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Le Journal de l'île Rouge
La une

Sa nationalité française poursuivra Cédric Vazaha tout au long de son mandat

La gazette de la grande île
21/01/202413 minute read

« La malnutrition est un droit fondamental et non un privilège ». « J’ai demandé la naturalisation par filiation ».  Ces phrases cultes prononcées par Rajoelina devant un parterre de publics avertis internationaux avaient fait sourire les auditeurs, excepté les Malagasy qui s’étaient faits tout petits, rouges de honte. Vous pouvez les réécouter sur les sites :
ICI  et ICI .
Dans cet interview réalisé par les journalistes de France 24 et RFI, Marc Perelman et Laurent Correau, Cédric Vazaha affirmait avec force que le débat est clos sur sa perte de la nationalité malagasy, parce que le code de Nationalité malagasy admettait la binationalité, et que cela ne posait aucun problème à la population malagasy sinon à l’opposition.
Quel mépris affiché par Cédric Vazaha qui n’a pas appris et ne connaît pas l’Histoire de son pays, et s’était permis de dire dans le passé des contre-vérités. Balayer d’un revers de la main les luttes menées par le VVS ou les insurgés de 1947 pour ne citer que celles-là !Et oser encore parler du patriotisme qui coule dans ses veines ! Sait-il seulement ce que patriotisme signifie ?
On lui passe volontiers ses fautes grammaticales lorsqu’il affirmait que Shimon Peres était d’origine « polonais » , Obama d’origine « Kényan » et Sarkozy d’origine « français ». Il n’a jamais eu son Bacc, et ce « petit bout de papier » n’a aucune importance, tout comme sa carte d’identité française n’est qu’un bout de papier de 8 cm !

Néanmoins, il tient à ce bout de papier et n’ira pas de son propre gré à renoncer à la nationalité française, comme le sénégalais Karim Wade l’a fait quand bien même il ne l’avait pas demandée. Ce dernier était né français de par sa mère qui est française. En tout cas, la diffusion de cette nouvelle avait jeté la panique au palais d’Iavoloha.

Et l’entourage de Cédric Vazaha s’est plongé dans les arcanes  du droit français, en particulier l’article 23-8 du code civil français ICI :

2/ La perte de la nationalité française pour manque d’effectivité de la nationalité française

Il s’agit des cas de perte de la nationalité française prévus par les articles 23-7 et 23-8 du code civil.

  • L’article 23-7 du code civil concerne l’exercice actif par un Français d’une nationalité étrangère.

L’article 23-7 du code civil prévoit en effet que « le Français qui se comporte en fait comme le national d’un pays étranger peut, s’il a la nationalité de ce pays, être déclaré, par décret après avis conforme du Conseil d’État, avoir perdu la qualité de Français ».

La jurisprudence du Conseil d’État suggère que ce cas de perte n’est pas ouvert par l’exercice ordinaire des droits afférents à la double nationalité mais est réservé au cas d’actes contraires aux intérêts de la France commis par l’intéressé.

  • L’article 23-8 du code civil concerne l’emploi d’un Français dans un service public étranger.

L’alinéa 1er de l’article 23-8 du code civil prévoit que « perd la nationalité française le Français qui, occupant un emploi dans une armée ou un service public étranger ou dans une organisation internationale dont la France ne fait pas partie ou plus généralement leur apportant son concours, n’a pas résigné son emploi ou cessé son concours nonobstant l’injonction qui lui en aura été faite par le Gouvernement ».

Cédric Vazaha, qui tient absolument à ce « petit bout de papier », est donc à la merci totale du gouvernement français. Cédric Vazaha ne pourra plus faire le fanfaron et réclamer le retour de la souveraineté malagasy sur les îles éparses. Autrement dit, il ne pourra pas « veiller à la sauvegarde et au respect de la souveraineté nationale tant à l’intérieur qu’à l’extérieur », contrairement à l’alinéa 3 de l’article 45 de la Constitution.
Cela suffirait, dans un Etat de droit, à disqualifier Cédric Vazaha du titre de président de la République. Mais héla s Madagascar est loin d’être un Etat de droit et a des hauts magistrats indignes à l’image de Florent flamants roses.

Nous reproduisons ci-dessous le blog de la journaliste Erika Colognon, paru sur le site de Médiapart, intitulé « Président en Afrique : quand binationalité et Constitution ne font pas bon ménage.

ICI

« Quand la Constitution ne permet pas aux candidats aux élections présidentielles une seconde nationalité bien ou mal acquise, la classe politique et la société civile s’insurgent.

 Plusieurs pays d’Afrique ont dans leur Constitution des critères précis au sujet de la nationalité des prétendants à l’accession, en ce qui concerne les candidats aux élections présidentielles. Le Sénégal, ou encore Madagascar en font notamment partie.

