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Le Journal de l'île Rouge
Edito

Candidature de M. Hery Rajaonarimampianina à la tête de la Commission de l’Union Africaine :Diplomatie intelligente, un oxymore ? Editorial du lundi 15 avril par | Lalatiana Pitchboule

La gazette de la grande île
15/04/20245 minute read

Hery Rajaonarimampianina, l’ancien Président de la République Malgache, voyait se dessiner favorable-ment l’accès au prestigieux fauteuil de Président de la Commission de l’Union Africaine. Globalement adoubé par les acteurs politiques malgaches et africains, il jouissait d’une réelle légitimité internationale, avec en particulier le soutien diplomatique des Comores et de Maurice qui devait asseoir l’influence de la région Océan Indien dans l’institution africaine.

Raté… Deux fois raté… Il avait besoin pour réaliser cette ambition, du soutien et du parrainage de l’Etat malgache et de son président Cédric Andry Rajoelina 1er. Raté … Encore raté… Ce dernier, aux abonnés absents, a boudé son soutien et laisse ainsi la voie libre au candidat djiboutien, Mahamoud Ali Youssouf, dont l’Etat de Djibouti vient de porter le dossier pour succéder au Tchadien Moussa Faki à la tête de la commission de l’U.A.

Cette expression d’une absolue mesquinerie politique trahit une incapacité de dépasser les rivalités politiques internes, dépassement qu’exigerait la sauvegarde de l’intérêt supérieur du pays. Privilégier les animosités personnelles ou partisanes à la vision d’ensemble et au bien commun, reflète une incroyable immaturité politique. Préférer de prétendus gains politiques à court terme au détriment des bénéfices à long terme d’une représentation influente sur la scène internationale, dénote un manque absolu de vision diplomatique et une ignorance crasse de l’importance de la diplomatie et des alliances stratégiques.

Incroyable gâchis. Mais il n’était pas question de laisser place à un possible retour en force dans le jeu politique gasy d’un opposant du régime… Mesquinerie politique qui voit le torpillage d’une belle occasion d’affirmer le leadership diplomatique malgache sur la région… C’est du grand n’importe nawak !

Sans compter qu’une telle position peut isoler en termes de crédibilité le pays sur la scène internationale en réduisant sa capacité à promouvoir ses intérêts. La diplomatie moderne exige flexibilité et pragmatisme … On a vu ça où dans cette décision de sabotage ?

La capacité du pays à influencer les décisions d’une institution internationale devait être renforcée par la présence d’un de ses ressortissants de renom à un poste clé. Il y avait là une occasion cruciale de promouvoir les intérêts de la Grande Ile à l’échelle mondiale. Cédric jugeait certainement que ses voyages ponctuels auprès de différentes instances internationales, chancelleries ou autres rencontres avec des chefs d’Etats suffisaient pour répondre à ces besoins de promotion des intérêts du pays. Mais c’est là son moindre défaut : privilégier le court terme et l’image plutôt que l’action de fond et de long terme

Cette incapacité à transcender les petites querelles politiques pour le bien commun sèmera encore plus le doute chez des partenaires internationaux en termes de fiabilité et de prévisibilité de ce pays en tant que partenaire. Les déboires de l’ambassadrice de l’UE ne viendront pas résorber ce sentiment de faillibilité.

D’autant que l’expression de cette vision étroite et de ces calculs politiques internes ne vont certainement pas étayer la capacité collective de répondre aux défis de développement, de développement durable ou de santé publique… Faire Nation, oui … À condition qu’on ait la preuve qu’au plus haut niveau on a des instances qui ne viendront pas nous torpiller sur des prétextes mesquins à deux balles.

On aurait rêvé une approche plus ouverte, visionnaire et pragmatique dans ces décisions du pouvoir, en particulier dans celles qui ont des répercussions au-delà de nos frontières. La politique, bien que liée aux jeux de pouvoir et aux rivalités, devrait ultimement servir l’intérêt public… Au lieu d’être confrontés à ces logiques de vendetta personnelles et de priorisation des intérêts partisans qui servent les intérêts court terme d’un groupe spécifique… . On peut encore rêver.

Mais baah … Entre la coercition vis-à-vis de toute forme d’expression d’opposition, de répression des journalistes et des lanceurs d’alerte, que pouvait-on espérer d’autre de ce pouvoir ? Peuvent-ils seulement avoir conscience du mal qu’ils font, à travers ce genre d’action, en termes d’érosion de la confiance publique, de paralysie politique et de polarisation ?

Non évidemment. Cela demanderait un minimum de réflexion, de responsabilité et d’intelligence… Et le pays n’en serait pas là où il en est.

Il ne nous reste plus qu’à œuvrer en résistance citoyenne, telle qu’on l’évoquait il y a peu …

Bien à vous tous,

Patrick Rakotomalala (Lalatiana PitchBoule) – 11 avril 2024

(*) Oxymore : Figure de style consistant à réunir deux mots en apparence contradictoires. Les expressions un silence éloquent et se hâter lentement sont des oxymores.

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