L’opposition perd son temps à des manifestations stériles comme celles au Magro. Cela montre qu’elle n’a pas de véritable stratégie pour les prochaines communales de décembre 2024. Pourtant les postes de maires des grandes villes sont bien plus stratégiques, plus même que ceux de députés en ce sens que ce sont des exécutifs.
On susurre que le Firaisankina ne présentera pas de candidat à Toamasina et va soutenir la candidature de Roland Ratsiraka. En contrepartie de l’inverse ? Le Kolekitifa va-t-il soutenir Ra8 à la CUA ? Ou bien s’agit-il d’un simple accord entre TIM et MTS ? Ou entre Ra8 et Roland Ratsiraka ? Rien n’est clair en ne sait toujours pas.
A Mahajanga par exemple, « on annonce » la candidature de Rivo Rakotovao du HVM (pour le Firaisankina ? Aucune indication sur ce point) et celle de Patrick Raharimanana, un ancien candidat aux présidentielles de 2013 (19 000 voix) et soutien du candidat Tahina Razafinjoelina aux présidentielles de 2023. Firaisankina vs Kolekitifa ? Aucune certitude non plus !
En résumé, à 10 jours de la clôture des dépôts de candidature, aucun mot d’ordre clair pour les opposants !
Perdre la mairie de Tana, le cauchemar de Vazaha Ratandrametaka
En France, Jacques Chirac maire de Paris était élu en mai 1995 Président de la République, tandis que Nicolas Sarkozy maire de Neuilly l’a été en mai 2007.
A Madagascar, Ra8 était porté à la Présidence en 2002 après avoir été élu maire d’Antananarivo en décembre 1999, tandis que Vazaha Ratandrametaka l’a été en 2009 après avoir été élu maire d’Antananarivo en décembre 2007. Jamais deux sans trois ? Comment faire mentir l’adage « L’Histoire est un éternel recommencement ».
Cette crainte tenace d’être évincé de la Présidence avant la fin de son mandat est devenu l’obsession de Vazaha Ratandrametaka, qui l’a amené à acheter pour 14 millions d’euros (70 milliards ariary !) le logiciel espion Predator. Ce logiciel lui permet d’espionner ses opposants politiques et de connaître toutes leurs intentions, et d’y parer rapidement et efficacement. Et ces opposants politiques naïfs se laissent faire comme du bœufs allant à l’abattoir !
1er étage : l’éviction de Naina Varira Andriantsitohaina
Pour les tenants du régime, il est apparu clairement que laisser Naina Varira Andriantsitohaina finir son mandat de maire, revenait clairement à offrir la mairie à l’opposition. Il n’en était pas question et il fallait agir très rapidement, d’où l’éviction par le haut de l’ex-maire, devenu un boulet pour le régime.
Il ne fallait surtout pas que cela apparaisse comme une sanction, et c’est la raison pour laquelle il a été nommé en janvier 2024 ministre de la décentralisation et de l’aménagement du territoire.
La promotion des cancres ?
Son prédécesseur Pierre Houlder Ramaholimihaso « n’était » que ministre de l’aménagement du territoire et des services fonciers. Ce dernier était devenu le caillou dans la chaussure du pouvoir Vazaha Ratandrametaka, pour avoir gêné le « business » des remblais dans la plaine d’Antananarivo. Pierre Houlder avait affirmé avoir été menacé s’il ne cédait pas aux pratiques douteuses et dangereuses des remblais illicites. Lire nos articles de l’époque :
https://lgdi-madagascar.com/2024/01/18/politique/scandale-des-remblais-illicites-a-antananarivo-implications-troublantes-pour-le-ministre-de-lamenagement-du-territoire/
https://www.facebook.com/lgdi.madagascar/posts/pfbid02HjyMpsHemh8Zbfj4ZJ6zYVs6mpmJTrUiUrk2Qi3C6YEnZDJQb2h6J2kfPrfLTZM3l?rdid=f6UHVAfOmGxQwRSA .
Donc, d’une pierre deux coups ! Naina Varira héritait ainsi le 14 janvier 2024 du ministère de l’aménagement du territoire et en plus de la décentralisation, dont on a dépouillé l’ex-ministre de l’intérieur Justin Tokeky, promu depuis Président de l’Assemblée Nationale ( un lot de consolation et une autre éviction par le haut).
2ème étage de la manipulation
Alors que le mandat des élus communaux et municipaux expirait le 10 janvier 2024, le régime Vazaha Ratandrametaka (il n’a jamais aussi bien porté son nom) ne s’en était pas préoccupé, débordé par les présidentielles. D’autant plus que l’opposition était occupée par leur Hetsika Fotsy, et n’a pas du tout soulevé non plus la question !
