus être sauvées, quand l’insécurité a atteint des niveaux incontrôlables. Vous êtes des médecins après la mort, et c’est insupportable.
L’insécurité à Madagascar est une plaie qui ne cesse de s’aggraver. Plutôt que d’agir en amont, de prévenir, de renforcer les contrôles de manière régulière et équitable, vous attendez que les tragédies se multiplient avant de réagir. Vous mobilisez des unités, vous organisez des descentes spectaculaires, mais combien de temps cela va-t-il durer ? Une semaine ? Un mois ? Puis tout redeviendra comme avant, avec la peur qui s’installe à nouveau dans le quotidien des citoyens.
Les routes ne sont pas sûres, et nous savons pourquoi. Vous laissez tout passer en échange de quelques billets. Qui s’enrichit de cette anarchie ? Sûrement pas les victimes de vols, d’agressions et d’assassinats. Seuls les riches et les trafiquants qui entretiennent de bonnes relations avec vous sont protégés. Le citoyen ordinaire, lui, doit vivre avec la peur. Il sait que sa sécurité ne dépend pas de vos compétences, mais de sa capacité à acheter votre indulgence.
Et que dire de ces opérations d’urgence que vous mettez en place ? Fouilles nocturnes, contrôles inopinés de véhicules… En réalité, ces actions ne sont qu’une excuse pour soutirer de l’argent à la population. Chaque mission devient une opportunité de corruption pour ceux qui sont censés protéger. La population n’a plus confiance en vous, car elle sait que, sans à-valoir, aucune protection réelle ne lui sera accordée.
Où étiez-vous lorsque ces familles avaient besoin de vous ? Pourquoi attendre qu’il y ait des morts pour déployer des forces ? La sécurité ne doit pas être un spectacle occasionnel mais un engagement quotidien. Il est temps d’assumer vos responsabilités, de prouver à la population que vous êtes là pour la protéger, pas pour la rançonner.
Le peuple malgache en a assez de votre indifférence et de votre corruption. Si vous ne changez pas, vous resterez ce que vous êtes aujourd’hui : des médecins après la mort.