Désigné comme étant «le ministre du ciel et de la terre» sous la présidence de son père Abdoulaye Wade, Karim Wade voulant se présenter à son tour se voit être confronté à un obstacle de taille, sa seconde nationalité.

Sur le réseau social X, les internautes ont manifesté leur mécontentement et ont réclamé que les oppositions comme la société civile se mobilisent.

Karim Wade avait alors déclaré avoir renoncé à sa nationalité française, qui l’empêchait de déposer candidature. C’est à trois jours de la validation finale des candidatures que le député Thierno Alassane Sall a déposé dès le mardi 16 janvier, un recours devant le Conseil constitutionnel afin de l’invalider. Au porte-parole du député de déclarer que le décret du Ministère de l’intérieur français publié au journal officiel à la date du mercredi 17 janvier ne changeait rien, car Karim Wade avait menti lors du dépôt du dossier en candidature le 23 décembre.

Cette accusation a été immédiatement réfutée par le camp Wade, qui a confirmé que le concerné n’avait déjà plus la nationalité française au moment où le dossier a été déposé, sans pour autant fournir d’autres explications ou preuves à l’appui.

  

Son père avait essuyé les mêmes difficultés alors que depuis 1992 la Constitution sénégalaise fait obligation à tout candidat à l’élection présidentielle d’être «exclusivement de nationalité sénégalaise.»

Avec pour seul garantie une attestation sur l’honneur, certains responsables de l’Alliance pour la République avaient crié au parjure et à la haute trahison. Jeune Afrique à ce sujet a publié un article indiquant que le porte- parole du PDS détaille qu’Abdoulaye Wade, né avant l’indépendance, «  fût citoyen français de naissance avant de se défaire de cette nationalité au moment de repasser l’agrégation à titre étranger. » Le journaliste cite l’intéressé, expliquant que l’ex président avait diffusé un texte dissertant sur les nuances entre bi-nationalité et double nationalité, «  sans toutefois clarifier son propre état civil ». 

Madagascar vient de rencontrer une actualité que l’on peut penser similaire, mais il réside une différence majeure.

Le président Andry Rajoelina nouvellement réélu a obtenu sa seconde nationalité en 2014, selon les documents attestant de sa naturalisation française, publiés au journal officiel et signés de la main de Manuel Valls, alors Premier ministre du gouvernement Hollande.

Il s’est maintenu candidat et a d’ailleurs depuis, remporté les dernières élections présidentielles.

Alors que le code de la nationalité mentionne que l’acquisition volontaire d’une nationalité étrangère fait systématiquement perdre la nationalité malgache, l’affaire portée au-devant de la Haute Cour Constitutionnelle s’est vue retoquée par la décision suivante : se déclare « non compétente pour dire et juger que M. Andry Rajoelina a perdu la nationalité malgache ».
Techniquement et dans l’éventualité où obtenir une seconde nationalité ferait effectivement perdre la première, le concerné ne serait donc plus malgache de nationalité et pourtant à la tête de Madagascar. Dans cette hypothèse, Madagascar aurait donc un président qui ne détiendrait uniquement qu’une nationalité, étrangère à celle du pays qu’il gouverne.

   

                                                              

Mais comment a-t-il obtenu cette seconde nationalité, quand un citoyen lambda étranger en France peut passer toute une vie sur le territoire et tenir sur une carte de résident de longue durée ou des titres de séjours à répétition pour seules solutions.

Le quotidien Le Monde, révèle que «cette nationalité française aurait été obtenue sous la condition qu’il se retire de la vie politique quatre années après le changement de pouvoir extra constitutionnel», passé au forceps par un directoire militaire.

Manuel Valls a-t-il «donné» cette nationalité totalement à l’extérieur du processus qui s’applique à tous? Il y’a-t-il pour Manuel Valls, des citoyens dont les droits sont supérieurs à ceux des autres?

On se rappelle des négociations serrées et orageuses autour et depuis le basculement du pouvoir de Marc Ravalomanana à Andry Nirina Rajoelina. Basculement qui avait provoqué plusieurs fusillades, des tirs à balles réelles en plein jour sur des civils ainsi que l’exil forcé de Marc Ravalomanana.

Cette phase extrêmement douloureuse pour la nation malgache avait éprouvé la communauté internationale tant elle s’est étendue dans le temps, celle-ci avait exclu l’île continent, et cette crise a précipité un pays à politique déjà sensible, dans l’abîme.

Est-ce qu’un événement politique tel à donné lieu à cette «tractation» d’État à individu, quand la nationalité d’un pays étranger devient monnaie d’échange.

À ces questions alors posées, le président de Madagascar en exercice a qualifié sa nationalité française de «bout de papier» en ajoutant qu’il avait été «naturalisé par filiation», et qu’il l’avait fait pour faciliter l’installation de ses enfants pour leurs études. Bien loin donc de la notion de désir d’appartenance aux valeurs républicaines françaises, ou de devenir un citoyen de droit mais aussi de devoir, redevable envers la nation et acteur de la grandeur de celle-ci.

