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Le Journal de l'île Rouge
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JIRAMA, le plus grand des crimes socio-économiques de Rajoelina

La gazette de la grande île
25/04/20248 minute read

Rajaonarimampianina avait suscité en 2018 l’espoir d’une sortie prochaine des délestages continuels et d’un prix raisonnable des tarifs de la JIRAMA.

Hélas, 5 ans plus tard, on ne sait plus qui piloteront et quand commenceront enfin les travaux des barrages de Sahofika et de Volobe. A cause des tergiversations et incompétences de Rajoelina et de son éminence grise , le fameux  français Gérard Perceau.

Les investisseurs fuient Madagascar, car la JIRAMA est incapable de garantir la fourniture d’énergie électrique, même aux opérateurs en place. Des petits métiers, tels les salons de coiffure ou encore les fabricants de yaourt, ont beaucoup de mal à vivre de leur métier.

Le tableau ci-dessus, tiré du rapport de l’année 2017 de la Cour des Comptes, montre qu’en 2009 la JIRAMA était bénéficiaire. Sa situation s’est détériorée d’année en année, dès l’entrée en scène de Rajoelina pendant la transition.

Rajoelina a jugé confortable et trop bénéficiaire la situation financière de la JIRAMA, et qu’elle permettait dès juin 2019 une baisse de 10% des tarifs. Depuis, la JIRAMA n’a plus jamais fait que des pertes.

Les derniers comptes de la JIRAMA publiés par le ministère de l’énergie datent de 2022:  https://meh.mg/wp-content/uploads/2023/06/Etats-Financiers-AVANT-AUDIT-2020-2021-et-2022.pdf .

-Chiffres d’affaires:                852 milliards ariary

-Consommation:                 1 812 milliards ariary

-Pertes d’exploitation:            960 milliards ariary

Selon ces chiffres, les pertes d’exploitation de la JIRAMA sont supérieures à son chiffre d’affaires.

Un rapport de la BAD confirme ces chiffres, car selon cette institution, le coût de revient moyen pondéré de la JIRAMA est de 30 cents/KWH et son prix de vente moyen pondéré est de 14 cents/KWH. A comparer aux 7 cents/KWH de Sahofika et de Volobe.

Qu’avait fait l’ex-Président Rajaonarimampianina?

Il a d’abord fait sélectionner un DG par le cabinet canadien SG Group, dont il a confirmé le choix en la personne de JAOMIARY en 2017.

Il a ensuite commencé l’hybridation des centrales thermiques avec du solaire, afin de diminuer les coûts moyens de production.

Une centrale solaire de 40 MW avec un système de batteries de 5MW a été installée à Ambatolampy, ainsi qu’une centrale hydroélectrique de 28 MW à Farahantsana.

Parallèlement, il a bouclé avant la fin de son mandat le montage des projets de barrages de Sahofika de 200 MW et de Volobe de 120MW.

Mise en place également du financement du projet PRIRTERM (Projet de Renforcement et d’Interconnexion des Réseaux de Transport d’Energie Électrique à Madagascar). Ce projet vise l’interconnexion des 3 grands réseaux électriques de Madagascar (Antananarivo, Toamasina et Fianarantsoa).

Qu’a fait Rajoelina Vazaha?

 

Pendant la campagne présidentielle de 2018, Rajoelina avait annoncé qu’il allait construire des centrales hydroélectriques de 500 MW.

Une valse des dirigeants de la JIRAMA:

-Février 2019, limogeage du PCA Hyacinthe Befeno Todimanana

-Début août 2019, remplacement du DG adjoint chargé des opérations par Albert RAVELOJAONA, un des cadres initiateurs de l’IEM comme Vonjy Andriamanga le ministre de l’énergie.

-Mi-août 2019, limogeage du DG JAOMIARY sans l’avis de non-objection de la Banque Mondiale.

-Fin septembre 2019, Solo Andriamanampisoa est nommé PCA de la JIRAMA.

-18 décembre 2019 Vonjy Andriamanga nommé DG de la JIRAMA.

-13 octobre 2021 limogeage de Vonjy Andriamanga, puis lancement d’un appel à candidatures.

-21 juillet 2023, le PCA de la JIRAMA, devenu ministre de l’énergie, annonce que 2 candidats étrangers très prometteurs -des perles rares, semble-t-il-, ont été proposés par le cabinet de recrutement. Finalement, après avoir eu l’occasion d’analyser la situation de la JIRAMA, ces deux candidats renoncent. Quant au PCA de la JIRAMA, ce poste doit être actuellement vacant, car il est incompatible avec un poste de ministre (Le PCA était devenu entretemps ministre).

En d’autres termes, depuis le 20 février 2023, la JIRAMA est décapitée: pas de PCA, pas de DG!

