Il est notable que Facebook est devenu à Madagascar le principal canal de communication officiel. Ce réseau social est utilisé par les dirigeants pour relater leurs actions, et surtout par la population pour exprimer ses doléances. En effet, les députés de Madagascar et toutes les autres instances de réception de plaintes officielles établies dans les bureaux administratifs semblent inefficaces. Ce qui se révèle efficace et retient l’attention des dirigeants, ce sont les publications sur Facebook.
Le titre de député, également appelé « solombavam-bahoaka », signifiant littéralement « porte-parole du peuple envers les dirigeants », semble surtout servir en Madagascar les intérêts personnels. Aucun besoin de la population n’est véritablement relayé par ces députés. Ils ne font acte de présence à l’assemblée que lors de sessions où ils peuvent solliciter l’obtention de véhicules tout-terrain ou d’indemnités de mission.
Ce qui fonctionne à Madagascar, c’est bel et bien Facebook. On observe que toutes les doléances publiées par la population sont relayées par les lanceurs d’alerte. Qu’il s’agisse d’un poteau électrique tombé, d’un couvercle de canal envolé, d’une route abîmée, de cas de maltraitance dans les bureaux administratifs, de corruption, de brutalité policière, de favoritisme dans l’octroi de marchés publics, de spoliations de terrains, d’accumulation d’ordures, etc., tout doit être publié sur Facebook avant que les dirigeants ne prennent des mesures. Autrement, le problème reste inconnu.
Cette focalisation de nos dirigeants sur les publications Facebook vise surtout à améliorer leur image. Ils mettent l’accent sur ce que la majorité peut observer. Tant que le problème n’est pas exposé sur Facebook pour devenir un « buzz du moment », les dirigeants semblent indifférents.
Il est compréhensible que les dirigeants malgaches se préoccupent davantage des problèmes publiés sur Facebook plutôt que de la réalité en dehors de ce réseau social. Ils semblent être des jeunes immatures plus soucieux de leur image que du bien-être général de la population.