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Le Journal de l'île Rouge
Politique

Le gouvernement doit ouvrir une enquête judiciaire sur « l’affaire Romy Voos Tabuteau »

La gazette de la grande île
15/02/20249 minute read

Romy Voos avait été arrêtée à Londres le 10 août 2024. Pure coïncidence que cela se soit passé un 10 août ! Ou bien serait-ce le début de la fin du régime de Cédric Vazaha ?
-10 août 1991 avait marqué l’Histoire de Madagascar, par la marche des Hery Velona vers le palais présidentiel d’Iavoloha. C’était le début de la fin du régime de Deba.
-La journée du 10 août ou l’insurrection du 10 août 1792 est également une journée historique pour la France. Les « révolutionnaires » avaient pris d’assaut le palais des Tuileries, résidence du roi Louis XVI. La monarchie constitutionnelle fut abolie quelques mois plus tard, le 21 septembre 1792.

Cédric Vazaha s’est contenté de publier un communiqué laconique, après l’arrestation de Romy Voos.

COMMUNIQUE DE PRESSE

La Présidence de la République de Madagascar a pris connaissance de l’affaire dont fait l’objet la Directrice de Cabinet. Une procédure d’enquête est diligentée à son endroit par les autorités britanniques dans le but d’établir la véracité des faits qui lui sont reprochés.
Il est à noter que Madame Romiary ANDRIANARISOA a officiellement pris ses droits de congé du Mercredi 09 Août 2023 jusqu’au 22 Août 2023. Ainsi, les autorités malagasy ignorent les raisons de son déplacement au Royaume-Uni.
La Présidence de la République de Madagascar rappelle que toute personne au service de l’Institution s’engage à respecter en premier lieu les valeurs de la République.
En effet, à travers les réformes menées dans le cadre du renforcement de la Bonne gouvernance à Madagascar, Son Excellence Monsieur le Président de la République reste fermement attaché à la notion d’éthique dans la conduite des affaires de l’État et à lutter contre la corruption sous toutes ses formes.
Au vu de la situation, Madame Romiary ANDRIANARISOA est relevée de ses fonctions avec effet immédiat.
Les autorités malagasy suivront avec la plus grande attention les avancées de cette enquête. En vertu des dispositions relatives aux relations bilatérales entre Madagascar et le Royaume-Uni, nous sommes convaincus qu’une franche collaboration permettra de mettre la lumière sur cette affaire et faire prévaloir la vérité.

Présidence de la République de Madagascar
Direction de la Communication et des Relations Publiques
14-08-2023

Bref, « Circulez, il n’y a plus rien à voir ». Les autorités malagasy se contenteront de « suivre avec la plus grande attention les avancées de cette enquête« . Cédric Vazaha n’entend pas ouvrir une enquête judiciaire à Madagascar, alors qu’il s’agit d’une affaire de corruption, contre laquelle Cédric Vazaha dit vouloir mener une lutte sans merci.
Combien de fois Cédric Vazaha a-t-il répété « qu’avec lui ce sera tolérance zéro contre la corruption » ? Et selon  le Velirano n°3 « La lutte contre la corruption et une justice équitable » ? Cédric Vazaha en avait parlé en décembre 2018, alors qu’il n’avait pas encore été investi président de la République :  https://www.bbc.com/afrique/media-46562200 .

Un mois après son investiture, lors du conseil des ministres du 20 février 2019, il avait encore dit à ses ministres « Tolérance zéro et sanctions exemplaires envers les faits de corruption « . Il avait alors nommé Mme Sahondra Rabenarivo « Madame Intégrité », c’est-à-dire présidente du Comité pour la Sauvegarde de l’Intégrité (CSI).
Le ministre de la Justice avait alors annoncé « la fin de l’impunité »

Il est surprenant que ce CSI n’interpelle pas Cédric Vazaha, afin que la Justice malagasy ouvre une enquête judiciaire sur cette affaire Romy Voos/Tabuteau. D’autant plus que les noms d’autres investisseurs avaient été cités par Romy. A se demander si elles n’avaient pas également été victimes de faits de corruption ?

Pour l’affaire des 73 kg d’or saisis en Afrique du sud par exemple, 22 accusés avaient comparu devant le PAC. Les 3 passeurs , en liberté provisoire en Afrique du Sud, avaient été condamnés par contumace. 6 autres avaient été condamnés à des amendes et à des peines de prison .
On se demande d’ailleurs où en est cette affaire.

La Cour des Comptes avait sorti un rapport détaillé sur le secteur aurifère. Malheureusement, ce rapport restera classé dans les archives sans que l’administration ne l’exploite, tout comme ses autres rapports. Ainsi en fut le rapport sur l’utilisation des fonds Covid.
Il est bien dommage que cette Cour ne puisse entamer de poursuite judiciaire! Il faudrait peut-être changer les textes pour le permettre.
ICI

Schéma tiré du rapport de la Cour des Comptes

De la même veine ! Rinah Rakotomanga avait avoué auprès de l’Inspection Générale de l’Etat avoir falsifié un appel d’offres. Elle n’avait pas été inquiétée outre mesure. En revanche, quelques semaines plus tard, le directeur de l’IGE avait été limogé.
L’entourage présidentiel semble bien protégé par la Justice, au contraire des Rolly Mercia, ou des Lola, sur lesquels on s’acharne et pour lesquels on a même monté de fausses accusations.

