Le taux de scolarisation pour l’année scolaire 2023-2024, tous niveaux confondus, a chuté de plus de 60% à Madagascar, une diminution significative attribuable principalement au coût élevé que les parents ne parviennent plus à assumer. En moyenne, la scolarisation d’un élève de l’école primaire coûte 400 000 ariary, ce qui comprend l’achat de fournitures scolaires, de l’uniforme nécessaire et d’autres frais généraux. Ce coût augmente encore pour les élèves scolarisés dans les écoles privées.
Dans un pays où plus de 81% de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté extrême, c’est-à-dire avec moins de 2,15 dollars par jour ou 8 000 ariary, trouver 400 000 ariary pour la scolarisation d’un élève est tout simplement impossible. Il est important de noter que la plupart des familles malgaches ont en moyenne trois enfants à scolariser. Cette réalité triste contraint de nombreuses familles à ne pas envoyer leurs enfants à l’école, ce qui constitue la principale cause de la forte baisse de la scolarisation pour cette année scolaire.
Il est également à noter que, sous le régime actuel, le prix des fournitures scolaires a augmenté de 150% par rapport à 2018. Aucune mesure à court ou à long terme n’a été mise en place pour faciliter la scolarisation par le gouvernement. Les fonds d’urgence sont plutôt dirigés vers des initiatives telles que la distribution d’argent aux prostitués (en 2020) ou l’achat massif de drapeaux et de feux d’artifice pour embellir les fêtes organisées par Andry Rajoelina.
Selon l’Inspection Générale de l’État, des sommes considérables ont été détournées par différentes institutions depuis l’accession au pouvoir d’Andry Rajoelina, s’élevant à plusieurs centaines de milliards d’ariary. L’argent gaspillé pour réaliser les projets tels que GasyCar, Ethanol, Téléphérique, train urbain, etc., qui n’ont abouti à rien, se compte également en plusieurs centaines de milliards d’ariary. Cet argent aurait pu être utilisé pour scolariser les plus démunis.
Le gouvernement se vante d’avoir construit de nouvelles salles de classe, mais la scolarisation ne se résume pas à avoir des locaux vides. Les fonds dépensés pour la construction de ces salles, sans enseignants ni élèves, auraient pu être mieux investis dans un programme de scolarisation à long terme, visant à faciliter l’accès aux écoles existantes (fournitures moins chères ou gratuites, droits d’inscription réduits, etc.).
Le régime qui a gouverné Madagascar d’une main de fer a sérieusement compromis le secteur de l’éducation. Actuellement, la scolarisation des élèves malgaches nécessite une intervention d’urgence, au moins pour l’année scolaire 2023-2024, afin de permettre aux enfants délaissés de poursuivre leur éducation. Nous devrons attendre les prochains dirigeants pour mettre en place une politique de scolarisation à long terme efficace.
