Chaque mois de juin, Madagascar célèbre le Mois de l’Enfance. Mais derrière les discours officiels et les festivités, une question cruciale persiste : les enfants Malagasy bénéficient-ils encore du rôle protecteur et éducatif de leurs parents ? La réalité sociale du pays nous oblige à répondre avec inquiétude.
Une pauvreté qui détruit les fondations familiales
La pauvreté extrême qui sévit dans la majorité des foyers malgaches n’est plus une simple statistique, c’est une tragédie quotidienne. De nombreux parents, accablés par le chômage, l’exode rural, ou encore la précarité urbaine, n’arrivent plus à assumer leur rôle fondamental. Ils ne sont plus en mesure d’assurer l’éducation, la protection ni même l’entretien de base de leurs enfants. Ce sont des générations entières qui grandissent sans repères stables, sans cadre éducatif, sans affection, et parfois même sans supervision.
Le rôle des parents : plus qu’un devoir, un pilier de la nation
Être parent, ce n’est pas seulement nourrir ou loger. C’est aimer, éduquer, protéger, encadrer et soutenir. C’est transmettre des valeurs, préparer l’enfant à devenir un citoyen responsable, digne et empathique. Lorsque ces fonctions parentales s’effondrent, c’est toute la société qui en paie le prix : montée de la délinquance juvénile, insécurité croissante, perte des repères moraux, désintégration des communautés.
Un enfant qui n’a jamais reçu d’amour aura du mal à en donner. Un enfant qui n’a jamais été écouté ne saura pas dialoguer. Un enfant qui n’a jamais été éduqué ne pourra pas participer activement au développement du pays.
Une jeunesse Malagasy à la dérive : bombe à retardement pour l’avenir
Aujourd’hui, la majorité de la jeunesse Malagasy ne bénéficie plus pleinement d’un encadrement parental digne de ce nom. Livrés à eux-mêmes, beaucoup basculent dans l’errance, l’addiction, ou la criminalité. La pauvreté se transmet alors de génération en génération, devenant une malédiction sociale.
Que faire ? Revaloriser la parentalité
Il est urgent que l’État, les ONG, les Églises, les collectivités locales et même les médias s’unissent pour revaloriser le rôle des parents. Des programmes de soutien à la parentalité, des formations, des aides sociales conditionnées à l’éducation des enfants, et une véritable politique de protection de l’enfance sont nécessaires.
Mais au-delà des institutions, c’est chaque parent qui doit prendre conscience de son rôle sacré. Aucun manque matériel ne justifie l’abandon moral. Un geste d’amour, une écoute, une présence peuvent transformer la vie d’un enfant.
En conclusion : sauver l’enfance, c’est sauver Madagascar
Le Mois de l’Enfance ne doit pas se limiter à une commémoration symbolique. C’est l’occasion de sonner l’alarme, de responsabiliser, de former, d’aimer. Car un pays où les enfants ne sont ni aimés ni protégés est un pays sans avenir.