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Le Journal de l'île Rouge
Politique

Vanille : le commando de Rajoelina pour mettre le secteur sous tutelle

La gazette de la grande île
03/06/20233 minute read

En plaçant des membres du gouvernement au sein du nouveau Comité de la vanille de Madagascar, Andry Rajoelina veut reprendre la main sur un secteur dans la tourmente depuis plusieurs mois. Africa Intelligence en révèle la composition confidentielle.
Par la création du Comité de la vanille de Madagascar (CVM), le président Andry Rajoelina, peu de temps après avoir décidé la levée du prix plancher du kilo de vanille préparée à 250 $, marque sa volonté de reprendre la main sur la filière. Il affronte aussi ouvertement son ministre du commerce Edgard Razafindravahy, qui dirige le Conseil national de la vanille (CNV) créé en juin 2020. Sur ce dernier plane également l’ombre de Mamy Ravatomanga, qui est aussi exportateur depuis peu et a de gros intérêts dans la filière (AI du 03/04/23).
Selon l’arrêt de nomination en date du 23 mai qu’Africa Intelligence s’est procuré, sept des huit membres que compte le CVM font partie du gouvernement ou sont des proches du chef de l’Etat. Ils ne sont pas rémunérés pour leur fonction. Confidentielle, la composition du CVM, dont l’une des attributions est de s’assurer du redressement de la filière, diffère de celle du CNV où le secteur privé était représenté en majorité, et témoigne de cette volonté de mise sous tutelle présidentielle.

La directrice de cabinet en première ligne

A la tête de cette supra-organisation, on trouve Romy Voos Andrianarisoa, directrice de cabinet d’Andry Rajoelina depuis quelques mois. Elle avait déjà conseillé le président par le passé. Valérie Zafindravaka, secrétaire exécutive du programme national Fihariana pour aider les entrepreneurs, représente aussi le président au sein de l’institution. Très proche de la première dame Mialy Rajoelina, elle a longtemps officié au sein de son association Fitia.
Sandrino Magnani, directeur administratif et financier (DAF) de la primature, est la voix du premier ministre Christian Ntsay au sein du CVM. Il était auparavant le DAF de Hachmann Madagascar Export, une société exportatrice de vanille.
Antsa Mirindra Andrianirina, magistrate auprès de la direction des opérations financières du Trésor, représente le ministère des finances, dirigé par Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison. Isidore Razanakoto et « M. Rolland » (il est commun à Madagascar de n’avoir qu’un prénom pour patronyme) sont les porte-paroles respectifs du ministère du commerce et de l’industrialisation et de celui de la décentralisation. Le seul membre du CVM issu du secteur privé est Jean-Luc Dama, de la société Trimeta. Il représentait déjà les exportateurs de vanille au sein du CNV.

Priorité sur les demandes d’agrément d’exportation

Le Comité de la vanille de Madagascar a désormais davantage de pouvoir que le Conseil national de la vanille. Seules les demandes d’agrément d’exportation au préalable approuvées par le CVM pourront recevoir les précieux sésames du ministère de l’industrialisation et du commerce, et ce, dans un délai de 48 heures. Ses membres sont aussi chargés de répondre aux plaintes des exportateurs – certaines sociétés sont en attente du traitement de leur dossier depuis trois ans.
Cette reprise en main présidentielle du secteur laisse toutefois sceptiques les barons de la vanille, d’autant plus que les stocks ne trouvent pas preneur (AI du 26/05/23). Pour le député de Tamatave et exportateur de litchis Roland Ratsiraka, très connecté au milieu, il s’agit ni plus ni moins de l’aboutissement de la nationalisation de la filière.

Africa Intelligence
Publié le 29/05/2023

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