Merci, à la France, même si ce n’était probablement pas son intention, d’avoir permis à Rajoelina Vazaha de se tirer lui-même une balle dans le pied.
Les langues continuent à se délier, et l’on apprend que Rajoelina Vazaha, président de la Transition à l’époque, avait négocié l’acquisition de la nationalité française pour lui et sa famille en même temps que son immunité dans les affaires d’exportation illicite de bois de rose pendant la transition, contre son acceptation du « ni, ni ». Il n’avait probablement pas, à ce moment-là, connaissance du fameux article 42 du code de la nationalité malagasy. Mais nul n’est censé ignorer la Loi, et surtout pas quelqu’un ayant la prétention de diriger le pays. Dura lex sed lex !
Et le piège s’était refermé sur lui, grâce à la mansuétude de la France, reconnaissante également envers lui d’avoir réussi à « dégager » Ra8 leur bête noire de l’époque.
Voilà donc un chef d’État qui ne se satisfaisait plus pleinement de sa nationalité de naissance et cherchait à acquérir une autre. Comment qualifier une telle attitude ? Haute trahison, disent certains. Surtout qu’il projetait déjà de ne se mettre en congé de la vie politique Malagasy que temporairement. Mieux, il se projetait déjà comme futur président de la République.
Dans un océan de questionnements, la seule certitude qui prévaut, c’est que Rajoelina est bien Français et personne ne le conteste. Il est également indéniable qu’avoir sa propre armée est un des symboles de l’indépendance politique d’un pays.
C’est sans doute pourquoi des tracts circulent actuellement au sein de la Grande Muette contestant Rajoelina Vazaha comme chef suprême de l’armée. Le SEG doit sa nomination et ses 4 étoiles à Rajoelina Vazaha et il a dit que ce dernier reste le chef suprême de l’Armée.
Le général à la retraite Ferdinand Razakarimanana a répondu qu’une telle réponse est normale car politique. Le dernier mot sur la position de l’armée revient plutôt aux commandements de l’armée et de la gendarmerie.
On comprend que certains militaires refusent que Rajoelina Vazaha puisse encore passer en revue l’armée le 26 juin prochain, alors qu’il a maintenant la nationalité de l’ancien colonisateur. Pour eux, c’est une insulte à tous les patriotes qui se sont battus pour l’indépendance de Madagascar depuis les Menalamba sans oublier les milliers de morts de 1947. Même si Rajoelina risque de faire sienne également la déclaration d’un de ses prédécesseurs « A l’époque, je n’étais pas né », sous-entendant « Ce n’est pas mon problème ».
Pour rappel, la déclaration de la nationalité française est remise à l’intéressé au cours d’une cérémonie d’accueil dans la citoyenneté. Le maire prend la parole sur le sens qu’il accorde à cette cérémonie avant de passer à l’audition de l’hymne national « La Marseillaise », symbole de l’allégeance à la France.
Par ailleurs, lors du dépôt de sa candidature aux dernières présidentielles, Rajoelina Vazaha n’a pas mentionné cette acquisition de la nationalité française qu’il a pourtant obtenue en novembre 2014. Il a donc menti par omission et on peut se demander s’il n’a pas caché autre chose. La HCC devrait rendre publique sa déclaration de patrimoine. N’aurait-il pas, par hasard, « oublié » d’y faire figurer la villa qu’il possède dans son autre patrie ?
Le fait d’avoir emprisonné notre PDG Lola Rasoamaharo ne procède-t-il pas de sa volonté d’enterrer le plus vite possible cette révélation par La Gazette de la Grande Île de sa nationalité française en mars 2022 ?
Certes, les pro-Rajoelina Vazaha ont prétendu que son arrestation ne concerne nullement son activité de journaliste. Mais, quelques jours plus tard, on sortait une vieille affaire de factures Jirama non payées. Et on avait procédé illico presto à la saisie de tout le matériel de travail du journal, et même le site en ligne était devenu inaccessible, privant tous les journalistes de leur outil de travail, ce qui n’est pourtant pas permis par le code du travail.
Maintenant, que Lola n’a pas été jugé coupable pour cette affaire de la Jirama, les journalistes attendent que les responsables rendent maintenant tous les équipements saisis. Ce ne serait que justice, n’est-ce pas ? Mais le sieur Ravatomanga l’entend-il de cette oreille et laissera-t-il faire ?
Hélas, vu la réputation de celui qui s’est qualifié de « shadow cabinet » alias Président bis, cela ne risque pas d’arriver de sitôt. Il n’aime pas la concurrence, et La Gazette de la Grande Île semble par ses investigations faire de l’ombre à son journal « La Vérité », et il a préféré la faire fermer. Tout comme il l’a fait pour le secteur aviation privé. Selon notre confrère Africa Intelligence, il a réussi à faire fermer ses concurrents Aéromarine et STA, mettant au chômage plus de 70 employés.
Mais comme nous l’écrivions dans un article en Malagasy, la roue tourne et justice finira par être rendue et selon un proverbe Malagasy « Andriamanitra tsy andrin’ny sasany, andriko ihany » (Si certains ne croient pas en la Justice divine, nous autres, nous avons la patience d’attendre et nous y croyons ».
Encore une fois, merci à la France d’avoir accordé la nationalité française à Rajoelina Vazaha. Mais « Aza manao soa tapany » (Ne faites pas les choses à moitié). Il est actuellement en France, alors s’il vous plaît gardez le chez vous, chez sa nouvelle patrie.