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Le Journal de l'île Rouge
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Rajoelina Vozongo Menasofina finira-t-il par entendre raison et ne pas se présenter ?

La gazette de la grande île
15/08/20239 minute read

La campagne était bien lancée, et rien ne semblait plus pouvoir l’arrêter, d’autant plus que selon les rumeurs, Mamasosy aurait déjà arraché à un magistrat un certificat de nationalité malagasy contre une promesse d’une affectation dans une ambassade.
-Un voyage au Rwanda cité comme un exemple de réussite à suivre : stabilité politique avec un président qui en est à son 3ème mandat, réussite économique louée par la banque mondiale, apaisement politique entre les ethnies Hutu et Tutsi (sous-entendu Côtiers et Merinas).
L’absence inexpliquée de Mialy lors d’une visite officielle a obligé Kagame à avoir le dîner d’Etat sans la présence de son épouse, politesse diplomatique oblige !
-Un conseil des ministres qui a enfin pris la décision de réhabiliter et de faire fonctionner de nouveau les stations de pesage, afin de faire respecter les limitations des charges transportées par les camions. Premiers signes que l’administration va revenir dans la normalité.
-Inauguration du stade Elgeco Plus, un stade privé destiné à accueillir les matchs de football des jeux des îles. Il en a profité pour fustiger les « saboteurs » de ces jeux des îles dont il veut faire un tremplin pour sa campagne. Car selon lui, ce seront les jeux des îles plus grandioses de tous les temps !
Malheureusement, ces jeux ne se tiendront qu’à Antananarivo contrairement à ses promesses d’ivrogne, à l’image de sa gouvernance hyper centralisée. Ainsi par exemple, Tuléar attendra « Pôly » (attendra que les poules aient des dents) pour sa piscine olympique.
-Le show télévisé soporifique de son président bis qui a annoncé son soutien total et sans réserve à Rajoelina Vozongo Menasofina.
-Une pluie d’inaugurations à Antsiranana, une remise de titres fonciers, visite d’un chantier de l’Eglise Catholique (de nombreux électeurs sont catholiques), visite du camp pénal d’Andaloasy qui lui a souhaité la bienvenue, distribution d’enveloppes contenant la somme de 250 000 ariary et des inévitables carnets de Fokontany avec QR code. Il est bien dommage de ne pas avoir lié les travaux de la liste électorale avec ce fameux projet PODIGY financé à hauteur de 150 millions de dollars par la banque mondiale.
L’Etat s’est même substitué à la Secren pour le paiement des arriérés dus à la Cnaps pour les retraités.
Bref, la totale pour un début de campagne !

Chantier de l’Eglise catholique

Le clou de la visite, c’était évidemment la réception de la flamme olympique en provenance de Maurice.
D’autant plus que celui qui aurait pu lui voler la vedette, Siteny le président du comité olympique, était heureusement occupé à Fianarantsoa avec son mihava tour. Rajoelina Vozongo Menasofina n’a pas manqué à son habitude de gêner par tous les moyens les manifestations de ses opposants, et a ordonné au gouverneur de Fianarantsoa d’organiser un carnaval dans les rues de la ville.

L’affaire ROMY-gate

Malheureusement, la machine s’est brutalement grippée à cause de l’article du Financial Time que notre journal a traduit et publié : Romy la directrice de cabinet de Rajoelina Menasofina, son bras droit a été arrêtée à Londres et détenue en garde à vue jusqu’à sa présentation devant un juge le 8 septembre prochain, sa demande de mise en liberté provisoire lui ayant été refusée.
Après avoir accompagné Rajoelina Vozongo Menasofina à Kigali, elle s’était envolée à 0h30 le 10 août pour Paris par le vol Air France 235, puis est allée à Londres.
Elle a été arrêtée jeudi 10 août et mise en examen pour tentative de corruption auprès de la société Gem Fields, ainsi que Philippe Tabuteau (CSPI) conseiller spécial Partenariats et Investissements. https://www.nationalcrimeagency.gov.uk/news/madagascan-president-s-chief-of-staff-charged-with-bribery
La présidence en avait été immédiatement avisée, et des échanges avec un cabinet d’avocats en témoigne, mais l’a soigneusement caché. Ce cabinet précisait que les documents en sa possession ne permettaient pas de prouver son immunité diplomatique, ce qui n’a pas permis sa mise en liberté provisoire. En outre, elle ne figurait pas dans la Blue List (Liste des personnalités disposant de l’immunité diplomatique au Royaume Uni).
Dimanche 13 août et lundi 14 août, non seulement les réseaux sociaux ne parlaient plus que de ce Romy-gate, mais après la communication officielle du NCA (National Crime Agency) toute la presse écrite et radiotélévisée du monde entier en a parlé, pour ne citer que le Monde, l’Evening Standard, la BBC, Al Jazeera, Reuters, The Guardian, RFI, Investing.com UK, Gaëlle Borgia sur TV5 monde et évidemment votre serviteur le Journal de l’île Rouge alias la Gazette de la Grande Île.

