Après avoir sévi au sein d’Air Madagascar, Rinah la fossoyeuse nationale continue ses exploits et s’apprête à enterrer toutes les autres filiales, de la Sofitrans en passant par Madagascar Ground Handling, jusqu’à Madagascar Airlines.
Un extrait du compte-rendu d’une réunion tenue le 26 mai 2023 entre la direction générale de Madagascar Airlines, et les instances représentatives du Personnel (les délégués du personnel), circulait la semaine dernière sur les réseaux sociaux.
Douche froide pour les représentants du personnel ! La direction générale brossait un tableau plutôt bien sombre de la situation actuelle de Madagascar Airlines : 3 ATR sur 5 cloués au sol pour maintenance, 16 millions d’euros d’arriérés de frais de location dus aux loueurs d’avions, un cumul de dettes de 34 millions d’euros. Rien d’étonnant lorsqu’on apprend qu’à chaque vol Paris/Tana/Paris, Madagascar Airlines perdait 350 000 euros avec les avions loués en ACMI. Ce qui est étonnant, c’est de ne s’en apercevoir que maintenant seulement !
Sans doute, plus de sous permettant d’acheter les pièces de rechange pour la maintenance des ATR, d’où les 3 ATR cloués au sol dont Madagascar Airlines continue pourtant à payer les locations, augmentant chaque jour un peu plus ses dettes.
Plus d’Embraer dont la signature du contrat entre Madagascar Airlines, l’avionneur Embraer et la compagnie de location Azorra, s’étaient pourtant déroulés en grande pompe au palais d’Iavoloha le 7 décembre 2022, en présence de Gasy Tapany. En même temps que la présentation du nouveau DG Thierry de Bailleul, qui a qualifié Madagascar Airlines de « Phoénix de l’Océan Indien » renaissant de ses cendres. Avant de rejoindre ce poste de DG, il travaillait à temps plein comme DG et Directeur commercial des Vins Gérard Bertrand, selon sa page LinkedIn.
Rinah annonçait fièrement « qu’après la tempête, c’est le beau temps et après la renaissance la reconquête, marquer la rupture du passé et l’entrée dans le renouveau « .
Le 11 mars 2023, le nouveau ministre des transports Valéry Ramonjavelo confirmait encore l’arrivée du 1er Embraer avant la fin du mois de Juin. Tout s’annonçait rose, et même 714 000 dollars avaient enfin été débloqués, sur ordre de Gasy Tapany, pour le règlement des arriérés de salaire et des indemnités de licenciement du personnel d’Air Madagascar, malgré la réticence du DG de Madagascar Airlines (on comprend mieux maintenant le pourquoi.)
Mi-mai 2023, tout semblait toujours être dans le meilleur des mondes ! Le DG annonçait à Deauville aux membres du Syndicat des Entreprises du Tour Operating (SETO) que Madagascar Airlines allait se substituer à Air Madagascar et Tsaradia pour payer les 3,5 millions de dollars correspondant à des billets émis par ces compagnies et non utilisés https://lgdi-madagascar.com/2023/05/12/la-une/rinah-future-pca-de-la-jirama/ .
Le renouvellement de la flotte de Madagascar Airlines était programmé et il était question de 3 Embraer et d’un dreamliner B787 pour les vols long courrier. Beau programme et on parlait alors de l’émission d’une garantie souveraine de l’Etat de 20 millions de dollars pour cette opération.
C’était sans compter sans la vigilance du FMI qui a dû dire STOP, n’étant plus prêt à assumer une gabegie aussi évidente, et qui a exigé l’arrêt du massacre ! Et du jour au lendemain, plus d’Etat vache à lait ! Le robinet s’est refermé.
Deux mois plus tard donc, plus d’Embraer et encore moins de B787, ni de locations ACMI ! Et Madagascar Airlines condamné à ressortir un de ses vieux A340 pour faire deux vols par semaine Paris/Antananarivo https://www.air-journal.fr/2023-05-29-madagascar-airlines-renforce-paris-cet-ete-5249006.html .
Rinah paie au compte-gouttes sa filiale Sofitrans pour lui permettre de préparer les repas à bord, mais ne lui règle pas ses dettes colossales, condamnant cette dernière à une lente agonie.
Rinah a également siphonné et raclé les fonds de tiroir de Madagascar Ground Handling (MGH), sa filiale vache à lait, à tel point que cette compagnie a maintenant du mal à payer les salaires de ses employés. La DG de MGH a essayé de s’opposer à ce dépouillement de sa société, mais de guerre lasse, elle a fini par démissionner.
Les ailes de Madagascar Airlines sont en train de brûler, et le phoénix en train de couler dans l’Océan Indien.
Par ailleurs, un article de notre confrère RFI nous apprend les difficultés auxquelles doit faire face actuellement l’aviation civile privée https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230531-madagascar-tensions-dans-le-secteur-de-l-aviation-civile-priv%C3%A9e?fbclid=IwAR38yszpMQ9DwokP-RsKqTaO-eoh9_QVQlxzDrl9YvQ16GaSGsLX22R6kas . L’atelier agréé pour la maintenance des petits avions privés ferme faute de signature par le DG de l’ACM. Résultat : les avions, dont les avions écoles, sont cloués au sol, et une centaine d’employés sont actuellement au chômage technique. Ils ne pourront donc même pas suppléer le manque vols de Tsaradia.
Gasy Tapany avait déjà fait déjà fermer Madagascar Airways. Bientôt, les propriétaires des ATR vont réclamer leur dû, faute de quoi ils reprendront leurs avions. À se demander si après la prise de contrôle de la sûreté aéroportuaire, de l’exportation de letchis, la tentative de prise en main de l’exportation de vanille, une main invisible ne cherche pas actuellement à contrôler également le transport aérien domestique !
Si au moins on pouvait compter sur un réseau routier en meilleur état !
De surcroît, les loueurs de voiture se plaignent des tracasseries du centre d’immatriculation, dont les agents traînent pour apposer leur visa, après les visites de contrôle technique. Sans doute dans le but de « vendre » ce visa contre des monnaies sonnantes et trébuchantes !
Tel est le panorama du transport intérieur, hormis les taxis brousse, à la veille de la haute saison touristique !
Le secteur du tourisme, dont la contribution importante au PIB et à l’emploi n’est plus à démontrer, va vivre de nouveau une période particulièrement difficile après la période Covid.
Après avoir mis à terre le secteur vanille, Gasy Tapany est en train de réussir le tour de force de torpiller également tout ce secteur tourisme.
Quel secteur de l’économie sera la prochaine victime de l’incompétence de Gasy Tapany et de ses sbires ? L’énergie ? Lorsque l’Etat n’arrivera pas à rembourser aux pétroliers et aux fournisseurs d’énergie électrique les bons du trésor émis pour éponger les dettes de la Jirama ou celles du trésor causées par les subventions aux prix à la pompe, ne soyons pas surpris si on parle alors de la privatisation de la Jirama en contrepartie.
Gasy Tapany a le don de transformer en ferrailles tout ce qu’il touche, même l’or stocké dans les coffres des ministères. Si la population malagasy veut un espoir de changement, c’est à toute l’équipe de Gasy Tapany qu’elle doit maintenant crier « Dégage », comme en Tunisie.
Gasy Tapany va rencontrer à Paris cette semaine le président Macron. Pour quémander quoi ?
En-tout-cas, il devrait en profiter pour rester en France et profiter de sa villa, d’autant plus qu’étant français, il n’a aucun besoin de visa de séjour.
Bye bye et bon débarras !