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Le Journal de l'île Rouge
Economie

« Madagasikara tsy maintsy mandroso »… un pays de plus en plus appauvri

La gazette de la grande île
02/06/20253 minute read

Paradoxe cruel : alors que le régime actuel martèle sa devise « Madagasikara tsy maintsy mandroso » (Madagascar est obligé de se développer), les signaux économiques virent au rouge vif. Dans son rapport 2025 sur les Perspectives économiques de l’Afrique, la Banque africaine de développement (BAD) dresse un constat implacable : la pauvreté s’aggrave, les perspectives s’effondrent, l’espoir s’érode.

Alors que le pays tente de se relever d’années de stagnation économique, la BAD alerte sur une conjonction de chocs à même d’aggraver lourdement la situation : tensions géopolitiques, chocs climatiques, ralentissement de la croissance mondiale, et surtout, chute brutale de l’aide internationale.

Un coup dur venu des États-Unis

La suspension de l’aide américaine à Madagascar – qui passerait de 226,7 millions de dollars en 2024 à un maigre 9,2 millions en 2025 – représente une perte abyssale pour le pays. Une hémorragie budgétaire qui frappe de plein fouet les secteurs sociaux déjà fragiles : santé, éducation, infrastructures de base.

À cela s’ajoute l’instauration d’un droit de douane de 47 % sur les exportations malgaches vers les États-Unis. Ce tarif dissuasif risque de plomber davantage les exportations, d’accentuer le déficit extérieur, de provoquer une nouvelle dépréciation de l’Ariary, et donc une flambée des prix. L’emploi, quant à lui, paiera aussi le prix fort.

Croissance faible, dette en hausse, pauvreté en spirale

Si la BAD prévoit une croissance modeste du PIB réel (3,8 % en 2025 et 4 % en 2026), elle est loin de suffire à inverser la courbe de la pauvreté. Pire, le déficit budgétaire devrait continuer à s’alourdir (3,9 % du PIB en 2025, puis 4 % en 2026), tandis que la dette publique atteindrait 52,9 % du PIB, avant de grimper à 53,5 %.

Quant au déficit de la balance courante, il se creuserait dangereusement : 6,1 % du PIB en 2025 et 6,4 % en 2026. Une spirale négative qui place le pays dans une zone à haut risque.

« Mandroso »… vers où ?

Le contraste est flagrant entre la devise présidentielle — « Madagasikara tsy maintsy mandroso » — et la réalité du terrain. Aucun projet structurant, aucune réforme d’envergure, aucune vision claire ne traduit cette ambition affichée. L’agriculture peine à se moderniser, les industries sont en déclin, et les jeunes n’ont pour perspective que la débrouille ou l’exil.

La BAD appelle pourtant à une réponse forte : accélération des réformes, diversification des partenariats économiques, et mobilisation de ressources internes. Mais le pays reste enlisé dans l’inaction politique, le clientélisme et les annonces sans lendemain.

Un peuple résilient… mais à bout

Le peuple malgache, habitué à faire preuve d’une résilience extraordinaire, semble de plus en plus à bout. L’espoir d’un avenir meilleur se délite à mesure que le fossé entre le discours officiel et la vie quotidienne se creuse.

Madagascar n’a jamais été aussi loin du développement qu’on lui promet. La Grande Île, riche de ses ressources et de son potentiel humain, mérite mieux qu’une devise sans direction et un futur hypothéqué.

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