Lors de la dernière Assemblée générale des actionnaires d’Africa50, Madagascar a été saluée comme un exemple de la manière dont le développement des infrastructures peut stimuler la croissance économique. Avec plus d’un milliard de dollars engagés par la Banque africaine de développement (BAD), dont 97 % alloués aux secteurs des transports, de l’énergie et de l’agriculture, on pourrait croire que le pays est en plein essor. Cependant, la réalité sur le terrain est loin de refléter ces perspectives optimistes.
Une dette massive pour les générations futures
Ces financements, vantés comme moteurs de développement, ne sont en fait que des emprunts que la population malgache – et en particulier la génération future – devra rembourser. Le poids de cette dette se fait sentir de manière silencieuse, mais implacable. Bien que ces projets soient présentés comme porteurs d’avenir, peu de Malgaches bénéficient réellement des milliards injectés.
Eau et électricité : des infrastructures inexistantes
Malgré les milliards investis dans les infrastructures énergétiques, la majorité des Malgaches vit encore dans l’obscurité. Il ne s’agit plus de simples coupures d’électricité, mais d’une absence quasi permanente de courant dans plusieurs régions. Quant à l’eau, les coupures sont fréquentes, voire totales dans certains endroits. Les populations peinent à avoir accès à ces ressources essentielles, témoignant de l’inefficacité des projets en cours.
Il est donc légitime de se demander à quoi servent réellement ces investissements. Pourquoi la population continue-t-elle de vivre sans les services de base alors que des sommes colossales sont investies dans les infrastructures ?
Agriculture : dépendance aux importations
En matière d’agriculture, la situation est tout aussi alarmante. Bien que Madagascar dispose d’une vaste superficie arable, la population est contrainte de consommer des produits d’importation, souvent plus coûteux et de moindre qualité. Les projets agricoles financés par la BAD sont eux aussi, inopérants sur le terrain. Au lieu de stimuler la production locale, ces investissements ne parviennent pas à renforcer la sécurité alimentaire du pays.
Transport : des routes en ruine
L’état des infrastructures routières, quant à lui, est déplorable. Alors que des milliards sont censés être investis dans le développement des transports, les routes malgaches se détériorent chaque jour un peu plus. Les frais de transport augmentent, rendant les déplacements non seulement coûteux, mais aussi dangereux. Les moyens de transport sont archaïques et inadéquats pour répondre aux besoins croissants de la population. Les régions enclavées continuent de l’être, coupées des grands axes commerciaux et économiques.
Une aubaine pour les dirigeants actuels
En fin de compte, ces milliards de dollars constituent une véritable aubaine pour les dirigeants en place. Les projets d’infrastructure servent leurs intérêts à court terme que ceux de la population malgache. La mauvaise gestion, la corruption et le manque de transparence dans l’utilisation de ces fonds conduisent à des projets sans réelle utilité pour le peuple. Les routes ne sont pas construites, les centrales électriques ne fonctionnent pas, et les secteurs vitaux comme l’agriculture continuent de s’effondrer.
Une condamnation pour la génération future
La situation actuelle à Madagascar montre que ces financements, loin d’améliorer la vie des Malgaches, risquent de devenir un fardeau pour les générations à venir. Ces jeunes devront non seulement rembourser une dette colossale, mais aussi faire face à l’absence de services de base, d’infrastructures adéquates et d’une économie locale affaiblie.
Au lieu d’apporter une solution durable aux problèmes économiques du pays, ces financements pourraient bien finir par l’enfoncer davantage dans la spirale de la pauvreté.