Cinq kilos d’or exportés légalement sur un objectif de six tonnes en 2024. Ce chiffre ridiculement bas n’est pas le fruit d’une simple incompétence, mais bien d’un système gangrené par des hors-la-loi au sommet de l’État. Pendant que le gouvernement affiche des ambitions creuses, des tonnes d’or disparaissent chaque année dans les circuits illégaux, alimentés par un régime complice du trafic.
Des Objectifs Délibérément Sabotés
Dès le départ, le plan était voué à l’échec. Neuf opérateurs avaient déposé leur demande d’agrément auprès de l’Agence nationale de la filière or (ANOR). Seuls six ont obtenu leur agrément en octobre 2023, avec l’instruction de réaliser 500 kilos d’exportation en 100 jours. Mais au lieu de créer un environnement favorable, l’État a laissé prospérer un marché noir où les orpailleurs locaux proposent des prix plus élevés que le marché international. Les exportateurs légaux, eux, n’avaient aucune chance.
Le résultat ? Cinq kilos exportés en toute légalité sur une année entière. Une mascarade qui dévoile l’absence de volonté du régime pour lutter contre le trafic. En réalité, tout indique que ces contre-performances servent des intérêts privés bien placés.
Un Trafic Illégal Protégé au Sommet
Pendant que l’exportation légale s’éteint, des tonnes d’or quittent clandestinement Madagascar. Ce n’est pas une simple fuite, c’est un pillage organisé, facilité par un régime qui ferme les yeux et tire profit du chaos. Les contrôles sont inexistants, les sanctions restent lettre morte, et les réseaux de trafiquants opèrent en toute impunité.
Malgré la levée de la suspension des activités liées à l’exportation d’or en mars 2023, aucune mesure réelle n’a été prise pour réguler le secteur. L’État avait promis que les exportateurs devraient réaliser au moins 15% du poids total pour lequel ils s’étaient engagés, sous peine de perdre leur agrément. Mais cette menace n’était qu’une posture vide, comme en témoignent les résultats calamiteux.
Des Ambitions Fantômes
Lors de la présentation de la Politique générale de l’État (PGE), le gouvernement avait fixé un objectif d’exportation de 75 tonnes d’or sur cinq ans. Une moyenne annuelle de 15 tonnes, disait-il, qui serait atteinte grâce à l’exploitation industrielle et artisanale. Mais comment croire à ces promesses quand les faits prouvent que l’État est incapable, ou non disposé, à faire respecter ses propres règles ?
L’Urgence d’Agir
Le dernier rapport de l’ITIE mentionne un taux de rapatriement de 88,42% des devises issues des exportations légales. Mais ce chiffre est insignifiant face à l’ampleur du trafic illégal. Tant que les responsables resteront complices ou spectateurs, l’économie nationale continuera de s’effondrer.
Il est temps de mettre un terme à cette mascarade. Une lutte sérieuse contre le trafic illégal doit commencer par purger les rangs d’un régime corrompu, rétablir des contrôles stricts et sanctionner les responsables à tous les niveaux. Madagascar ne peut pas se permettre de perdre davantage ses ressources au profit d’une minorité de hors-la-loi bien placés.
Le régime actuel n’est pas seulement incapable de gérer la filière aurifère, il en est l’un des principaux complices. La responsabilité du trafic illégal d’or ne repose pas uniquement sur les trafiquants, mais sur un système étatique complice qui préfère protéger ses propres intérêts plutôt que ceux du peuple.