En 2009, Andry Rajoelina faisait tomber Marc Ravalomanana en l’accusant d’avoir « vendu les terres malgaches aux étrangers » dans le cadre de l’accord Daewoo. Aujourd’hui, devenu président, il signe à son tour un partenariat étranger pour l’exploitation de terres agricoles malgaches — en silence, sans consultation populaire, et dans l’indifférence générale.
Le 25 mai 2025, la secrétaire d’État en charge de la Souveraineté alimentaire, Tahian’Ny Avo Razanamahefa, en mission officielle à Tel-Aviv, a signé une convention de partenariat avec le groupe israélien LR Group Ltd. Objectif : créer des agropoles de 10 000 hectares dans quatre grandes régions agricoles de Madagascar.
C’est exactement ce que Rajoelina dénonçait en 2008 : l’accaparement des terres agricoles au profit d’intérêts étrangers, sous couvert de développement. Sauf qu’à l’époque, il en avait fait un argument politique majeur, une bombe émotionnelle utilisée pour déclencher une mutinerie et un coup d’État sanglant.
Aujourd’hui, plus de coup d’État. Plus d’indignation. Plus de discours sur la souveraineté. Le même homme applique la même recette, avec des mots plus doux et des médias sous contrôle.
Ce retournement est une trahison politique flagrante. Les Malgaches ont été instrumentalisés en 2009 par un leader populiste qui se présente aujourd’hui en artisan du progrès, en marchant exactement dans les pas de celui qu’il a renversé.
Ce projet d’agropoles, aussi moderne qu’il puisse paraître, pose les mêmes questions non résolues :
- Qui contrôle la terre ?
- Quels bénéfices pour les communautés locales ?
- Quelle transparence sur les contrats ?
- Et surtout : pourquoi un tel silence sur un projet de cette ampleur ?
La souveraineté ne se défend pas uniquement quand on est dans l’opposition. Elle se défend chaque jour, avec cohérence et respect du peuple. Le peuple malgache n’a pas oublié Daewoo. Il ne devrait pas tolérer LR Group.