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Le Journal de l'île Rouge
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Appel à la France : Rapatriez votre ressortissant Cédric Vozongo

La gazette de la grande île
02/10/202313 minute read

Le silence assourdissant de l’Etat français en présence d’actes qui violent les principes fondamentaux de la démocratie et des libertés fondamentales perpétrés par un français à Madagascar, risque d’alimenter un sentiment anti-français comme cela se passe actuellement dans quelques pays d’Afrique.
Avant qu’il ne soit trop tard, la France devrait maintenant rapatrier son ressortissant Cédric Vozongo, comme elle l’a fait pour son ambassadeur au Niger. La possession par Cédric de la nationalité malagasy semble encore actuellement sujet à discussion. Ce qui est sûr et certain, c’est que Cédric Vozongo a la nationalité française. Et tout le problème est là !

Madagascar entretient des relations historiques complexes avec la France.

Bien avant qu’une puissance occidentale, la Couronne Britannique, reconnaisse en premier, le 27 octobre 1817, l’autorité du Royaume Merina sur toute l’étendue de la grande Île – alors que cette dernière était encore morcelée en plusieurs suzerainetés sous l’autorité des Ampanjaka – princes locaux – et que certaines régions, comme le pays Tanala d’Ikongo ou encore l’Ambongo, continuaient à ne pas reconnaître la suzeraineté Merina – des régions éloignées des hauts-plateaux étaient occupées dès le XVIIème siècle par les représentants du Royaume de France.
Fort-Dauphin avait été créée par Jacques Pronis en 1643 au nom du Roi de France, Louis XIII. L’appellation est un hommage et en référence au Dauphin, héritier du trône de France (dynastie des Bourbon), le futur Roi Soleil Louis XIV. Jacques Pronis vivait maritalement avec une princesse du peuple Zafiraminia – Antambahoaka avec qui il eut une fille.

Puis, il y eut les établissements français de Nosy Boraha – île Sainte Marie de Madagascar, de Nosy Be (en 1840).

Beaucoup ignorent que Fort-Dauphin, administrée par Jacques Pronis puis par Etienne de Flacourt, fut à l’origine de plusieurs prises de possessions de La Réunion au nom du Roi – c’est pourquoi La Réunion était d’abord baptisée « Île Bourbon ».
Et surtout, celle que l’on appelle affectueusement « La Grand-mère des Réunionnais », Anne Mousse, née le 14 avril 1668 à Saint-Paul de La Réunion, première femme née sur l’île Bourbon est issue par son père, Jean Mousse (Mosa ?), et sa mère, Marie Caze (les noms ont été probablement francisés) qui faisaient partie des 10 « indigènes de la colonie de Fort-Dauphin » qui accompagnaient le français Louis Payen et un autre de ses compatriotes partis du sud est de Madagascar pour s’installer le 10 novembre 1663 comme premiers colons sur l’île Bourbon (2 ans avant les colons venant de France).
Malgré l’interdiction des unions inter-ethniques décrétée en 1674, Anne Mousse épousa en 1687 un rescapé du massacre de Fort-Dauphin de 1674, le breton Noël Tessier de 34 ans son aîné, et s’installa avec ce dernier à Sainte-Marie (ou se construira plus tard l’aéroport Roland Garros).
Veuve en 1721, elle épouse en 1722 un portugais appelé Dominique Ferrère âgé de 20 ans de moins qu’elle, une femme mentalement forte et bien en avance sur son temps sur tous les plans. Anne Mousse donnera naissance à 8 enfants (dont 6 filles). Elle sera grand-mère de 65 petits-enfants. Aujourd’hui, les Vidot, Maillot, Guichard, Hoareau, Boyer, Esparon, Ganiol et bien d’autres, sont ses descendants.

La Réunion, dont une grande partie de sa population a donc une ascendance malgache, est restée française.

En outre, Mayotte avait été vendue à la France le 25 avril 1841 par son dernier Sultan, l’ancien Roi Sakalava Andriantsoly Tsilevalo du Boina ? Tsilevalo était le dernier Roi Sakalava du Boina à l’ouest de Madagascar. Vaincu par le prince Ramanetaka, commandant des troupes du Roi Radama 1er qui s’emparèrent de la ville de Majunga en 1824, Tsilevalo trouva avec sa cour refuge à Mayotte en 1831 ou il épousa une proche parente du Sultan Mwana Madi. Le fils et successeur de ce dernier, Bwana Kombo, fût écarté par Tsilevalo Andriantsoly qui hérita du sultanat en 1832. Les descendants des Sakalava, originaires de Madagascar, forment une partie substantielle de la population d’une Mayotte restée française.

Madagascar est devenue indépendante en 1960,  mais des blessures mal cicatrisées de la période coloniale de la fin XIXème – première moitié du XXème siècles, dont particulièrement les injustices et ingratitudes ayant frappé les malgaches mobilisés durant les 2 guerres mondiales 1914/1918 et 1939/1945, subsistent encore.  
Tout comme la période historiquement douloureuse de mars 1947.
Madagascar n’est-elle pas en droit d’attendre, ne serait-ce qu’au regard de l’histoire de nos populations, une intervention de l’Etat Français quand un ressortissant français Cédric Vozongo agit contre les droits fondamentaux des malgaches?

