Dans le contexte de la crise politique de plus en plus aiguë à Madagascar, les responsables en place n’ont qu’un seul argument pour revendiquer l’existence d’une démocratie dans le pays : la tenue prévue d’une élection présidentielle controversée le 9 novembre prochain. Cependant, cette démarche semble être imposée, car les autorités en place font tout en leur pouvoir pour maintenir ces élections, malgré les lacunes évidentes dans les préparatifs et les préoccupations quant à leur équité. En réalité, tous les éléments en jeu et la réalité incontestable semblent indiquer un net avantage en faveur d’Andry Rajoelina dans cette élection.
Toutefois, il est important de noter que, même si nous devons nous y résigner, la tenue d’une élection en soi ne constitue pas nécessairement un indicateur de démocratie.
L’élection en soi est un élément important de la démocratie, mais elle ne peut pas être considérée comme le seul signe de la démocratie. Les élections sont un mécanisme essentiel permettant aux citoyens de choisir leurs dirigeants et de participer au processus politique, mais la démocratie englobe un ensemble beaucoup plus large de principes et d’institutions.
Pour qu’une élection soit véritablement démocratique, plusieurs conditions doivent être remplies :
Notons entre autre, la lliberté et équité des élections : Les élections doivent être libres et équitables, ce qui signifie que les citoyens doivent avoir la liberté de voter selon leur choix, sans intimidation ni coercition, et que les règles électorales doivent être appliquées de manière égale pour tous les candidats.
Le pluralisme politique : Une véritable démocratie permet la participation de multiples partis politiques et offre un choix réel aux électeurs.
L’ accès équitable aux médias et à l’information : Les citoyens doivent avoir un accès équitable aux informations sur les candidats et les enjeux afin de prendre des décisions éclairées lors des élections.
La transparence du processus électoral : Le processus électoral, y compris le dépouillement des votes et la publication des résultats, doit être transparent et ouvert à la surveillance publique.
Cependant, une démocratie ne se limite pas aux élections. D’autres éléments sont tout aussi importants pour confirmer la démocratie dans un pays. Une véritable démocratie repose sur un ensemble de principes et d’institutions qui garantissent la représentation et la protection des droits et des intérêts de tous les citoyens, pas seulement ceux qui sont élus.
Dans le paysage politique, plusieurs piliers fondamentaux définissent la démocratie moderne. Tout d’abord, la protection des droits de l’homme, incluant la liberté d’expression, de réunion et d’association, reste l’épine dorsale de toute société démocratique. Les citoyens doivent pouvoir exprimer leurs opinions sans crainte de répression, garantissant ainsi la diversité des voix et la libre circulation des idées.
Un autre pilier majeur réside dans la séparation des pouvoirs, véritable bouclier contre l’abus de pouvoir. Au cœur d’une démocratie, l’exécutif, le législatif et le judiciaire opèrent indépendamment, chacun avec des responsabilités spécifiques, créant un équilibre essentiel pour une gouvernance juste et équitable.
L’État de droit, lui, se doit d’être inébranlable. Il garantit que toutes les personnes, y compris les responsables gouvernementaux, sont soumises à la loi. Cette notion renforce la confiance dans le système judiciaire, établissant ainsi l’égalité devant la loi.
Une démocratie florissante requiert également une société civile active, constituée d’organisations non gouvernementales, de médias indépendants et de groupes de défense des droits. Ces acteurs vigilants jouent un rôle essentiel dans la surveillance du gouvernement, la dénonciation de la corruption et la promotion de la démocratie.
La responsabilité gouvernementale est une obligation incontournable. Les gouvernements démocratiques sont responsables devant leurs citoyens et doivent rendre compte de leurs actions et de leurs décisions. Cela permet aux électeurs d’évaluer la performance de leurs dirigeants et de prendre des décisions éclairées lors des élections.
La participation citoyenne, pilier démocratique par excellence, donne aux citoyens la possibilité de s’impliquer activement dans la vie politique de leur pays, que ce soit par le vote, la participation à des manifestations pacifiques ou d’autres moyens légaux.
Enfin, la protection des minorités est un impératif moral et politique. Une démocratie véritable doit veiller à protéger les droits et les intérêts des minorités, empêchant ainsi toute forme de tyrannie de la majorité.
La transparence gouvernementale et l’accès libre à l’information sont tout aussi cruciaux. Les gouvernements démocratiques doivent être transparents dans leurs actions, mettant à disposition des citoyens les informations nécessaires pour des décisions éclairées.
Complétant cet ensemble de principes, les démocraties disposent de mécanismes de résolution des conflits pacifiques, notamment des tribunaux impartiaux, pour traiter les désaccords et les litiges, assurant ainsi une transition fluide et non violente dans la gestion des différends.
Ensemble, ces piliers forment le socle solide d’une démocratie saine, favorisant la liberté, la justice et la participation active des citoyens dans la construction d’une société meilleure.
Il est tout à fait impossible de parler de démocratie à Madagascar si l’on se base sur certains éléments absents. Les élections en cours, sous la gouvernance du régime qui semble tout mettre en œuvre pour réélire Andry Rajoelina, suscitent des inquiétudes quant à leur caractère démocratique.