Madagascar se trouve largement au-dessous de la moyenne en Afrique en matière d’accès à l’éducation. Les derniers chiffres indiquent que moins de 30% des jeunes en âge d’aller à l’école ne sont pas scolarisés. Techniquement, les enfants et les jeunes Malgaches ont accès aux infrastructures et à l’enseignement, mais la réticence de ces derniers à fréquenter les bancs de l’école provient plutôt d’un délaissement du secteur de l’éducation qui est présentée comme une obligation et non comme une étape attrayante de la vie.
Construire des établissements scolaires flambant neufs de couleurs orange et rose est inutile, si c’est pour sensibiliser les parents à y envoyer les enfants et surtout les élèves à apprécier l’école et avoir envie d’y aller. A Madagascar, le secteur éducation est perçu comme un dernier choix, un dépotoir où atterrissent tous ceux qui n’ont pas trouvé du travail ailleurs. Les enseignants et les instructeurs passent leur temps à raconter aux élèves comment ils ont raté leur rêve et comment ils ont fini comme instructeurs. En plus, les revendications incessantes et autres réclamations des enseignants montrent aux jeunes à quel point ce secteur est délaissé à Madagascar.
Rares sont les étudiants qui font de l’éducation leur métier. Ils y atterrissent après avoir échoué ailleurs. Pourtant, l’éducation est l’un des métiers les plus nobles qui existent, mais qui n’est pas apprécié à sa juste valeur à Madagascar.
Il faut noter qu’avec des dirigeants incultes qui n’ont pas fréquenté les bancs de l’université, il est normal que ce secteur soit laissé pour compte. Les enseignants sont alors dépréciés. Le plan sectoriel de l’éducation se base sur les infrastructures et les outils, mais il n’y a aucun paragraphe qui mette en avant les besoins des élèves et des parents. Notons que la décision d’envoyer les enfants à l’école appartient encore aux parents.
Les programmes scolaires sont dépassés et ne s’adaptent pas à la réalité et au contexte de chaque région. Dans la majeure partie des cas, un enfant ne fréquente pas l’école, car il doit aider ses parents aux travaux dans les champs ou à la ferme. Si le programme scolaire de sa région permettait à l’écolier de renforcer ses capacités à aider ses parents et si le calendrier scolaire s’adaptait aux saisons de récolte, l’écolier serait automatiquement attiré par les bancs de l’école.
Les parents sont réticents à envoyer leurs enfants à l’école, et les enfants n’ont pas envie d’y aller, car le secteur éducation est délaissé à Madagascar. Il est présenté comme une obligation et les parents ne trouvent aucun avantage à y envoyer leur enfant. L’école devrait être une opportunité pour les familles de développer leur entreprise familiale et de renforcer leur gagne-pain et non une étape obligatoire pour leur enfant afin de juste avoir un diplôme qui leur servirait à trouver un emploi ailleurs. Il faut présenter l’école comme un appui aux familles et non un apprentissage qui éloigne les enfants de leurs foyers, surtout en milieu rural où les entreprises sont rares. Jusqu’ici, c’est le programme scolaire qui oblige les élèves à quitter la campagne pour migrer vers les grandes villes afin d’y trouver un emploi correspondant à leur diplôme.