Romy et Vozongo Menasofina

Cet évènement plus que fâcheux a totalement tétanisé Vozongo Menasofina, selon les collaborateurs qui l’ont côtoyé. Il a fallu attendre lundi après-midi avant que le communiqué officiel ci-dessus de la Présidence ne soit publié. Il mérite tout de même quelques commentaires :
-Romy serait en congé depuis le 9 août (on suppose donc que ce n’est pas l’Etat qui a financé son billet), mais en tout cas la police aux frontières a révélé qu’elle aurait utilisé le passeport de service n°17S104629. Evidemment, nous allons investiguer plus en profondeur, car en principe on ne peut utiliser un passeport de service qu’accompagné d’un ordre de mission. Mais ça, ce n’est qu’une des règles administratives que ce régime a l’habitude de transgresser.
De surcroît, le bras droit du président voyage habituellement plutôt avec un passeport diplomatique.
-« Au vu de la situation, Madame Romiary Andrianarisoa est relevée de ses fonctions avec effet immédiat ». Voilà la « pauvre » Romy laissée seule à son triste sort, et son limogeage ne vaut-elle pas déjà condamnation. La Justice britannique sera-t-elle plus royaliste que le roi ? En tout cas, Rajoelina Vozongo Menasofina fait peu de cas de la présomption d’innocence et l’a déjà condamnée.
Avis aux autres collaborateurs ! Tant pis pour « Izay tratra farany eo  » (les derniers sur le bateau en train de couler). Chacun sauve ses fe….
-« Son Excellence Monsieur le Président de la République reste fermement attaché à la notion d’éthique dans la conduite des affaires de l’Etat et à lutter contre la corruption sous toutes ses formes ».
Et Vozongo Menasofina ose parler sans vergogne d’éthique ?
-Lui qui s’est permis de demander la nationalité française, alors qu’il était le chef de l’Etat souverain de Madagascar.
-Lui qui a été naturalisé Français en novembre 2014, et qui l’a caché au peuple malagasy pendant 9 ans. Avoir montré une copie de son passeport français en mars dernier a d’ailleurs valu à notre PDG Lola Rasoamaharo d’être actuellement incarcéré à Antanimora.
-Lui qui n’a rien fait contre Rinah dans l’affaire SMMC, ni fait convoquer Romy lors du procès Apollo 21. Et la ministre bonbon sucettes, ou le ministre écran plat qui a plutôt été recasé comme conseiller spécial ? Et son Excellence parle d’éthique ! Pour ne citer que ces affaires.
-Comme disait Gaëlle Borgia sur TV5 monde « A Madagascar, les affaires de corruption, de malversations, de fraudes fiscales, impliquant des politiques sont devenues banales. Mais les condamnations par la Justice malagasy restent rares. C’est donc la 1ère fois qu’un haut responsable de la Présidence est arrêtée à l’étranger pour corruption présumée…L’ironie du sort, c’est que Romy se présente comme une femme politique engagée, militante anti-corruption. Elle était même présidente de la commission Développement durable et Intégrité des affaires au sein du GEM ».

Le baiser de Judas à Vozongo Menasofina

Déjà, l’émission spéciale sur le président bis, soporifique à souhait, n’a servi à ce dernier qu’à se justifier.
Le PNF a émis le 25 juillet 2023 un avis de classement de son affaire des appartements et villa en France. Ses avocats ne l’ont rendu public que le 11 août 2023, le jour de l’interview. Il est maintenant clair qu’il n’a servi que pour se pavaner à la suite du classement de cette affaire.
L’émission lui a tout de même servi pour donner le « baiser de Judas » à Vozongo Menasofina en lui apportant son soutien inconditionnel et sans réserve. Cette tutelle va lui coûter des voix, tant nombreux sont les victimes de la vindicte du président bis, tels Mbola Rajaonah, Rolly Mercia ou Lola Rasoamaharo.
De nombreux salariés du privé craignent que la Cnaps ne soit pillée par les proches de ce président bis, comme l’ex-DG de la Cnaps qui vient, comme par hasard, de bénéficier d’une liberté provisoire.
N’aurait-il pas pu et dû financer l’association AFF (Andry sy Fototra ho an’ny Fampandrosoana) présidée par sa femme Haingo, censée opérer dans les œuvres sociales ? Plutôt que d’accepter de recevoir une subvention de 115 millions ariary de la Cnaps ? Quelle indécence !
Finalement, le seul gagnant de cette émission c’est Siteny. Nombreux sont ceux qui le soupçonnaient d’être financés en sous-main par le président bis, et il n’arrivait pas à démentir cette rumeur. C’est le président bis lui-même qui s’en est chargé en la démentant fermement.
En résumé, cet interview fut un « Non évènement » !

 

 


Qui va sauver le soldat Ryan ?

Cette fois, c’est fini pour Vozongo Menasofina. Même s’il arrive à corrompre des magistrats pour lui signer son certificat de nationalité malagasy, afin de lui permettre de se présenter, il fera moins bien que Rajaonarimampianina en 2018.
Il ferait mieux de s’abstenir de se présenter et gagner ainsi 4 mois de présidence

La Gazette écrivait déjà à cette époque  « Le tout venant va se présenter aux élections »

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