Début mars 2023, la Gazette de la Grande Île publiait ce qui semblait être une copie du passeports français de Vozongo Menasofina. Bien entendu, ses affidés et comparses se sont empressés de déclarer que c’était un fake, un simple montage Photoshop.
Curieusement, aucun membre de l’opposition n’a repris cette information, ni n’a demandé des comptes à Vozongo Menasofina, même si ce dernier s’était abstenu de tout commentaire ou encore moins n’avait émis un démenti officiel.
Alors que la sortie sur les réseaux sociaux d’une copie de simples talons de bagages de Vozongo Menasofina a suscité un branlebas de combat au sein du régime, jusqu’à l’emprisonnement du présumé auteur.
Le 15 juin 2023 (exactement 48 ans après la nomination comme chef d’Etat d’un certain Didier Ratsiraka, artisan des nouveaux accords de coopération avec la France), le décret de la naturalisation française de Vozongo Menasofina, signé par le premier ministre Manuel Valls et le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve le 19 novembre 2014, était divulgué sur les réseaux sociaux.
Compte tenu du délai d’instruction d’une demande de naturalisation française, Vozongo Menasofina avait donc déposé sa demande pendant qu’il exerçait encore les fonctions de chef de l’Etat Malagasy.
Motifs de rejet ou de déchéance d’une naturalisation française
De nombreux étrangers voient leur demande naturalisation française rejetée « en raison des liens forts qu’ils conservaient avec leur pays d’origine, qui font planer un doute sur leur loyalisme envers la France et ses institutions, at qui sont jugés incompatibles avec l’allégeance à la nationalité française ».
Quels liens plus forts et plus visibles avec son pays d’origine que le fait d’en être le chef de l’Etat ? Et pourtant, la demande de naturalisation française de Vozongo Menasofina n’avait pas pour autant été rejetée.
La seule explication possible, c’est que cela a été fait dans l’intérêt bien compris de la France. Pouvoir recruter un agent à ce niveau de responsabilité est une opportunité que les services français ne pouvaient pas laisser s’échapper, et le gouvernement français ne pouvait pas dire le contraire.
La lecture de la loi sur déchéance de la nationalité française est fort instructive :
· Article 25
Modifié par Loi n°98-170 du 16 mars 1998 – art. 23 () JORF 17 mars 1998 en vigueur le 1er septembre 1998
L’individu qui a acquis la qualité de Français peut, par décret pris après avis conforme du Conseil d’Etat, être déchu de la nationalité française, sauf si la déchéance a pour résultat de le rendre apatride :
1° S’il est condamné pour un acte qualifié de crime ou délit constituant une atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation ou pour un crime ou un délit constituant un acte de terrorisme ;
2° S’il est condamné pour un acte qualifié de crime ou délit prévu et réprimé par le chapitre II du titre III du livre IV du code pénal ;
3° S’il est condamné pour s’être soustrait aux obligations résultant pour lui du code du service national ;
4° S’il s’est livré au profit d’un Etat étranger à des actes incompatibles avec la qualité de Français et préjudiciables aux intérêts de la France.
· Article 25-1
Modifié par Loi n°2006-64 du 23 janvier 2006 – art. 21 () JORF 24 janvier 2006
La déchéance n’est encourue que si les faits reprochés à l’intéressé et visés à l’article 25 se sont produits antérieurement à l’acquisition de la nationalité française ou dans le délai de dix ans à compter de la date de cette acquisition.
Elle ne peut être prononcée que dans le délai de dix ans à compter de la perpétration des dits faits.
Si les faits reprochés à l’intéressé sont visés au 1° de l’article 25, les délais mentionnés aux deux alinéas précédents sont portés à quinze ans.
Il paraît très clair que cette loi est une épée de Damoclès qui pend au-dessus de la tête de Vozongo Menasofina pendant de nombreuses années. Il ne pourra pas défendre les intérêts malagasy s’il y a un conflit avec les intérêts français. Réclamer le retour de la souveraineté malagasy sur les îles éparses en est un des exemples, et on comprend mieux que Vozongo Menasofina n’ait pas eu les mains libres et s’est borné à faire des gesticulations.
Ce n’est pas un Didier Ratsiraka qui a osé négocier en 1973 de nouveaux accords de coopération avec la France, sortir de la zone franc et porter le litige des îles éparses à l’ONU. Loin s’en faut ! Et Vozongo se comporte exactement comme les Français l’espéraient.
Macron l’a testé en le provoquant lorsqu’il avait débarqué sur les îles Glorieuses en s’exclamant « Ici, c’est la France ». Aucune réaction du régime, bien au contraire, le soir même le PM Ntsay alias Mike Tyson allait à Canossa en s’asseyant symboliquement à droite de Macron à la Réunion, lors du dîner de clôture du forum économique « Choose La Réunion ». Comme si Madagascar était le 102ème département de la France dans l’Océan Indien.
On peut maintenant qualifier Vozongo Menasofina d’agent de l’étranger, ou communément, d’un espion français . Les services français ne pouvaient rêver de meilleure source et il fallait absolument l’accompagner et l’entourer.
A commencer par le Cabinet d’affaires publiques internationales Concerto qui a accompagné Vozongo Menasofina dès 2018. Comme écrit sur leur site » Nous obtenons des résultats à haute valeur ajoutée pour nos clients – États, grandes entreprises, personnalités – en matière d’intelligence économique, de communication stratégique et de diplomatie d’affaires ».
Elaboration de l’IEM, des 13 Veliranos, des éléments de langage, média training, conférence à Sciences Po Paris (controversée, car un putschiste allait y parler de l’expérience démocratique en Afrique).
