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Le Journal de l'île Rouge
Edito

Beaucoup de recyclages pas vraiment écolos

La gazette de la grande île
18/01/20247 minute read

Un titre accrocheur de notre confrère en ligne Madagascar Tribune , pour cet article écrit par ses journalistes vedettes Ndimby A. et Patrick A.
Et les commentaires ne sont pas en reste, comme celui qui écrit sous le pseudo Dadabe ou Voltaire :  » Beau duo !
Ndimby A., Patrick A : un beau duo de choc pour remonter le niveau de MT.com ! Votre ’’Dadabe préféré’’ s’en félicite et s’il a décidé de prendre une fois encore la tangente pour vivre de nouvelles aventures, loin des miasmes des rues de Tana, il va suivre avec attention les billets de ces deux-là qui connaissent bien le marigot malgache. Merci à vous, messieurs ! Et même si je ne suis pas toujours d’accord, merci quand même et soyez assurés de mon entier (mais bien impuissant) soutien ! Oui, en d’autres temps, je me hasardais parfois à emprunter le pseudo de ’’Voltaire’’… CQFD
« .

« https://www.madagascar-tribune.com/Beaucoup-de-recyclages-pas-vraiment-ecolos.html

Il faut reconnaître que sur le papier, le gouvernement Ntsay qui a été présenté dimanche semble a priori avoir fière allure : de nombreux technocrates, plusieurs titulaires d’un doctorat, des majors de promotion dans leurs disciplines, des jeunes au parcours séduisant. On constate qu’il y a deux viviers qui montent en puissance : l’Université catholique de Madagascar et le clan des réputés proches de l’homme d’affaires Mamy Ravatomanga. La seule question qui se pose est la marge de manœuvre de ces technocrates, avec un pouvoir présidentiel hyper-puissant et centralisateur, qui fait que même le Premier ministre est réduit au rang de marionnette. À cet égard, alors que des ministères comportent les mêmes attributions dans leurs intitulés, l’institution de secrétariats d’État auprès de la Présidence en charge de l’économie, du commerce, de l’artisanat ou de la jeunesse pourrait être considérée comme défiant la raison, si elle n’était avant tout révélatrice. Il est vrai qu’après une campagne électorale, il faut multiplier les parts de gâteau à partager pour limiter le nombre de frustrés.

Vieilles planches pour nouveau meuble

Équipe a priori séduisante donc, mais a priori seulement. En effet, une fois que l’on gratte sous le vernis de la nouveauté, on s’aperçoit qu’il y a quand même une forte proportion de vieilles planches pour essayer de construire un nouveau meuble. Plus de la moitié du Gouvernement est composée de revenants. Parmi eux, la nomination du bien connecté Naina Andriantsitohaina suscite des interrogations : incapable de gérer correctement la Capitale en tant que Maire, il a été catapulté ministre de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire. Ce n’est pas vraiment qu’il ait été pire que ses prédécesseurs : le problème est justement qu’il n’ait pas été meilleur. Et ce, malgré ses rodomontades et la propagande électorale qui disait que les problèmes seraient résolus une fois que la Capitale aurait un édile de la Capitale aux mêmes couleurs politiques que le régime central. Un maire n’ayant pas convaincu dans l’aménagement d’une seule ville peut-il être un ministre de l’Aménagement performant pour tout un pays ?

Aux côtés de Naina Andriantsitohaina, le retour de plusieurs personnalités au profil largement plus politique que technique, et au bilan discutable, conforte l’impression de plat réchauffé. Le jeu de chaises musicales entre Augustin Andriamananoro et Lalatiana Rakotondrazafy prête à sourire de par les âpres négociations qu’on devine en coulisses. Par ailleurs, le maintien à leurs postes d’Edgard Razafindravahy et de Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison confirme le poids de certains lobbys économiques. Quant à l’ancien Commandant de la Gendarmerie nationale, le général Rakotondrazaka, il a été récompensé de son efficacité dans la répression des manifestations de l’opposition avant le premier tour de la présidentielle. On se demande toutefois avec amusement ce qu’il en est advenu de ceux qui se sont mis au plus offrant pour rejoindre l’Upar : était-ce un coup pour rien, ou le meilleur est-il encore à venir ? Comme dirait l’autre, dia niandry teo i Paoly, fa tsy izy no nandrasana.

Paroles, paroles, paroles…

Pour tenter de convaincre de sa bonne volonté, Andry Rajoelina a souligné les innovations apportées au processus de désignation des ministres : tests, exposés, grand oral, tests psychométriques. L’idée de base aurait été de vérifier leur compétence, leur maîtrise du domaine, et leur intégrité. Cela part d’un bon sentiment, même si on ne peut qu’être perplexe en pensant que le premier qui aurait probablement échoué à ce processus est le chef de l’État lui-même si on avait appliqué à son encontre ces méthodes méritocratiques. Heureusement pour lui que le niveau d’instruction de la majorité des électeurs la rend sensible au werawera. En parlant justement de werawera, la présentation des membres du gouvernement a aussi donné lieu à une folklorique prestation de serment. Les serments, c’est comme les promesses et les velirano : cela n’engage que ceux qui y croient.

Cette nouvelle équipe serait-elle la dream team qui pourra redresser Madagascar ? Jusqu’à preuve du contraire, force est d’en douter. La folie, disait Einstein, est de répéter la même chose et de s’attendre à un résultat différent. Dans la mesure où rien ne change dans le contexte, avec le même chef d’État, le même Premier ministre, le même environnement, les mêmes réseaux occultes et influents aux bras tentaculaires comme une pieuvre (en italien, camorra), le tout aggravé par l’arrogance que va générer une victoire au premier tour, même obtenue par des bricolages anti-démocratiques. Si ces paramètres restent les mêmes, la lucidité appelle à s’abstenir de fantasmer, jusqu’à preuve du contraire. Car si la beauté d’une équipe sur papier en faisait automatiquement une machine à gagner, il y a longtemps que le PSG aurait été champion d’Europe ».

Ces ministres vont-ils pouvoir travailler en équipe ?

Le 24 janvier 2019, soit seulement 5 jours après sa 1ère investiture, Cédric Vazaha (oui, il était déjà vazaha à l’époque, mais l’avait soigneusement caché à la population) dévoilait la liste de son gouvernement. Ce qui sous-entendait que c’était une équipe qui s’était préparée à l’avance, contrairement au nouveau gouvernement, lequel a nécessité un appel à candidatures et le recours à un cabinet comme pour le recrutement d’un DG de société d’Etat ou de haut fonctionnaire. Sauront-ils travailler en équipe ? Malgré la structure gouvernementale qui ne semble pas s’y prêter, avec des secrétariats d’Etat auprès de la présidence.
Comment s’articuleront par exemple le travail de la ministre de l’Economie et des finances et celui du secrétariat auprès de la présidence en charge de l’économie et du plan ?

Quant au rang protocolaire, l’agriculture et l’élevage ne figurent qu’en 9ème position, alors que ce département concerne 75% de la population.
L’énergie et les hydrocarbures n’arrivent qu’en 17ème position, et l’Eau en 21ème position. Et les mines en 23ème position.
Quant à l’environnement et le développement durable, il est relégué en 26ème priorité !

Alea jacta est !

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