Ce n’était que le 18 janvier 2024, soit 8 jours après l’expiration du mandat des élus communaux et municipaux que Ntsay Mike Tyson s’était réveillé et avait saisi pour avis la HCC sur la marche à suivre, tout en ayant précisé que les élections allaient se tenir en 2024, sans plus de précision.
Déjà en 2019, le régime Vazaha Ratandrametaka était confronté à un problème similaire : le mandat des élus expiraient le 18 septembre 2019 et les élections n’étaient prévues se tenir que le 27 novembre 2019. Au moins à l’époque, Ntsay Mike Tyson avait saisi pour avis la HCC dès le 19 août 2019, soit un mois avant l’expiration de mandat des élus.
La HCC de Flamants roses ne s’était pas cassée la tête et l’avis n°01-HCC/AV du 25 janvier 2024 n’est qu’un copier-coller de l’avis n°09-HCC/AV du 22 août 2019.
Début 2024, il était question de jumeler les élections communales aux législatives qui devaient se tenir le 29 mai 2024. Une « rumeur » vite démentie par Naina Varira, car le PDS qui allait prendre sa place à la Mairie d’Antananarivo n’aurait alors pas le temps de faire oublier ses échecs cuisants dans la gestion de la mairie.
La CENI proposait finalement en février 2024 la date du 6 novembre 2024 pour la tenue des communales et municipales.
3ème étage : PDS à la CUA
Début mars 2024, l’homme providentiel déniché pour remplacer Naina Varira à la mairie était l’ex-sénateur Richard Barjon Ramanambitana.
Ramanambitana se définissait comme économiste de formation, avait été DG des affaires sociales à la CUA en 2007, et en 2020 directeur des relations avec les institutions. Bref, pas un novice dans les affaires de la CUA, semble-t-il ! Vous allez voir ce que vous allez voir ! Il annonçait déjà en filigrane ses ambitions ainsi que les objectifs du régime Vazaha Ratandrametaka « De mes résultats dépendra ma candidature ».
Premier défi à relever « Enlever les ordures en 10 jours« , ce qui était réalisable. Le problème, c’est plutôt de pérenniser par la suite l’enlèvement quotidien de ces ordures. Ce qui est une autre paire de manches, et malheureusement loin d’être actuellement le cas!
1er couac : Ramanambitana a annulé une des mesures phares instituées par son prédécesseur : annulation de la carte numérique et rétablissement des tickets papier pour le paiement des taxes sur les marchés d’Antananarivo. Bataille judiciaire contre la conseillère municipale, Lalatiana Ravololonarivo, pourtant une des fidèles alliés de l’ex-maire Naina Varira.
2ème couac : ce PDS était invisible depuis quelques semaines, les rumeurs les plus folles s’étant propagées sur les réseaux sociaux, depuis le détournement de fonds publics aux soucis de santé causés par un empoisonnement. Toujours est-il qu’on a appris « sa démission » lors de la nomination de sa successeure Harilala Ramanantsoa fin août 2024.
En tout cas, personne n’a vu sa lettre de démission -selon des agents de la CUA- et il était absent lors de la cérémonie de passation. Il s’était alors fait remplacer par la secrétaire générale de la mairie Clara Michel Nala Andrianambony.
Cette passation faite avec la secrétaire générale de la CUA (et non un des vice-présidents de la délégation spéciale) démontre que les adjoints du PDS n’avaient pas été nommés, ni ceux de la nouvelle PDS, conformément à l’article 130 (nouveau) des Lois n° 2014-020 et n°2024-002 « Jusqu’à l’élection du nouveau Chef de l’exécutif, il sera procédé à la mise en place d’une délégation spéciale.
La délégation spéciale est composée d’un Président et de deux Vice-présidents nommés par Arrêté du Ministre chargé de l’Intérieur. Les Vice-présidents de la délégation spéciale sont nommés parmi les agents de l’Etat en service dans la Collectivité concernée n’exerçant pas les fonctions de comptable public principal, secondaire ou auxiliaire.
La délégation spéciale exerce les attributions de l’organe exécutif de la Collectivité Territoriale Décentralisée concernée« .
Les fonctions de maire sont donc exercées par une délégation spéciale, composée d’un Président et de deux Vice-présidents nommés par le ministre de l’intérieur. Et non par un PDS seul ! Le PDS et les deux vice-présidents constituent la Délégation spéciale qui seule a le pouvoir d’assurer l’intérim. Le PDS sans les deux vice-présidents nommés n’a aucun pouvoir légal. Une irrégularité grave qui semble avoir échappé aux opposants politiques !
