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Le Journal de l'île Rouge
Politique

Présidentielles 2023 : le triomphe de la corruption, de l’argent et de la complaisance sur la démocratie

La gazette de la grande île
26/11/20238 minute read

Tel est l’intitulé du communiqué de Transparency International Initiative Madagascar, daté du 25 novembre 2023, jour de publication par la CENI des résultats provisoires du scrutin du 16 novembre 2023. Un communiqué raillant ceux de la fameuse Communauté Internationale qui affirment que « Tout va bien Madame la Marquise ».
Des fonctionnaires étrangers qui ne sont là en vérité que pour justifier leur per diem.
Nous reprenons intégralement ci-dessous le contenu de ce communiqué que nous faisons notre :

« Les résultats du scrutin présidentiel controversé du 16 novembre dernier ont été proclamés ce jour au siège de la CENI. Sans surprise – et tel qu’il l’avait annoncé il y a quelques mois – Andry Rajoelina gagne au premier tour avec 58,95% des suffrages.

🔴Les observateurs internationaux seraient unanimes en affirmant que « l’élection présidentielle du 16 novembre à Madagascar s’est déroulée sans incident majeur et a rempli toutes les normes internationales en matière électorale… Les quelques manquements et imperfections constatés ça et là ne peuvent remettre en cause de façon globale le bon déroulement et la crédibilité de cette élection. » Une telle unanimité est plus qu’inquiétante, en sachant que la bénédiction des observateurs électoraux – et par extension, de la communauté internationale – constitue l’extrême onction qui validera les résultats électoraux. 

🔴Combien de manquements et d’imperfections faut-il comptabiliser pour remettre en cause la crédibilité d’une élection ? Quel est le seuil de tolérance envers les irrégularités, le manque d’intégrité et la corruption dénoncés par de nombreux observateurs depuis le début du processus électoral ? Un hold-up, pire – un viol électoral, a été orchestré, prémédité et perpétré au vu et au su de tous, mais ceux qui avaient entre leurs mains le pouvoir de l’empêcher et de sauvegarder la dignité du peuple malgache ont choisi la complaisance et la voie de la facilité. La non-ingérence est un prétexte trop facile, à la limite du fallacieux, lorsque le sort de millions de personnes, d’une nation entière, est en jeu. La politesse du langage diplomatique et la satisfaction du service fait – des millions de dollars ou d’euros investis dans un processus capturé d’avance – ont rajouté du lubrifiant à un mécanisme de v(i)ol électoral déjà bien huilé. Tout le monde savait que la catastrophe était imminente mais la majorité, même les Evêques de Madagascar, ont choisi de fermer les yeux et de laisser faire. Ceci malgré la violence, les multiples violations des droits humains, la corruption et le misérabilisme qui ont entouré ce processus. « Quelques manquements et imperfections », donc…

🔴 Beaucoup a été dit, et des organisations de la société civile ont essayé de faire front, en documentant, analysant et dénonçant les mauvaises pratiques, afin de prévenir cette catastrophe. Ceux qui ont essayé de résister, non à des fins partisanes, mais pour essayer de défendre les libertés les plus fondamentales auxquelles les Malgaches ont aussi droit – mais qui sont systématiquement foulées au pied par les détenteurs du pouvoir, – ont été moqués et dénigrés. Les résultats électoraux proclamés ce jour ne sont pas simplement ceux des « efforts » déployés par le camp du « vainqueur », mais aussi les résultats d’un manque patent de culture démocratique, de la faiblesse de la conscience civique collective et de la misère (dans tous les sens du terme) ambiante.

🔴 Le désespoir serait de mise, non parce que tel ou tel individu a « gagné », mais parce que l’acceptation de ces résultats équivaut à l’acceptation et à la légitimation du processus et de toutes ses irrégularités. Ce sont l’absence totale d’éthique dans l’organisation de ces élections, et le sentiment de s’être totalement fait abuser, qui suscitent l’indignation et la colère – elles aussi réprimées par le chef d’Etat par intérim dont l’indélicatesse des méthodes n’est plus à démontrer. Les gardes à vue abusives et le harcèlement judiciaire de syndicalistes, tout comme la répression de toute contestation ces derniers jours et mois en attestent. L’acceptation de ces résultats signifie aussi la reconnaissance de l’exploitation de l’extrême pauvreté comme technique ultime pour gagner des élections à Madagascar, et c’est intolérable.