La France est et reste le premier partenaire économique et culturel de Madagascar. L’Histoire commune implique pour la France le devoir de rester aux côtés des efforts des malgaches à trouver la véritable voie pour sortir de l’extrême pauvreté la grande partie de sa population. Dont 80 % vivent aujourd’hui en dessous du seuil minimum de pauvreté avec moins de 2$ de revenus par jour !

Il ne faut pas que cette France d’aujourd’hui soit seulement celle qui défend d’abord ses intérêts et veut conserver, en entretenant de bonnes relations avec Antananarivo, un avant-poste stratégique sur l’océan Indien. Il ne faut pas que les relations de nos pays ne servent qu’à entretenir les desseins graveleux d’une élite politique malgache corrompue, indifférente au sort des 26 millions d’habitants d’un pays qu’une oligarchie a ramené au pire classement mondial de son histoire, le cinquième le plus pauvre de la planète.

Car Madagascar, à la veille d’une élection présidentielle dont le premier tour est fixé au 9 novembre prochain, connait, ces quatre dernières années de crises multifactorielles sociale, économique, sécuritaire, environnementale graves ainsi que la multiplication des atteintes aux libertés fondamentales, le tout en raison d’une mauvaise gouvernance d’une ampleur sans précédent depuis l’indépendance commise par une oligarchie rapace qui espère rempiler pour un nouveau mandat de cinq ans. Cette dernière a tout mis en œuvre pour arriver à ses fins en s’assurant le contrôle de toutes les institutions en charge de l’élection, particulièrement la Haute Cour Constitutionnelle et la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI).

La violation de la Constitution et de la Loi par les dirigeants se fait au grand jour, au vu et au su de tout le monde en toute impunité !

Le mandat du Président sortant, candidat à sa propre succession, Andry Rajoelina, est catastrophique sur tous les plans, truffé de scandales à répétition dont deux particulièrement retentissants  :

– l’arrestation de sa Directrice de cabinet Romy Voos Andrianarisoa et de son conseiller Philippe Tabuteau à Londres le 10 août dernier et inculpée par l’Agence Nationale Britannique Anti-criminalité (NCA) de tentative de corruption à l’encontre d’une société minière Gemfields, mettant à nu et depuis l’international la confirmation d’une pratique de la corruption à Madagascar jusqu’aux plus hauts niveaux de L’Etat, 

– la révélation par les médias malgaches et internationaux de la nationalité française du Président malgache depuis 2014 avec cette précision que, selon le fameux article 42 du code de la nationalité malgache, « perd la nationalité malgache le malgache majeur qui acquiert volontairement une nationalité étrangère ». Et c’est bien le cas de Andry Rajoelina, naturalisé français à sa demande, à l’âge de 40 ans, ainsi qu’il ressort d’un décret de naturalisation signé par le Premier ministre Manuel Valls et le Ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve en date du 19 novembre 2014.

Ce n’est pas la possession par un malgache de la nationalité française que prohibe la loi malgache mais plutôt le cas particulier du malgache qui, après sa MAJORITE, sollicite VOLONTAIREMENT une nationalité étrangère.
Les originaires de Madagascar et leur descendance qui justifient autrement la nationalité française jouissent légalement de leur citoyenneté malgache sauf volonté contraire de leur part. Cette volonté du législateur malgache est le corollaire de l’indépendance du pays en 1960 comme c’est le cas dans leur code respectif de la nationalité des anciens territoires français ayant accédé à leur indépendance à la même époque.
Le cœur du scandale se situe dans le mensonge de Andry Rajoelina qui, en cachant soigneusement à la population malagasy l’acquisition d’une nationalité étrangère, en l’occurrence française, lors du dépôt de sa candidature à l’élection présidentielle de 2018 savait pertinemment qu’il avait perdu sa nationalité d’origine depuis quatre ans et qu’il n’avait donc pas qualité à postuler à la magistrature suprême. Pire, il apparait du dossier que la demande de naturalisation à la nationalité française avait été formulée au cours de l’année 2013, c’est-à-dire à l’époque où il était le Chef de l’exécutif malgache en tant que Président de la Transition. De la haute trahison !

Et pourtant, il persiste et signe une nouvelle candidature à l’élection présidentielle malgache du 9 novembre prochain en manipulant le droit, la constitution mais aussi les institutions dont les membres sont inféodés à sa « cause ».

La France peut-elle se résoudre à regarder sans réaction les turpitudes de l’un de ses ressortissants qui mettent en péril la souveraineté de Madagascar et le sort de 26 millions de malagasy ?