La naturalisation et l’acquisition de la nationalité française par filiation sont deux choses aucunement cumulables. Le concerné ici risque de semer l’incompréhension, car la filiation est le droit du sang «quand l’un des parents au moins est français au moment de la naissance de l’enfant». N’étant pas dans ce cas, au désormais président Rajoelina d’ajouter qu’il l’avait eue de son grand-père qui en serait détenteur.

Cette question est d’importance, et c’est depuis le site web de L’ADFE que le sénateur représentant des français établis hors de France apporte éclairage. Il spécifie que, concernant l’acquisition par filiation de grands-parents à petits-enfants ce raisonnement est erroné et que de graves erreurs d’interprétation sont commises.

Il souligne «qu’en droit l’acquisition de la nationalité concerne les étrangers qui souhaitent devenir français et non les français par filiation qui eux, se voient attribuer la nationalité, c’est à dire qu’ils l’a possèdent depuis la naissance (la tenant de l’un des deux parents au moins). Il est donc juridiquement erroné d’évoquer «l’acquisition de la nationalité par filiation». La nationalité française par filiation doit se transmettre via une chaîne ininterrompue de filiation.»

Hasard du calendrier face à ce sujet d’actualité, alors que depuis l’Elysée, le chef de l’état français Emmanuel Macron a souhaité, lors de la conférence de presse donnée le 16 janvier, notamment insuffler le vent du «Réarmement civique», défini comme le renforcement de la notion d’attachement et d’appartenance à la République française, son hymne national, ses valeurs et traditions.

Si cette nationalité n’est «qu’un bout de papier» pour le président malgache, comment mesurer sa qualité citoyenne et républicaine, comment ne pas se dire que son approche s’applique également à la nationalité qu’il a possédée avant, c’est à dire la nationalité malgache?

Un chef d’État qui dénigrerait une nationalité publiquement, porterait atteinte à celle-ci. Sa situation exceptionnelle et sa position de chef de la nation le pose en garant de l’unité, de la cohésion au travers des valeurs, traditions qui en sont fondations. Pourquoi ces valeurs ne s’appliqueraient-elles pas à chacune des nationalités dont il dispose.

Les présidents de la république en Afrique qui se verraient être dans une position contraire à ce que la Constitution du dit pays pourrait permettre ou non, sont quelques fois confrontés à la justice, et il semble que selon les pays, cette justice parvient ou non à se prononcer et à remplir sa fonction première.

Une question plus que déterminante : pour quelle raison un candidat ne pourrait-il pas subir un contrôle simple et obligatoire, une formalité, des diverses nationalités dont il dispose, vu les fréquents cas posant problèmes et l’impact négatif que cela a sur la confiance qu’un peuple doit avoir envers son serviteur. La déclaration sur l’honneur ne semble pas être suffisante sur telle question.

La récente élection présidentielle à Madagascar a généré beaucoup de réactions qui ont inquiété le société civile, mais aussi des personnalités politiques de renom. Le manque de transparence ou de respect des règles en auraient été les premières causes.

«Une élection présidentielle est censée être une occasion de choisir librement nos dirigeants, d’exercer notre souveraineté et d’affirmer notre indépendance en tant que nation. Cependant, il est devenu évident que cette élection est loin de refléter ces idéaux». A déclaré Annick Ratsiraka, fille de feu le président de la République Didier Ratsiraka. Elle a retiré sa candidature en réaction.

«En 2018, lorsqu’il a déposé sa candidature à l’élection présidentielle, il a sciemment dissimulé cette acquisition donc il a menti au peuple malgache», a déclaré Maître H.Razafimanantsoa, députée de l’opposition.

«La justice à été compromise, notre souveraineté nationale bafouée, les principes démocratiques violés, et les intérêts personnels ont pris le pas sur l’intérêt du peuple», a déclaré le secrétaire du parti AREMA. 

 

Contrairement à l’affirmation de Cédric Vazaha , le débat n’est pas clos.
Même s’il est soutenu par la France qui a tout intérêt à avoir un larbin à ses ordres, Cédric Vazaha a tort de minimiser les sentiments profonds des Malagasy. Cela ne saurait tarder et viendra le jour où la France comprendra enfin, qu’à l’instar de ce qui se passe dans quelques pays d’Afrique, cela risque de virer à une antipathie vis-à-vis des Français et de la France, exacerbée par l’arrogance des Karanas français. Qui s’accaparent de nombreux terrains dans toute l’île ! Et pour les Malagasy, le Tanindrazana est sacré, et ils veulent laisser à la génération future un Tanin-zanaka.

A bon entendeur salut !

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