Le 29 mai 2025 marque une nouvelle gifle pour les ménages malgaches : Vitogaz, principal fournisseur de gaz domestique à Madagascar, a officiellement relevé ses tarifs. Une hausse qui fait suite à une décision du gouvernement de doubler la TVA sur le gaz butane, passant de 5 à 10 %, dans le cadre de la loi de finances 2025. Un choix incohérent, voire absurde, quand on sait que le pays perd chaque année plus de 100 000 hectares de forêts à cause de la production de charbon de bois.
Ce revirement fiscal met fin à l’accord de 2021, censé encourager l’usage du gaz domestique pour lutter contre la déforestation massive. Aujourd’hui, plus de 95 % des foyers malgaches utilisent encore le charbon de bois comme principale source d’énergie. Face à cette réalité, toutes les déclarations gouvernementales sur la protection de l’environnement sonnent comme des coquilles vides.
Des annonces creuses, des actions sans suite
À Madagascar, les opérations de reboisement médiatisées, souvent lancées à grand renfort de caméras et de discours pompeux, ne sont qu’un vernis écologique. Une fois les projecteurs éteints, aucun suivi : pas d’arrosage, pas de protection, et surtout, aucune stratégie de transition énergétique concrète.
Pendant ce temps, des milliards d’ariary sont engloutis dans des projets futiles : réunions interminables, déplacements inutiles, spectacles folkloriques et campagnes de communication sans effet. L’essentiel, lui, est négligé : rendre le gaz accessible à tous.
Une solution évidente : subventionner le gaz
Au lieu de gaspiller l’argent public dans des initiatives stériles, pourquoi ne pas investir intelligemment dans une transition énergétique réelle ? Le gouvernement pourrait :
- Réduire, voire supprimer la TVA sur le gaz
- Subventionner l’achat de bouteilles de gaz et de foyers adaptés pour les ménages modestes
- Lancer de vraies campagnes de sensibilisation sur les dangers du charbon de bois et les bénéfices du gaz domestique
- Créer un programme de microcrédit vert pour aider les familles à s’équiper
- Appuyer la création de points de vente ruraux de gaz à des prix plafonnés, pour casser les monopoles et réduire les frais de transport.
L’urgence est réelle
Chaque arbre abattu pour faire du charbon, c’est un pas de plus vers l’érosion, la perte de biodiversité et l’aggravation du changement climatique. Le cri d’alarme est clair : si rien n’est fait maintenant, Madagascar continuera de brûler ses forêts pour cuisiner un repas quotidien.
Le pays a besoin de dirigeants visionnaires, pas de faiseurs d’annonces. L’environnement doit devenir la priorité absolue, non un alibi pour capter des fonds ou se donner bonne conscience. L’heure n’est plus aux discours, mais à l’action. Subventionner le gaz, ce n’est pas un luxe. C’est une nécessité nationale.