Vozongo Menasofina jouait à merveille son rôle de perroquet, s’appuyant sur ces consultants et collaborateurs français. Quelle valeur ajoutée plus élevée pour Vozongo Menasofina que d’avoir réussi à se faire élire Président de la République de Madagascar ?
David Douillet était nommé en 2009 secrétaire d’Etat chargé des Français de l’étranger, et avait un certain Gérald Darmanin comme chef de cabinet. Ce dernier devint à 29 ans le directeur de cabinet de David Douillet nommé par la suite ministre des sports, revendiquant le titre de plus jeune dircab de France.
Gérard Perceau suivit Vozongo Menasofina à la présidence, et devint son éminence grise. Cet ancien de Colas a la haute main sur tous les grands projets comme les barrages de Sahofika et de Volobe. Ces projets déjà prêts à démarrer en 2019, ont été « renégociés » par Gerard Perceau, et les nouveaux accords Sahofika n’ont finalement été signés que le 15 novembre 2021 et ceux de Volobe le 26 mai 2023.
Si on avait démarré ces projets dès 2019, les barrages auraient été prêts fin 2024. Là, les travaux de Sahofika n’ont même pas encore commencé, puisque le chef de file a fini de se retirer du projet et on cherche actuellement une autre société désireuse de prendre le relai. Et Rajoelina ne va même pas pouvoir poser sa désormais fameuse 1ère pierre. Même pas de maquette non plus !
On sait que la production annuelle de Sahofika est de 1 650 GWH et celle de Volobe de 650 GWH, que les prix de cession à la Jirama sont de 6 cents d’euros le KWH et que le prix de revient moyen de production de la Jirama est de l’ordre de 30 cents/KWH. Le manque à gagner de la Jirama est donc de 24 cents d’euros/KWH, ce qui fait annuellement un manque à gagner pour la Jirama de 552 millions euros. Faites vous mêmes le compte pour ces années perdues ! Sans parler des opportunités d’investissements manquées !
Les directrices de cabinet qui ont succédé à Stéphanie Delmotte, de formation canadienne, Lova, Baomiavotse, Romy, ont toutes la fameuse 8 cm. C’est d’ailleurs grâce à cette carte de 8 cm que Romy a sans doute pu entrer à Londres sans avoir besoin d’un visa.
Philippe Tabuteau est conseiller spécial Partenariats et Investissements, tandis que Patrick Rajoelina est conseiller spécial, chargé de la diplomatie et de la coopération économique.
Lorsque le MMM s’est éloigné, Valéry Ramonjavelo a dû quitter le secrétariat général et Espérance Pelandroy Arnaud, de nationalité française également, l’avait remplacé.
N’oublions pas Rinah, la fossoyeuse d’Air Madagascar, qui a imposé le vendeur de vin français Thierry de Bailleul à la tête de Madagascar Airlines.
Des vols reportés plusieurs fois, annulés sans compensation ! Et juste quelques plates excuses de Mme la PCA, alors que, s’agissant de problèmes opérationnels, ce serait plutôt du ressort du DG. Depuis sa nomination, ce DG se fait très discret malgré ces nombreuses irrégularités qui s’accumulent dont se plaignent les clients, et les employés de Madagascar Airlines se demandent même à quoi il passe son temps et à quoi il sert. https://www.facebook.com/1282155576/posts/10229830066797491/?mibextid=rS40aB7S9Ucbxw6v
Dernière irrégularité signalée samedi dernier, le vol Nosy Be/ Tana qui devait décoller à 16h25 a été avancé à 14H50, sans qu’on n’en prévienne à temps les passagers. Afin, semble-t-il, de pouvoir ramener les personnalités qui ont accompagné Vozongo Menasofina pour les différentes inaugurations du côté de Toliara.
Et attendons-nous à l’arrivée imminente déjà annoncée d’un autre expatrié à la Jirama.
Tel est ce qu’on appelle d’habitude le 1er cercle de Vozongo Menasofina, composé principalement de ses compatriotes français. Un excellent article de notre confrère Le monde du 20 juin 2023 décrit la controverse sur la nationalité française de Vozongo Menasofina https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/06/20/a-madagascar-la-controverse-sur-la-nationalite-francaise-du-president-andry-rajoelina-vire-a-la-crise-de-defiance_6178406_3212.html .
Notre dernier article se demandait si Vozongo Menasofina allait trouver son Rasanjy, le magistrat qui va trahir le peuple malagasy au profit du français Vozongo Menasofina, en lui délivrant un certificat de nationalité malagasy.
Des membres de l’opposition regroupés sous l’appellation « Fahafahan’i Madagasikara » (Indépendance de Madagascar) vont enfin déclarer cette semaine leur opposition à la candidature de Vozongo Menasofina aux présidentielles. Avec le recul, le remplacement de « Fahafahana » par « Fitiavana » dans la devise de la République de Madagascar n’est pas fortuit mais prémédité !
La population malagasy va-t-elle continuer à être dupe et, au cas inimaginable où il pourra se représenter, va-t-elle réélire quelqu’un qui est sous la coupe de la France ?
Le seule parade de Vozongo Menasofina pour contrer une future déchéance éventuelle, serait d’accepter qu’il a bien perdu la nationalité malagasy. On ne peut rendre personne apatride. Mais ne pourra pas alors se représenter. On ne peut pas hélas vouloir à la fois le beurre et l’argent du beurre !
Il ne lui reste plus beaucoup de temps pour se décider, surtout avec cette complication de dernière minute, induite par » l’affaire Romy », une autre épée de Damoclès sur son régime.
Mais velléitaire qu’il est, ce sont les évènements qui vont décider de son sort !