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Le Journal de l'île Rouge
Politique

Un Préfet à Contre-Courant de la Lutte pour les Droits des Femmes

La gazette de la grande île
11/03/20255 minute read

La réponse du préfet à la demande de la plus grande organisation syndicale de Madagascar concernant l’organisation d’un carnaval avec sonorisation mobile pour célébrer la Journée Internationale des Droits de la Femme le 8 mars 2025 soulève de nombreuses interrogations. Cette réponse reflète non seulement un manque de compréhension des principes fondamentaux relatifs à l’égalité des genres, mais aussi une mauvaise interprétation de l’objectif de cette journée.

Cette réponse reflète non seulement un manque de compréhension des principes fondamentaux relatifs à l'égalité des genres, mais aussi une mauvaise interprétation de l'objectif de cette journée.
Cette réponse reflète non seulement un manque de compréhension des principes fondamentaux relatifs à l’égalité des genres, mais aussi une mauvaise interprétation de l’objectif de cette journée.

Une vision restreinte de la Journée Internationale des Droits de la Femme

Tout d’abord, il est important de rappeler le but de la Journée Internationale des Droits de la Femme : il s’agit de célébrer les réalisations des femmes tout en mettant en lumière les inégalités persistantes auxquelles elles font face, qu’elles soient sociales, politiques ou économiques. La journée est donc un moment de solidarité et de sensibilisation à l’égard des défis quotidiens des femmes à travers le monde. Cependant, la réponse du préfet interprête cette journée comme un événement exclusivement féminin, réservé uniquement aux femmes pour leur permettre de faire la fête.

Or, l’idée d’une célébration de la Journée Internationale des Droits de la Femme ne devrait en aucun cas exclure les hommes, car la question des droits des femmes et de l’égalité des genres concerne toute la société. Limiter la participation à un événement aussi symbolique est non seulement réducteur mais aussi contre-productif. Il faut comprendre qu’un tel événement n’est pas destiné à « seulement » mettre en avant les femmes, mais bien à impliquer l’ensemble de la société dans la lutte pour leurs droits. Si le préfet faisait preuve de plus d’ouverture, il comprendrait que des hommes, tout comme des femmes, peuvent et doivent participer activement à ces débats pour que les changements deviennent réels.

L’incompréhension des enjeux de la journée

Ensuite, l’argument du préfet selon lequel l’organisation de l’événement par des hommes serait « hors de propos » parce que « vous n’êtes pas habilité à vous y prévaloir » est non seulement condescendant, mais aussi infondé. En effet, la demande de l’organisation syndicale n’est pas uniquement formulée par des hommes, mais inclut également des femmes qui font partie de ses membres. L’organisation représente donc une diversité de voix, y compris celles de femmes, ce qui devrait être pris en compte.

De plus, en excluant les hommes de l’organisation de cet événement, le préfet ignore une réalité fondamentale : l’égalité des genres ne doit pas être considérée comme une cause uniquement féminine, mais comme un enjeu collectif. Les hommes ont un rôle à jouer dans l’éradication des inégalités et des discriminations, tout comme les femmes. Lutter pour les droits des femmes, c’est lutter pour une société plus juste et plus équitable pour tous. Limiter l’implication des hommes dans ce processus ne fait qu’entretenir un clivage inutile.

La question de l’itinéraire et des zones interdites

L’autre argument avancé par le préfet concerne les itinéraires définis pour la réalisation du carnaval. Il évoque des zones sensibles, telles que Soarano, Petite Vitesse et Antanimena, où des rassemblements sont interdits au nom de la sécurité publique. Si la sécurité est un enjeu légitime, il est tout de même étonnant que cette question soit utilisée comme un prétexte pour interdire un événement à caractère pacifique et symbolique, en particulier lorsque des mesures de sécurité appropriées peuvent être mises en place.

Cela révèle une forme de bureaucratie excessive qui prête plus d’attention à des considérations logistiques et sécuritaires qu’à l’importance symbolique d’une telle célébration. Bien que la sécurité publique soit une priorité, il est essentiel de comprendre que des événements tels que ceux-ci sont également des occasions de renforcer la cohésion sociale et de sensibiliser la population aux problématiques cruciales liées aux droits des femmes.

La nécessaire révision de la réponse du préfet

La réponse du préfet est non seulement déconnectée de l’esprit de la Journée Internationale des Droits de la Femme, mais aussi profondément ancrée dans une vision rétrograde de la participation à la lutte pour l’égalité des genres. Cette journée ne devrait pas être perçue comme une exclusivité féminine, mais plutôt comme une occasion pour toute la société de se rassembler autour de la cause des droits des femmes.

Il est impératif que le préfet reconsidère sa position et accepte la participation des hommes à cette célébration, notamment en reconnaissant que l’organisation syndicale en question inclut des membres féminins et qu’il s’agit d’un événement d’envergure collective. Un tel événement, loin de perturber l’ordre public, pourrait renforcer la prise de conscience générale sur les défis persistants en matière de droits des femmes et offrir une occasion précieuse de discuter des solutions collectives à apporter.

Enfin, il est important de rappeler que la lutte pour l’égalité des droits est l’affaire de tous, et qu’une telle célébration est une occasion de rappeler à tous les citoyens, indépendamment de leur sexe, leur responsabilité partagée dans la construction d’une société plus équitable.

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