Depuis 2009, Andry Rajoelina règne sur Madagascar, entre coup d’État et mascarades électorales. En 15 ans, il aura eu tout le temps de démontrer ce qu’il vaut. Résultat : routes défoncées, insécurité galopante, délestages constants, pauvreté chronique… Le régime Rajoelina n’a pas élevé le pays, il l’a asphyxié. Et pire encore, il a vidé les institutions de leur sens.
Prenons l’Assemblée Nationale, censée être le cœur du lien entre le peuple et l’exécutif. Pendant des années, les députés ont rapporté les besoins de leurs circonscriptions : routes impraticables, centres de santé abandonnés, écoles délabrées, zones enclavées sans électricité. Leur rôle était clair : porter la voix du peuple. Mais qu’en a fait Rajoelina ? Rien. Le mépris a été constant, les doléances ignorées, les priorités locales reléguées derrière les caprices présidentiels et les inaugurations de gadgets.
Et pourtant, il suffit d’une visite présidentielle pour que tout change soudainement.
À Anosibe An’Ala en 2022, à Majunga récemment, et tout dernièrement à Tuléar, le même scénario absurde se répète. Rajoelina débarque avec caméras et fanfares, constate (enfin) les problèmes… puis promet des miracles : réparation des routes, résolution de la crise énergétique, création d’usines, etc. ( Soyons lucides, ça reste des promesses vides). Mais ce ne sont pas des « miracles » : ce sont les mêmes problèmes que les députés ont dénoncés pendant des années ! La seule différence, c’est que cette fois, ils sont filmés par l’équipe de com présidentielle.
Cela veut dire une chose claire et choquante : le régime Rajoelina fonctionne à la mise en scène, pas à l’écoute institutionnelle.
Alors pourquoi maintenir une Assemblée Nationale qui ne sert à rien ? Pourquoi continuer à engloutir des milliards d’ariary chaque année dans une institution que le pouvoir exécutif méprise et contourne allègrement ? Si la réalité de la République malgache, c’est que tout dépend du bon vouloir du Président et que rien ne change sans ses visites théâtrales, alors soyons cohérents : supprimons l’Assemblée.
Le budget de cette institution pourrait servir à réparer les routes, renforcer la sécurité, améliorer les services de santé ou même à fournir de l’électricité à des zones oubliées. Des actes concrets, pas des promesses électorales recyclées.
Mais soyons clairs : le vrai problème n’est pas l’Assemblée, c’est le régime Rajoelina lui-même. Un régime qui ignore les mécanismes démocratiques, méprise les représentants du peuple, et gouverne par spectacle. La dissolution de l’Assemblée ne serait que le symptôme d’un mal plus profond : la confiscation du pouvoir par un seul homme, obsédé par son image et incapable d’écouter.
La vraie urgence, ce n’est pas seulement de dissoudre l’Assemblée. C’est de dissoudre le système Rajoelina.