Suspicion de corruption : Romy Voos n’est qu’un simple pion

La directrice de cabinet d’Andry Rajoelina, actuellement détenue au Royaume-Uni pour suspicion de corruption, n’est qu’un maillon faible dans cette affaire.
Si l’on revient sur les charges qui pèsent contre elle, elle est soupçonnée de corruption liée à l’attribution de licences d’exploitation au groupe minier britannique Gemfields. On l’accuse d’avoir demandé 225 000 livres sterling et 5% des parts de la société pour favoriser cette attribution.
Même si l’État malgache nie toute implication dans cette affaire, il est évident que Romy Voos, malgré son poste en tant que bras droit d’Andry Rajoelina, ne possède ni les compétences ni les moyens pour mener à bien cette affaire sans la collaboration de nombreux membres du gouvernement, en commençant par le Président de la République lui-même.
Gemfields est une grande société. L’octroi d’une licence d’exploitation de cette envergure pour une telle entreprise implique plusieurs étapes et autorités. Si Romy Voos a proposé l’attribution de cette licence en échange d’une somme relativement modeste de 225 000 livres, c’est parce que d’autres individus doivent également être rémunérés pour que la licence soit accordée. Romy Voos n’est qu’un pion, le maillon initial d’une chaîne d’individus qui doivent tous être payés pour que la licence soit octroyée.
Si Gemfields avait accepté de verser cet argent, la liste des personnes impliquées serait longue. Il faudrait commencer par le Président de la République, car c’est le dirigeant en chef du pays qui doit nécessairement être au courant de toute exploitation majeure dans son pays. Ensuite, viendraient le ministère des Mines, le ministère de l’Environnement, le Premier ministre, le ministère des Finances, le ministère des Travaux publics, les régions concernées, la Chambre des Mines, et ainsi de suite. Ces institutions ne représentent que les acteurs les plus importants dans cette affaire. Romy Voos n’aurait jamais disposé des compétences nécessaires pour orchestrer toutes ces étapes sans l’aide d’individus plus haut placés qu’elle.