Depuis les années 1990, comme notre économie est ouverte au monde entier, Madagascar a fait le choix du néolibéralisme sous pression internationale. Ce choix économique, imposé après la faillite du modèle socialiste des années 70, devait sauver l’économie nationale. Trente-cinq ans plus tard, le constat est amer : pauvreté massive, corruption endémique, perte de souveraineté, explosion des inégalités. Le peuple Malagasy mérite mieux.
Le néolibéralisme : un modèle qui a échoué à Madagascar
Le néolibéralisme repose sur des principes simples, mais brutaux : un moins d’État, mais un Etat efficace, des services publics privatisés, la libre circulation des capitaux, l’ouverture totale aux multinationales, la déréglementation du marché et une politique de rigueur budgétaire. Ce modèle, soutenu par le FMI et les puissances occidentales, promettait une croissance durable. Pourtant, à Madagascar, il a produit l’inverse. Chaque réforme a été lancée pour obtenir des aides internationales, mais la mise en œuvre est un échec. Les Malagasy sont devenus de plus en plus pauvres.
Chaque année, des milliards d’ariary sont injectés dans notre économie pour soutenir la mise en œuvre de ce modèle. Officiellement, c’est pour « éradiquer la pauvreté » ou « relancer le développement ». En réalité, ces aides profitent à une minorité dirigeante, de plus en plus riche, à travers des réseaux clientélistes. Elles alimentent une gouvernance corrompue, inefficace, qui n’a de comptes à rendre à personne. Récemment encore, des contrats avec des multinationales ont été signés sans aucune transparence. Le peuple, lui, reste plongé dans la misère : plus de 80 % de la population vit toujours sous le seuil de pauvreté, dans une insécurité généralisée, sans espoir.
Un pays bradé à la mondialisation
La mondialisation néolibérale a transformé Madagascar en terrain de chasse pour les multinationales. Ces dernières viennent exploiter nos ressources, bénéficier d’une main-d’œuvre bon marché, sans réel bénéfice pour la population. Le pays, au lieu de se développer, est devenu dépendant : dépendant des aides, des importations, des grandes puissances économiques. Résultat : perte de souveraineté économique, culturelle et politique.
Cette dépendance nous expose aussi à une instabilité permanente : sociale, politique, économique. Une instabilité que certaines voies commencent à contester en se tournant vers des thèses nationalistes, voire anti-mondialisation. Cela traduit un malaise profond : la mondialisation néolibérale a vécue comme une menace existentielle pour la majorité des Malagasy, pour la nation Malagasy. Il est temps de lancer un modèle économique national développementaliste.
Le travail digne, moteur du renouveau national
Au-delà des politiques économiques, la véritable clé du développement durable à Madagascar, c’est la dignité du travail. Aucun peuple ne peut sortir durablement de la pauvreté sans produire de la richesse par son propre travail.
Le Malgache ne demande pas la charité. Il ne cherche pas des aides à vie. Il veut travailler dans la dignité, recevoir un juste salaire, vivre du fruit de son labeur. Mais encore faut-il que ce travail existe, qu’il soit valorisé, qu’il ne soit pas exploité.
La priorité doit être la création massive d’emplois décents dans l’agriculture, l’artisanat, l’industrie locale, les services de proximité. Redonner au peuple malagasy les moyens de gagner sa vie honnêtement, voilà le vrai chemin vers l’autonomie.
Travailler avec dignité, c’est retrouver sa place dans la société. C’est construire, jour après jour, un avenir stable pour ses enfants. C’est refuser l’humiliation de la dépendance et relever la tête en créant la richesse.
Le seul chemin, c’est le changement ; un nouveau modèle économique national développementaliste.
Que faire ? Des pistes pour un sursaut Malagasy
- Repenser le rôle de l’État :
Madagascar a besoin d’un État fort, stratège et protecteur. Un Etat caractérisée par une gouvernance exemplaire, efficace et effective qui travaille vite, mieux et différèrent. L’État doit reprendre le contrôle sur les secteurs clés : santé, éducation, énergie, agriculture. Il faut arrêter de privatiser l’essentiel. - Utiliser efficacement les aides :
Exiger plus de transparence et de conditionnalité. Les fonds doivent financer des infrastructures, des emplois, des formations – Pas entretenir les clientélismes politiques. - Soutenir le travail local et productif :
Valoriser les productions nationales, encourager les circuits courts, créer des emplois décents dans les zones rurales et urbaines. Le travail doit être au cœur des politiques publiques. - Mettre en oeuvre une Fiscalité équitable :
Les grandes entreprises, notamment les multinationales, doivent payer leur juste part d’impôts pour financer les services publics et les projets de développement. - Investir dans la jeunesse :
Former, accompagner, financer les jeunes pour qu’ils deviennent les artisans du développement. Leur offrir des opportunités pour rester, travailler et réussir au pays. - Mobiliser la société civile :
Le changement ne viendra pas d’en haut. Il doit s’ancrer dans une prise de conscience collective. Chaque citoyen, chaque communauté, chaque région doit se sentir responsable de l’avenir du pays.
Conclusion : Reprendre notre destin en main
Madagascar est à la croisée des chemins. Continuer sur la voie du néolibéralisme, c’est creuser encore plus le gouffre des inégalités, perdre notre souveraineté et hypothéquer l’avenir de nos enfants. Choisir un nouveau cap, c’est retrouver notre dignité, reprendre en main notre destin, et construire une nation plus juste et prospère à travers un nouveau modèle économique national, développementaliste.
Cela passe par des institutions fortes, un État responsable, mais aussi par la reconnaissance de la valeur du travail des Malgaches. Travailler avec dignité, c’est refuser d’être victime. C’est devenir acteur. C’est croire en notre propre capacité à changer le cours de notre histoire.
Ce combat ne sera pas facile. Mais il est nécessaire : Pour Madagascar, Pour les Malagasy , Pour l’avenir. Vivement la vraie indépendance !