Par ailleurs, Romy Voos était une figure emblématique du GEM (Groupement des Entreprises de Madagascar): elle était présidente de la commission développement durable et éthique des affaires. Ci-après un des interview qu’elle a donné à ce titre ICI .

 Romy Voos avait salement écorné l’image du patronat malagasy, le fait d’avoir été présidente de la commission Ethique des Affaires étant une circonstance aggravante.
Une démarche normale et logique aurait été le dépôt d’une plainte contre elle, afin de ne pas être taxé de pratiquer l’entre soi ! Il n’est pas trop tard pour bien faire.


Romy Voos présidente de la commission développement durable et éthique des affaires

En complément de cet article, nous reproduisons celui de nos confrères Ndimby et Patrick du journal en ligne Madagascar Tribune.
ICI .

« Ce qui nous gêne dans l’affaire Romy…

mardi 13 février | Ndimby A., Patrick A.

Les regards se tournent actuellement vers Londres où se déroule le procès de Romy Voos Andrianarisoa, ancienne directrice de cabinet du Président de la République Andry Rajoelina. Celle-ci a été arrêtée à Londres le 10 août dernier, dans le cadre d’une procédure de flagrant délit, suite à des accusations de corruption portées par la multinationale britannique Gemfields qui avaient amené la police à mettre en place des écoutes et à faire passer un de ses agents pour intermédiaire.

Pour la Grande Bretagne, l’affaire est innovante car c’est la première fois que la National Crime Agency (NCA) utilise une loi britannique, votée en 2010, qui facilite les poursuites judiciaires pour corruption passive. Pour Madagascar, l’affaire Romy n’est juste qu’un scandale de plus dans ce que nous avons vu depuis des années concernant les hiérarques au pouvoir. Depuis le coup d’État de 2009, ceux-ci ont eu maintes occasions de démontrer le peu d’importance qu’ils accordent à la démocratie, à l’État de Droit et au respect des valeurs morales et éthiques. Par conséquent, l’affaire Romy ne nous étonne pas plus que ça.

Par contre, ce qui nous gêne vraiment dans l’affaire Romy, c’est de se demander ceci : pour cette affaire précise qui éclate au grand jour, combien d’autres du genre sont passées entre les gouttes ? Pour une “Romy” attrapée, combien d’autres personnes utilisent leur proximité ou leur présence avec le pouvoir pour en abuser, mais échappent en toute impunité à la Justice ?

Ce qui nous gêne aussi vraiment dans l’affaire Romy, c’est que cette affaire n’aurait jamais pu éclater à Madagascar. Il a fallu que les faits se passent dans l’État de Droit qu’est le Royaume-Uni, où la Justice n’est pas influençable par l’Exécutif sur un simple coup de fil. Aucune entreprise victime de racket à Madagascar n’aurait osé porter plainte, surtout si quelqu’un de la Présidence de la République est impliqué. Quand on sait ce qui arrive à ceux qui prennent des photos de talon de bagage présidentiel, ou qui montrent un pouce renversé au passage du cortège présidentiel, bien présomptueux qui irait traîner devant un tribunal un membre de l’entourage présidentiel.

Par ailleurs, ce qui nous gêne vraiment dans l’affaire Romy, c’est qu’à travers le cas Philippe Tabuteau, on a la confirmation de la présence de certains vazaha louches dans les cercles du pouvoir, payés pour servir de sherpas dans certains domaines, mais qui se révèlent n’être que des affairistes douteux, voire des suppôts de la françafrique. Dans les coulisses d’un pouvoir toujours aussi friand de maquettes qui brillent de mille feux, ces rabatteurs d’affaires se multiplient et rivalisent entre eux, sans qu’aucun débat sur l’intérêt économique des projets qu’ils présentent ou leurs impacts environnementaux et sociaux puisse avoir lieu publiquement.

Finalement, le fait que Romy mette Madagascar à la Une internationale de façon négative ne nous gêne pas plus que cela. On serait même tenté d’avoir une certaine reconnaissance pour Gemfields qui a fait éclater au grand jour certaines pratiques qui se déroulent trop souvent sous un couvercle hermétique et opaque, jalousement protégé par les chefs des forces de répression, certains juges à la solde du pouvoir, ainsi que les zélés mais peu démocratiques services de lutte contre la pseudo-cybercriminalité.

En dehors de ses éventuels complices, voire commanditaires, il n’y a donc aucune raison de verser une larme pour Romy Voos Andrianarisoa au nom d’un corporatisme national dont la patrie commune serait le prétexte. Ce qui lui arrive ne concerne pas Madagascar, mais elle et son clan. Hélas pour elle, vae victis, malheur aux vaincus. Seuls ceux qui réussissent leur mission sans faire de vagues obtiennent le soutien visible de la famiglia. « 

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