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Le Journal de l'île Rouge
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Rajoelina, l’héritier de Radama II avec le nouveau code minier et la loi sur les investissements ?

La gazette de la grande île
22/05/20237 minute read

Le samedi 11 décembre 2010, Rajoelina Gasy Tapany promulgua la Constitution de la 4ème République. Il visita le Rova de Manjakamiadana (et non de Madagasikara comme il a tenté de le débaptiser), vêtu d’une imitation des habits de Radama II et marcha aux côtés de ses « sujets » jusqu’au nouvel hôtel de ville d’Antananarivo pour l’inaugurer. Tout un symbole !

13 années plus tard (oui 13 son numéro fétiche, simple coïncidence !), le régime de Gasy Tapany envoie au parlement les projets de nouveau code minier et d’une loi sur les investissements.
De nombreux lanceurs d’alerte, des organisations de la société civile, des politiciens ont tiré la sonnette d’alarme contre cette « vente en gros » (varotra ambogadiny) de la mère patrie aux Etrangers.
« Une marchandisation du patrimoine foncier de Madagascar qui ne dit pas son nom » ?
« Le projet de loi sur les investissements déroule le tapis rouge aux accapareurs de terres ».
Et bien d’autres publications implorant les parlementaires de ne pas adopter tels quels ces projets de loi ! Mais Rajoelina Gasy Tapany l’entendra-t-il de cette oreille ? Rien n’est moins sûr !

En 1985, le prince Rakoto (futur Radama II) donna au français Lambert le droit exclusif d’exploiter tous les minéraux, les forêts et les terres inoccupées de Madagascar en échange d’une redevance de 10% au profit de la monarchie Merina. C’est ce qu’on appela « La Charte Lambert », qui aurait permis à la compagnie de Lambert de devenir propriétaire permanente de terres malgaches.
Cette menace de perdre définitivement une partie du sol sacré de Madagascar au profit d’ Etrangers a été source de troubles et de conspirations qui ont abouti à l’assassinat de Radama II le 12 mai 1863, il y a 160 ans presque jour pour jour !

Radama II

En 2023, ce n’est plus Lambert mais le FMI et la Banque Mondiale qui négocient avec le régime de Gasy Tapany. Le FMI. La Banque Mondiale et le FMI travaillent d’abord pour les intérêts de leurs actionnaires majoritaires, c’est-à-dire les pays développés, et les Malagasy devraient garder cela en tête. C’est normal, « Business is business ».
Les caisses sont vides et Rajoelina Gasy Tapany a cruellement besoin d’argent pour que cette fin de mandat n’apparaisse pas trop morose et n’handicape pas sa réélection. Cela lui a fait énormément mal d’avoir à l’avouer au patronat malagasy, mais il n’avait plus le choix. Donc, peu importent les conditionnalités ! Il faut absolument décrocher avant fin juin 2023 les 32 millions de dollars de la FEC ainsi que les 100 millions de dollars de la Banque Mondiale (malheureusement pour lui, 200 millions de dollars sont prévus, mais ne seront débloqués qu’en 2 tranches).
Le chef de la mission FMI chargée de la revue du financement FEC a bien parlé de « performances mitigées des autorités malgaches par rapport aux 5 objectifs (moins difficiles à avaler que conditionnalités) ». Le FMI va être bon prince, car Madagascar obtient la moyenne en ayant satisfait à 3 sur 5 critères. L’essentiel n’est pas là, c’est que le projet de code minier révisé et le projet de loi sur les investissements sont conformes aux « recommandations » du FMI et de la Banque Mondiale. Et ils ont été envoyés au parlement pour adoption.