-18 avril 2024, Rajoelina annonce sa décision de nommer DG de la JIRAMA l’israélien Ron Weiss, qui rejoindrait son poste en mai prochain. Une fois de plus, il décide sans l’avis de personne, comme sur un coup de tête.

Les péripéties des projets Sahofika et Volobe

 

Pendant plusieurs années, renégociation par Gérard Perceau (le Deus ex Machina de Rajoelina Vazaha) des termes des contrats Sahofika et Volobe.

Le 15 novembre 2021, le nouveau contrat Sahofika est signé.

Le 26 mai 2023, le ministre Solo Andriamanampisoa annonce la mise à l’écart du groupe Eiffage. Jusqu’à présent, on ne sait pas qui va prendre la suite de ce projet.

-Le 27 mai 2023, le contrat de concession et d’achat d’énergie du projet Volobe est enfin signé.

Depuis, Scatec et Colas se sont retirés de ce projet. Le groupe Axian, promoteur de ce projet, espère  pouvoir attirer EDF, qui a fait son due diligence.

En résumé, Sahofika et Volobe sont pour l’instant au point mort. Quant aux 500 MW promis par Rajoelina, lui-même a déjà oublié l’avoir promis comme il en a la fâcheuse habitude.

Pauvre gouvernance de Rajoelina

 

-En juillet 2021, Rajoelina interpelle publiquement à Toamasina le DG Vonjy Andriamanga et le somme de revenir sur la décision de la JIRAMA d’appliquer le nouveau tarif Optima. Ce tarif avait pourtant été mis au point avec l’aide de la Banque Mondiale.

Il a fallu une lettre « menaçante » à Rajoelina d’une directrice de la Banque Mondiale, pour que ce nouveau tarif Optima soit de nouveau appliqué.

-Lors du conseil des ministres à Toamasina, Rajoelina s’est étonné que la JIRAMA ne puisse pas payer les pétroliers, alors qu’elle encaisse mensuellement  de 80 à 100 milliards ariary.

N’importe quel épicier aurait compris, à la lecture du tableur supra, que la JIRAMA a besoin du double de son chiffre d’affaires pour payer les pétroliers!

-Rajoelina a également réceptionné officiellement (est-ce le rôle d’un président de la République) les 7 centrales thermiques de 105 MW arrivées à Toamasina fin 2023. Il a alors ordonné que deux de ces centrales, soit 30MW, soient installées à Toamasina et non à Antananarivo comme prévu.

Voilà un exemple de la gouvernance à la Rajoelina. Il décide à la place de la JIRAMA, sans même avoir analysé les conséquences de cette décision.

Ces centrales ne peuvent pas être encore acheminées actuellement  à Antananarivo, car certains ponts ne peuvent pas supporter les charges, et il va falloir les renforcer préalablement.

Par ailleurs, il aurait été plus économique d’installer ces 7 centrales à Toamasina, et achever préalablement l’interconnexion avec le réseau Antananarivo avec le financement PRIRTERM.

On n’aurait pas alors à acheminer le carburant à Antananarivo, et la JIRAMA aurait économisé le coût du transport du carburant sur plusieurs années.

Mais cela n’arrange probablement pas le business du transport de carburant!

Cela aurait également permis de réduire l’encombrement de la RN2, ainsi que ses besoins d’entretien.

La présence d’un bon DG aurait peut-être permis d’éviter pareille mauvaise décision. Mais là encore, à qui la faute si, depuis le départ de Vonjy Andriamanga en 2021, la JIRAMA n’a toujours pas de DG?

Rajoelina a entendu parler du mot « gouvernance », et il pense que c’est bien d’en parler. Seulement, il faudra que lui et son gouvernement apprennent d’abord ce que signifie et contient ce mot.

Un exemple de mauvaise gouvernance flagrante: le fait que de nombreux postes stratégiques d’ambassadeurs sont actuellement vacants depuis plusieurs années, comme à Tokyo, Washington, New York. De plus, on parle actuellement d’ouverture de nouvelles ambassades comme au Maroc, à Dubaï ou en Turquie!

Un autre exemple, c’est cette idée loufoque de nombreux secrétariats d’Etat auprès de la Présidence! Encore heureux que le budget manque et que l’appel à candidature ne semble pas avoir été fructueux. A moins que Rajoelina ne réserve ces places pour les candidats malheureux aux élections législatives.

En tout cas, ses erreurs constantes de décision sur la JIRAMA coûtent énormément chères à l’économie de Madagascar, probablement quelques points de PIB.

 Mais le jour viendra où il devra en rendre compte à la population Malagasy. Sa nationalité française ne suffira pas à le protéger.

A bon entendeur, salut!

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