🔴 Mais le désespoir ne triomphera pas, car Madagascar et les Malgaches méritent mieux. La résistance doit s’organiser, non contre un individu, un camp politique ou une couleur, mais contre l’illégalité et la capture totale de l’Etat par des intérêts privés et par le diktat de l’argent. Transparency International – Initiative Madagascar continuera à œuvrer pour plus de transparence, d’intégrité et de redevabilité, et à se dresser contre la corruption, quelles que soient les circonstances, quels que soient les dirigeants (ou les opposants). Que chacun prenne également ses responsabilités et agisse en conséquence.  Ho an’ny Tanindrazana« .

Seul commentaire du journal : le communiqué se termine par la devise de l’Académie Militaire d’Antsirabe « Ho an’ny Tanindrazana » (Pour la Patrie).
Nous respectons trop les membres de cette ONG pour penser que ce n’est que le fruit du hasard. Est-ce un appel en filigrane aux officiers sortis de cette Académie, afin qu’ils prennent enfin leurs responsabilités de refuser d’avoir un Vazaha comme chef suprême ?

De la même veine, nous reproduisons également l’analyse de M. Misa Razafindrakoto, un magistrat au conseil d’Etat-Cour suprême de Madagascar, que vous pouvez suivre sur sa page Facebook.
« Il n’y a rien de surprenant dans le fait que ces « usurpateurs des pouvoirs constitutionnels » – porteurs d’un projet totalitaire – imposent l’intronisation de la personnalité à laquelle ils vouent un culte.

La publication (ce 25 novembre 2023) des résultats provisoires du « simulacre d’élection » qu’ils ont forcé le 16 novembre 2023 n’est que l’une des suites logiques des procédés mafieux et sans foi ni loi de ces détenteurs de pouvoirs constitutionnels usurpés.

Mais en réalité, la majorité de la population n’accepte pas et n’entérine pas ce simulacre d’élection à l’égard duquel elle a d’ailleurs massivement exprimé son rejet, en ne participant pas au scrutin.

Et même si l’on s’en tient aux chiffres issus irrégulièrement du simulacre d’élection organisé par ces usurpateurs, moins d’un Malgache sur dix semble avoir donné sa voix pour le « citoyen étranger » qui se trouve aux commandes de ce système totalitaire.

La population de Madagascar se bat – avec comme seuls moyens la paix et un silence assourdissant – contre des usurpateurs des pouvoirs et des forces du « désordre » dont la légalité et la légitimité reposent substantiellement sur la terreur, l’usage de la force crapuleuse, les intimidations, les arrestations arbitraires, les atteintes graves au droit à la vie et à la dignité de la personne, les chantages, la corruption, et tous les autres moyens « crapuleux » à leur portée.

Il ne faut pas que les citoyens et le droit se soumettent à la force crapuleuse de ces usurpateurs de pouvoirs constitutionnels.

Il revêt une importance capitale que les citoyens défendent ensemble l’État de droit et la démocratie« .

Ce magistrat prépare actuellement une thèse doctorale très intéressante sur le concept de gouvernance démocratique, dont vous pourrez lire le résumé sur le site ci-après :

https://www.theses.fr/s342641

Qu’un magistrat en exercice de cet acabit ose briser le silence et écrire sa vérité, telle qu’il la vit, est porteuse d’espérance pour le futur de Madagascar.

Quant à la Communauté internationale, cessons de croire qu’elle règlera nos problèmes (pour s’abriter derrière ce qu’ils appellent non-ingérence). Les Malagasy devraient savoir ne compter que sur eux-mêmes pour résoudre leurs problèmes.
Cette Communauté Internationale a commencé à mettre leur nez dans nos affaires intérieures lors de la crise de 2002, dont nous connaissons la suite : Ra8 a renié sa propre signature de Dakar II et a imposé sa solution.
De même en 2009, Cédric Vazaha avait renié la signature qu’il avait apposée à Maputo et a imposé le gouvernement unilatéral de Camille Vital au détriment du « pauvre » Eugène Mangalaza, pourtant proposé par la mouvance Ratsiraka, allié de Rajoelina à l’époque.

« Compter sur ses propres forces », slogan utilisé communément pendant la 2ème République, à l’image du « Djoutché » des Nord-Coréens.
Autrement dit « Aide-toi, et le Ciel (Communauté Internationale) t’aidera ». Les Malagasy devraient enfin comprendre cela et ne pas tout le temps prendre à témoin cette Communauté Internationale et compter sur elle pour dénouer ses crises.

Et s’il le faut, n’ayons pas peur d’utiliser la force et les forces ! Cela ne doit pas être le monopole de Cédric Vazaha et de sa clique.

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