Reculer encore les élections législatives ?
Verrons-nous la nomination prochaine d’un 3ème PDS à la CUA en l’espace de quelques mois? L’article 130 de la loi 2014-020 interdisait expressément aux membres de la délégation spéciale (président et ses 2 adjoints) de « se porter candidat lors des prochaines élections« . La modification de cette loi par la loi n°2024-002 leur permet cette fois-ci de se porter candidat.
On verra donc d’ici le 19 septembre 2024 à 17h, date de clôture du dépôt de candidature, si Harilala Ramanantsoa se portera ou non candidat à la mairie d’Antananarivo. Un délai un peu court cependant pour qu’elle puisse éventuellement faire ses preuves. Elle était déjà parmi les candidats malheureux aux élections municipales de 2015.
Vont-ils encore trouver un nouveau cas de force majeure leur donnant le prétexte de reculer la date de tenue des élections communales ?
4ème étage : Empêcher absolument Ra8 de se présenter
Vazaha Ratandrametaka veut, coûte que coûte, empêcher la candidature de Ra8 en collant sur son dos des centaines de milliards ariary d’arriérés d’impôts.
Ra8 avait eu un certificat fiscal pour les présidentielles. On se demande comment il a pu « se faire » plusieurs centaines de milliards d’arriérés d’impôts en quelques mois ! Mais Vazaha Ratandrametaka ne semble pas vouloir s’arrêter à ce genre « de détails ».
Initialement, les fonctionnaires des impôts étaient conscients de l’impossibilité matérielle d’établir des certificats fiscaux à près de 50 000 candidats aux municipales. C’est pour cette raison qu’ils ont plutôt proposé « une déclaration sur l’honneur selon laquelle je me suis acquitté de tous les impôts et taxes exigibles de toute nature des 3 précédentes années« , tel que cela figure à l’annexe n°2 du décret n°2024-1496. Le conseil de gouvernement du 5 août 2024 n’a pas voulu suivre cette recommandation et a voulu la durcir, en exigeant en plus de cette déclaration sur l’honneur, « un certificat fiscal délivré par l’Administration fiscale attestant que je suis en règle vis-à-vis de la législation et de la réglementation fiscale« . En voulant faire du zèle, les ministres ont simplement oublié de supprimer la déclaration sur l’honneur qui n’a plus sa raison d’être et fait double emploi avec le certificat fiscal ! Peu importe ! L’objectif est d’empêcher Ra8 de se présenter et les instructions ont été données afin que le certificat fiscal ne lui soit pas donné.
Plans B et castings
Empêcher Ra8 d’être candidat est une chose. Trouver un candidat qui pourrait séduire l’électorat tananarivien en est une autre. Un quotidien de la place pro-régime titrait « Elections communales : Castings difficiles pour la plateforme IRMAR« .
Deux rumeurs tenaces persistent néanmoins :
–Ndriana Razanamasy, le fils aîné de feu Guy Razanamasy, serait le candidat pressenti du régime. Il serait déjà en train de finaliser la location d’un QG du côté de la route circulaire. Resterait à finaliser l’étiquette sous laquelle il va concourir !
-Si Vazaha Ratandrametaka persiste à empêcher la candidature de Ra8 pour ce qui semble être son bâton de maréchal, les Partisans de Ra8 envisagent le bras de fer dans la rue.
Ce qui n’empêche pas ces opposants politiques de Vazaha Ratandrametaka de réfléchir à un plan B, en présentant un autre candidat de consensus comme Raymond Ranjeva.
Reste encore à savoir si ce dernier acceptera de quitter sa retraite tranquille pour descendre dans l’arène politique. Ses supporters sont confiants : N’avait-il pas participé à la plateforme de l’ex-PAN ?
Il ne refusera probablement pas de contribuer à redorer le blason d’Antananarivo, « NY ARIVOLAHY TSY MATY INDRAY ANDRO ». Il ne pourra certainement pas se dérober à ses devoirs de fils aîné d’Antananarivo.
Allons-nous voir deux frères Ranjeva dans deux camps opposés, Marcel Ranjeva étant? Marcel Ranjeva n’est qu’un mercenaire politique. N’a-t-il pas servi comme ministre de la défense de Didier Ratsiraka, puis ministre des affaires étrangères de Ra8 et enfin Vazaha Ratandrametaka comme Grand Chancelier de l‘ordre national ? Il sert également Renimalala, en tant que président de la Société des Membres de la Légion d’honneur.
Nous serons fixés très bientôt.
Ndriana Razanamasy Raymond Ranjeva Marcel Ranjeva
Marcel Ranjeva et Ra8 en 2002 Membres de la légion d’honneur (France)