Ce sera donc « LA CHARTE FMI BANQUE MONDIALE RAJOELINA », la charte Lambert nouvelle édition à la sauce Gasy Tapany !
Si ces projets de loi sont adoptés, un des premiers bénéficiaires sera d’ailleurs QMM qui demande le renouvellement des facilités fiscales et douanières qui lui ont été accordées depuis 20 années d’exploitation.
On ne voit pas pourquoi on ne lui appliquera pas le droit commun et un nouvel accord est prêt à être soumis au parlement, donnant des avantages auxquels des investisseurs nationaux n’auront pas droit pour renouveler leurs équipements !
Et une fois de plus, c’est le fameux Gérard Perceau qui est à la manœuvre selon un article de notre confrère Africa Intelligence. Le même qui a déjà fait perdre des milliards de dollars à Madagascar en retardant le début des travaux des barrages de Sahofika et de Volobe, des solutions pour faire baisser le prix de revient de production de Jirama bien en dessous de son prix de vente actuel.
Normal qu’il défende les intérêts des Etrangers comme lui. Nous ne pensons pas qu’il ait abandonné la nationalité française pour la nationalité malagasy.

Ci-après cet article d’Africa Intelligence du 12 mai 2023 :

L’ultime passe d’armes entre Rio Tinto et Rajoelina

Dernière ligne droite pour les négociations concernant le site minier de Fort-Dauphin. La convention de QIT Minerals Madagascar, coentreprise entre Rio Tinto et l’Etat malgache, est sur le point d’expirer. Le ministre des mines Olivier Rakotomalala et ses équipes doivent se positionner sur l’offre ferme mise sur la table par le géant anglo-australien.
Les tractations sont allées bon train, ces derniers jours, pour Rio Tinto et les cadres de QIT Minerals Madagascar (QMM), filiale à 80 % du géant minier anglo-australien, pilotée à Fort-Dauphin, au sud-est de l’île, par le Québécois David-Alexandre Tremblay. Sophie Bergeron, patronne de l’unité d’affaires RTIT (Rio Tinto Iron and Titanium), s’est déplacée en toute discrétion à Antananarivo du 10 au 15 avril pour rencontrer le président Andry Rajoelina au palais d’Iavoloha. Une offre ferme a été transmise par le groupe au ministre des mines, qui n’y a pas encore répondu.
A la présidence, c’est le Français Gérard Perceau (AI du 01/03/23), éminence grise du chef de l’Etat malgache, qui a repris le dossier des négociations il y a trois mois, pour lesquelles il se trouve en première ligne avec le ministre des mines, Olivier Rakotomalala.
Un rapprochement avait déjà été amorcé par les dirigeants de Rio Tinto fin janvier, lorsque Sinead Kaufman, la patronne de la filière sables minéralisés du groupe, s’était rendue une première fois à Madagascar, accompagnée du président du conseil d’administration, le Canadien Dominic Barton (AI du 17/02/23).

Timing serré

L’objectif des deux parties est de parvenir à un accord qui puisse être validé par les députés pendant la session parlementaire qui s’achèvera le 25 mai. Rio Tinto tente d’obtenir la reconduction des exemptions fiscales et douanières dont il bénéficie grâce à sa convention actuelle, plus avantageuse que le droit commun. Andry Rajoelina, quant à lui, souhaiterait lui appliquer les dispositions du nouveau code minier – sur lequel les députés doivent également se prononcer prochainement.
Faute d’accord, le droit commun s’appliquera à partir du 18 mai, date à laquelle la convention doit prendre fin. Si tel était le cas, Rio Tinto a prévenu que ses investissements et sa production locale s’en ressentiraient ».
Africa Intelligence du 12/06/2023
Le 18 mai vient de passer, et le droit commun doit s’appliquer par souci d’équité . Espérons que George Perceau n’oblige pas Rajoelina Gasy Tapany à présenter au parlement une nouvelle loi donnant des dispositions fiscales avantageuses à QMM.

Nous ne souhaitons pas à Rajoelina Gasy Tapany la même fin que Radama II, et espérons que cet article le fera réfléchir. Et qu’il ne donnera pas son accord pour vendre notre terre sacrée, en promulguant tels quels ces projets de loi ! Ne serait-ce que par égoïsme, s’il veut garder une chance d’être réélu.

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