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Le Journal de l'île Rouge
Société

Antananarivo sous les eaux : une crise chronique qui dépasse la météo

La gazette de la grande île
22/10/20243 minute read
Depuis des décennies, les maires et autres gestionnaires intérimaires (PDS) qui se sont succédé n'ont pas réussi à ré-soudre le problème. Pire encore, le développement urbain mal planifié et l'absence de contrôle ont contribué à faire d'Antananarivo une décharge à ciel ouvert

Malgré une pluie brève de seulement 15 minutes, Antananarivo s’est retrouvée inondée samedi dernier. Si cette inondation a attiré l’attention des médias locaux, elle met surtout en lumière un problème structurel et chronique : certaines zones de la capitale restent sous les eaux tout au long de l’année, même en saison sèche.

Les quartiers tels qu’Andravoahangy, Ambodivona, 67Ha, Ambodin’Isotry et Besarety sont les symboles d’une situation devenue insoutenable. Bien que les précipitations soient parfois absentes, ces zones restent inondées, mettant en lumière une absence flagrante de gestion des eaux et d’assainissement.

Les causes d’un désastre urbain permanent

Manque d’infrastructures d’assainissement
L’inefficacité ou l’absence de réseaux de drainage aggrave la situation. Les canaux, souvent obstrués par des déchets, sont incapables d’évacuer correctement les eaux pluviales.

Incivilité et gestion inadéquate des déchets
Les habitants, en l’absence de solutions adéquates, jettent régulièrement leurs ordures dans les canaux ou les rues. Ces pratiques empêchent l’écoulement naturel des eaux, transformant la ville en un véritable marécage urbain.

Abandon par les autorités successives
Depuis des décennies, les maires et autres gestionnaires intérimaires (PDS) qui se sont succédé n’ont pas réussi à résoudre le problème. Pire encore, le développement urbain mal planifié et l’absence de contrôle ont contribué à faire d’Antananarivo une décharge à ciel ouvert. Les zones comme la Digue Anosipatrana ou les plaines rizicoles d’Ambohitrimanjaka sont devenues des dépotoirs où les déchets s’amoncellent, sans solutions pérennes en vue.

Conséquences écologiques et sanitaires alarmantes

Cette situation permanente d’inondations et d’insalubrité ne se limite pas à des désagréments urbains :

  • Santé publique menacée : Les eaux stagnantes favorisent la prolifération des maladies hydriques telles que le choléra et la dengue.
  • Écosystèmes dégradés : La pollution envahit les rizières environnantes, compromettant la production agricole et menaçant les écosystèmes locaux.
  • Image ternie de la capitale : En 2023, Forbes a classé Antananarivo comme la ville la plus sale d’Afrique et la troisième au monde, un constat désolant qui reflète le laisser-aller des autorités.

Vers une solution durable : utopie ou possibilité ?

Tant que les autorités locales n’adopteront pas des politiques fermes et durables, les habitants continueront de souffrir de cette situation. Parmi les solutions envisagées, on peut citer :

  • Un plan d’assainissement global : Construire et entretenir un réseau de drainage efficace.
  • Sensibilisation et éducation : Encourager la population à adopter des pratiques responsables en matière de gestion des déchets.
  • Partenariats public-privé : Impliquer les entreprises dans des projets de recyclage et de valorisation des ordures.

Antananarivo, au-delà de son charme et de son patrimoine, fait face à une crise profonde d’assainissement et de gestion urbaine. Tant que les efforts resteront limités à des initiatives ponctuelles sans vision à long terme, les inondations et l’insalubrité continueront de hanter la capitale. Pour sortir de ce cercle vicieux, il faudra une volonté politique forte et une implication citoyenne active, afin qu’Antananarivo puisse un jour renouer avec un environnement sain et vivable.

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