La pandémie de Covid-19, survenue il y a trois ans, a bon dos. Au contraire elle a permis à la clique kleptomane de Cédric Vozongo de s’enrichir par le détournement des aides et aussi la production scandaleuse et la vente d’une potion fabriquée avec l’Artemisia vantée pour ses pseudos vertus thérapeutiques. Conséquence ? La pire récession de l’histoire du pays, trois fois plus grave que dans le reste de l’Afrique subsaharienne !

On évoque aussi à tout bout de champ la guerre en Ukraine pour expliquer l’explosion des prix des denrées alimentaires et de l’énergie et un taux d’inflation spectaculaire excédant les 10 %.

Les atouts et potentialités de l’île tels l’ exportation de la vanille, première au monde par sa qualité, du girofle, du litchis, se trouvent dans des situations périlleuses, à cause des politiques incohérentes qui favorisent un chouchou du Chef de l’Etat entrainant la colère des petits producteurs victimes du dépérissement des filières confiées à des non – sachant.

Alors que son mandat initié en 2019 est remis en jeu en novembre, Cédric Vozongo accuse un bilan désastreux. Ses décisions politiques se sont bornées aux lancements de projets pharaoniques stériles, tels la rénovation du stade municipal de Mahamasina pour 77 millions de US.$ sur fonds propres, ou le projet téléphérique, cadeau empoisonné financé par la France?
Ou encore le projet irréfléchi de construction d’une autoroute Antananarivo-Tamatave qui cumule les entorses au droit et aux règles de financement, aucune étude d’impact environnementale, aucun débat public préalable alors que le tracé doit traverser l’une des dernières forêts primaires de l’île.

L’élection présidentielle à venir est une opportunité pour changer le cours de l’histoire dans le bon sens. Ceci va dans les intérêts réciproques de Madagascar et de ses pays amis.
La France, l’Europe, les Etats-Unis et l’ensemble des pays occidentaux partenaires de Madagascar qui engagent la contribution de leurs propres justiciables dans l’aide au développement ont un devoir de communiquer officiellement leur position et particulièrement la France. Elle doit se positionner par rapport au comportement de l’un de ses ressortissants.
C’est même une obligation si on entend respecter les malgaches. Certes, la position africaine de la France est délicate eu égard à ce qui s’est passé au Niger, au Mali, au Burkina Faso, ou encore très récemment au Gabon. La situation à Madagascar est différente car les faits concernent un ressortissant exclusivement français.

En validant la candidature de Cédric Vozongo, la HCC a pris une décision non seulement anti- constitutionnelle, mais également contre l’éthique politique :
Pourquoi en 2016, le sénateur américain Ted Cruz favori contre Donald Trump aux primaires des conservateurs, a-t-il renoncé à sa nationalité canadienne ?
Pourquoi en 2019, M. Andrew Scheer rival de M. Justin Trudeau, a-t-il renoncé à sa nationalité américaine, qu’il avait cachée à l’opinion canadienne ?
Pourquoi en 2017, Boris Johnson, dont le père et la mère sont britanniques, a-t-il renoncé à la nationalité américaine obtenue à sa naissance aux USA, alors qu’il n’était encore que Ministre des affaires étrangères ?
C’est la nationalité française de Cédric Vozongo qui pose problème ! Cela se comprend aisément du fait de l’éthique politique et des conflits d’intérêts potentiels à ce niveau de l’Etat. Et la France peut faire comprendre cela à Cédric Vozongo.

La HCC n’aurait jamais dû valider sa candidature, au mépris des dispositions de l’alinéa 3 de l’article 45 de la Constitution qui stipule « Le président doit veiller à la sauvegarde et au respect de la souveraineté nationale tant à l’intérieur qu’à l’extérieur ». Comment un candidat possédant une nationalité autre que malgache pourrait-il respecter cette disposition constitutionnelle, sa deuxième nationalité lui liant les mains, ne serait-ce que partiellement ?

Si la candidature de Rajoelina n’est pas invalidée, Madagascar portera pour toujours dans son Histoire cette tare et les stigmates de cette validation inconstitutionnelle. Et la France en portera en partie la responsabilité.
Comment les militaires pourraient-ils accepter d’avoir comme chef suprême un Français, alors que l’Armée est le symbole d’une Indépendance retrouvée ?

Le collectif des 11 candidats contre Rajoelina représentant une frange importante des malgaches a contre eux toutes les institutions – dont la HCC et la CENI, totalement cadenassées de façon honteuse par Cédric Vazaha. Il essaie laborieusement de faire invalider la candidature de Cédric Vozongo, mais est empêché de tenir réunion dans un endroit clos tout comme de manifester pacifiquement dans la rue. Les partisans de Cédric Vozongo avaient pourtant pu le faire en 2018 !

Les malgaches patriotes ne peuvent y arriver seuls.
Un positionnement officiel de la France peut changer la donne et le cours de l’histoire.
Les malgaches ont besoin de ce soutien, et compte sur la France dans ses intérêts bien compris.

Partisans de Cédric Vozongo en 2018

 

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