Presque un mois s’est écoulé depuis que l’ornithologue malgache Dr Lily-Arison René de Roland a remporté l’Indianapolis Prize 2025, l’une des plus prestigieuses distinctions mondiales en matière de conservation de la faune, souvent comparée au Prix Nobel de la nature. Pourtant, aucune réaction officielle du président Andry Rajoelina. Aucun mot, aucune déclaration. Le silence est assourdissant, et surtout révélateur.
Alors que la planète entière salue un héros intellectuel malgache, un scientifique dont les découvertes et les actions concrètes sauvent des espèces de l’extinction, le chef de l’État malgache choisit de détourner le regard. Ce n’est pas une simple omission : c’est un mépris affiché pour l’intelligence, pour le mérite, pour la science, pour tout ce que René de Roland incarne. Et ce silence n’est pas anodin. Il illustre la décadence morale et intellectuelle d’un régime qui glorifie le spectacle, l’ignorance et la médiocrité.
Quand le monde célèbre un génie, Madagascar se tait
Ce prix, doté de 250 000 dollars, est une consécration internationale rarement obtenue par un Africain, et jamais auparavant par un Malgache. Le Dr René de Roland n’est pas seulement un scientifique accompli. Il est un symbole vivant de ce que Madagascar peut produire de plus noble : un esprit brillant, engagé, profondément enraciné dans la terre malgache et déterminé à la préserver. Il a redécouvert des espèces qu’on croyait disparues, fondé quatre aires protégées couvrant des milliers de km², formé plus de 100 jeunes chercheurs malgaches, et tout cela sans jamais quitter le terrain, sans jamais chercher les projecteurs.
Mais pour un régime obsédé par l’image, le paraître et le vacarme politique, cet homme silencieux, humble et brillant est invisible. Le pays préfère les festivals coûteux, les podiums absurdes, les promesses creuses. On félicite les chanteurs à voix autotunée, mais pas les scientifiques à la voix claire.
Un pouvoir allergique à l’intellect
Andry Rajoelina n’a jamais fait mystère de sa méfiance envers l’intelligence, préférant s’entourer de courtisans serviles et d’incompétents notoires : Raholdina, dont les fautes de raisonnement frisent l’absurde ; Lanto Rakotomanga, qui n’a jamais brillé que par son obéissance aveugle ; Lalatiana Andriatongarivo, plus occupée à manipuler la communication publique qu’à défendre la vérité ; ou encore Hery Rasoamaromaka et Andry Ratsivahiny, dont les faits d’armes n’ont jamais dépassé les cercles de flatterie et d’opportunisme politique.
Ce n’est pas une coïncidence. Rajoelina ne supporte pas les gens qui réfléchissent, encore moins ceux qui réussissent sans lui devoir leur ascension. Toute personne éduquée devient une menace potentielle dans un système fondé sur la peur, l’ignorance et le culte de la personnalité. Le cas René de Roland est un miroir tendu à ce régime : un homme sans frime, mais avec des faits. Et ça, Rajoelina ne peut ni comprendre, ni accepter.
Un pays qui tourne le dos à ses héros
Le plus tragique dans cette histoire, ce n’est pas seulement le silence du président. C’est le message envoyé à toute une génération. Que faut-il faire pour être reconnu dans son propre pays ? Sauver des espèces menacées ? Former les jeunes ? Protéger les forêts ? Ou bien juste lècher le cul d’un Président qui est de toute évidence aussi incompétent que ses suiveurs ?
Si Madagascar veut survivre, il faudra un jour tourner la page de cette gouvernance où la lumière dérange les aveugles du pouvoir. Car tant que les René de Roland seront ignorés et les incompétents glorifiés, le pays piétinera dans la médiocrité.
À l’heure où la planète célèbre un intellectuel d’exception, Madagascar, elle, reste dirigée par ceux qui ridiculisent le savoir. Et c’est sans doute là, le plus grand drame du pays.