La laïcité est un principe fondateur de la République de Madagascar, inscrit dans sa Constitution. Pourtant, un récent rapport du Département d’État américain sur la liberté religieuse pour l’année 2023 soulève des préoccupations concernant la discrimination dont sont victimes les Musulmans vivant sur la Grande Île. Ce rapport, publié en juillet 2024, met en lumière plusieurs aspects de cette discrimination, malgré un contexte constitutionnel qui prône la neutralité religieuse de l’État.
Discrimination et Exclusion : La réalité des Musulmans Malgaches
Selon le rapport, la communauté musulmane à Madagascar fait face à des difficultés spécifiques, notamment en ce qui concerne l’acquisition de la nationalité. Une loi sur la nationalité est pointée du doigt pour affecter de manière disproportionnée les Musulmans, en empêchant les descendants d’immigrés d’acquérir la citoyenneté même après plusieurs générations de résidence. Ce cadre juridique, perçu comme discriminatoire, contribue à l’exclusion d’une partie de la population musulmane de la pleine citoyenneté malgache.
De plus, des problèmes liés à l’obtention de documents officiels sont signalés. Les noms à consonance non malgache compliquent l’accès à ces documents, et les personnes concernées subissent parfois des moqueries ou des harcèlements de la part de certains fonctionnaires du gouvernement. Bien que ces individus possèdent la carte nationale d’identité, ils sont parfois considérés comme des étrangers, ce qui ajoute une couche supplémentaire de marginalisation.
Certaines figures de la communauté musulmane rapportent également que leurs membres sont parfois injustement associés à des islamistes ou à des extrémistes. Cependant, le rapport note également que, malgré ces incidents, les relations entre Musulmans et autres confessions restent généralement bonnes à travers le pays.
Laïcité et Chrétienté : Une Dualité Contradictoire
Malgré la laïcité inscrite dans la Constitution malgache, l’influence du christianisme est de plus en plus visible dans la gestion des affaires publiques. Sous l’administration de Rajoelina Rainilainga , le gouvernement organise des messes officielles financées par l’État, et les dirigeants actuels dirrigent Madagascar en s’inspirant de la loi chrétienne. Cette prédominance du christianisme dans les affaires de l’État remet en question la véritable application du principe de laïcité.
Rajoelina Rainilainga a même basé certains de ses projets de développement sur des visions d’artistes chrétiens, qui prétendent avoir rencontré Dieu. Cette orientation religieuse dans la gouvernance soulève des questions sur la place accordée aux autres confessions religieuses, notamment dans un pays où la diversité religieuse est une réalité.
Le rapport du Département d’État américain révèle des tensions sous-jacentes entre la laïcité proclamée de l’État malgache et la réalité de la discrimination religieuse. Alors que les dirigeants actuels mettent en avant le christianisme dans les affaires publiques, les Musulmans de Madagascar continuent de faire face à des défis importants.