Skip to content
Le Journal de l'île Rouge
Politique

À Madagascar, la victoire en demi-teinte du président sortant Andry Rajoelina

La gazette de la grande île
29/11/20234 minute read

Comme nous l’écrivions dans des articles antérieurs, les dernières élections présidentielles tiennent une bonne place sur les médias étrangers.
C’est ainsi que la télévision togolaise New World TV a produit une émission sur le scrutin :  https://www.youtube.com/watch?v=n3Hz2QN1eS4
Le journal français La Croix n’est pas en reste et conclut « 54% des 11 millions d’électeurs ont boycotté
ce premier tour. Les abstentionnistes ont donc été plus nombreux que les participants: un résultat qui dévoile l’étendue massive du rejet, de la défiance ou de l’indifférence envers le processus électoral
« .

https://www.la-croix.com/international/Presidentielle-Madagascar-victoire-demi-teinte-dAndry-Rajoelina-2023-11-27-1201292394

Le président sortant de l’île a été déclaré vainqueur de la présidentielle dès le premier tour par la commission électorale. Cette victoire n’élude pas le rejet massif de ce scrutin par l’opposition et la majorité des électeurs.

Victoire par K.-O., au premier tour. Andry Rajoelina n’a eu aucun mal à remporter l’élection présidentielle malgache dès le premier tour, en obtenant 58,95 % des suffrages exprimés, selon le décompte de la commission électorale (Ceni) diffusé le 25 novembre. « Je serai le président de tous les Malgaches », a-t-il déclaré, le résultat aussitôt connu. « Cette victoire est celle de tous les Malgaches, sans exception », a-t-il martelé.
Une victoire de tous les Malgaches, vraiment ? On peut en douter, compte tenu du niveau historique atteint par l’abstention. Car 54 % des 11 millions d’électeurs ont boycotté ce premier tour. Les abstentionnistes ont donc été plus nombreux que les participants : un résultat qui dévoile l’étendue massive du rejet, de la défiance ou de l’indifférence envers le processus électoral. La participation est en net recul, si on la compare à la précédente présidentielle de 2018 où elle avait été de 54,23 % au premier tour. Elle est même en chute libre par rapport à la présidentielle de 2013, où elle était de 64%. Cette situation nouvelle qui s’ex- plique par le boycott de la présidentielle décidé par les principaux candidats de l’opposition (10 sur les 12 en lice contre le président sortant), dont les deux anciens présidents Hery Rajaonarimampianina et Marc Ravalomanana. Ils se sont retirés du processus électoral pour dénoncer l’illégitimité de la candidature d’Andry Rajoelina après avoir découvert qu’il s’était fait naturaliser français, en toute discrétion, en 2014. Cette révélation avait suscité un vif émoi sur la Grande Île où les relations avec l’ancienne puissance coloniale ne sont pas apaisées. Faute d’avoir le choix, la plupart des électeurs ne se sont pas déplacés pour participer à un scrutin joué d’avance, puisque Andry Rajoelina n’avait plus face à lui de candidat sérieux.
Bien entendu, l’opposition a dénoncé le résultat de la Ceni « Nous ne reconnaîtrons pas les résultats de cette élection illégitime, truffée d’irrégularités, et nous déclinons toutes responsabilités sur l’instabilité politique et sociale qui pourrait en découler », a-t-elle mis en garde dans une déclaration commune. Cependant, elle n’a pas appelé les Malgaches à descendre dans la rue pour rejeter la réélection d’Andry Rajoelina. Une attitude qui tranche avec les appels à manifester qu’elle lançait quasi quotidiennement et pendant des semaines avant la présidentielle. Des manifestations qui n’ont pas rencontré un succès populaire, et qui avaient été régulièrement dispersées à coups de gaz lacrymogènes.
Sur le plan international, on prend acte de ce résultat provisoire, à l’exemple de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Une reconnaissance minimale qu’elle a contrebalancée en déclarant qu’elle « fait le constat d’une société malgache divisée, et exprime sa profonde préoccupation quant à la phase post-électorale avec des risques élevés de contestations et de tensions persistantes ».
La Haute Cour constitutionnelle (HCC) dispose de neuf jours, c’est-à-dire jusqu’au 4 décembre, pour
proclamer les résultats définitifs de cette élection. Le bruit court à
Antananarivo que la HCC devrait effectuer cette proclamation vendredi 1er décembre.

Laurent Larcher

Partager cette article
Articles connexes
Back To Top