La démocratie se résume-t-elle à l’élection comme Madame la ministre de la Culture semblerait l’avoir évoqué lors d’un récent point de presse. Non, non et non !
La majorité des Malagasy espère que les Pays amis et leurs Ambassadeurs présents à Madagascar s’associeront sur des priorités partagées pour lutter contre la pauvreté et l’inégalité que la Grande Ile vit actuellement résultant d’une démocratie tronquée. Madagascar souffre d’une démocrature qui pourrait être un terrain propice de non-droit, d’extrémisme, menaçant ainsi la paix.
La « démocratie » appliquée à Madagascar comme dans le passé, risque encore d’être juste une manière de renforcer l’exploitation de la majorité des pauvres Malagasy par une minorité armée de richesse mal acquise, une minorité invariante du pouvoir. Les Malagasy ont un passé récent, régi par des règles militaires, des élections déloyales, des dirigeants irrépréhensibles, des prestations de services insuffisantes et une corruption plébiscitée. De nombreuses recherches ont montré que le déficit démocratique est la cause principale de la pauvreté à Madagascar malgré que les Malagasy aient une richesse de culture démocratique qui leur est propre et sur laquelle s’appuyer.
Néanmoins, malgré la mise en place des réformes avec l’appui des partenaires de développement pour la bonne gouvernance, la corruption, la pauvreté et autres fléaux continuent de sévir à Madagascar à cause d’une application tronquée des valeurs de la démocratie, comme la défense des droits et libertés de la personne, l’écoute, la participation, le dialogue, l’inclusivité, l’obligation de rendre des comptes…… En outre, le processus de démocratisation au cours des années 90 a surtout ouvert la voie à des élections soi-disant multipartites. Mais les scrutins organisés ces dernières années ont été marqués par des violences postélectorales, ainsi que d’importants soupçons de fraudes comme distribuer des cartes électorales et faire voter les morts, falsifier les comptes-rendus des bureaux de vote, ou tout simplement réécrire quelques chiffres sur le système informatique, etc. Les différents processus électoraux passés n’ont pas contribué à une consolidation de notre démocratie qui n’est devenue qu’une façade permettant le maintien d’élites invariantes du pouvoir, dont les discours changent, mais non les pratiques. Les élections soi-disant multipartites passées n’ont pas amélioré le niveau de vie du grand nombre des Malagasy qui souffrent de la pauvreté.
À lire entre les lignes les différents messages sortis dans la presse et les réseaux sociaux, ce régime ne veut pas améliorer ce système électoral chaotique, caractéristique d’un gouvernement corrompu et autoritaire malgré les différentes recommandations et appuis électoraux des amis de Madagascar. Une élection libre et juste : ça commence à devenir un rêve pour les citoyens responsables, car les tenants du pouvoir peuvent s’appuyer sur des ressources économiques qu’ils ont personnellement amassées en gérant l’État comme leur bien propre. Et en plus, ils s’appuient sur des mécanismes clientélistes facilités par la situation de pauvreté généralisée.
Malgré la rhétorique des partenaires occidentaux concernant la démocratie, les prochaines élections n’auront finalement pour but que de créer un sentiment d’implication chez le peuple, même si leur opinion n’est jamais prise en compte du fait que la majorité des Malagasy subit le poids des exploitations perverses d’une minorité. La démocratie pour Madame la Ministre de la Culture se résumerait par l’élection et la démocratie sera ainsi transformée en un arrangement politique qui garantit les intérêts d’une minorité animée d’une culture impériale sans états d’âme, en particulier en entretenant un système leur assurant un transfert libre de nos ressources vers des paradis fiscaux ! Et l’inégalité se creuse encore davantage, facilitant l’exploitation des pauvres Malagasy sans choix par quelques minorités.
Une autre personnalité à un poste de responsabilité au sein de la présidence avait déclaré récemment : « si vous n’avez pas d’argent, vous ne devez pas faire la politique ».
C’est cela l’interprétation de la démocratie pour les détenteurs de pouvoir actuel en ce 21e siècle ! Avec une telle mentalité, on ne peut pas espérer une élection juste transparente et intègre pour les prochaines élections. Le champ démocratique est restreint avec de l’argent mal acquis. Donc, sans réforme, pas de démocratie.