Madagascar est devenu un simple chantier constitutionnel continu qui s’inscrit dans la durée. Certes, l’apprentissage de la démocratie demande du temps et doit encore vaincre des résistances multiformes. Aujourd’hui, l’État de droit est mis à mal par des velléités de retour à l’autoritarisme, vues au cours de ces dernières années et démontrées par les récentes décisions de quelques autorités publiques et des autorités militaires.
Madagascar expérimente actuellement la continuation de la personnalisation de tous les pouvoirs du pays ; et la tentation actuelle d’une manipulation des élections risquerait de faire sombrer le pays dans la tourmente. La « démocratie de façade” à travers un processus électoral biaisé, avalisé et poussé par un gouvernement soi-disant légal cacherait une velléité de recoloniser autrement de la majorité des Malagasy.
Un glissement de la souveraineté nationale vers la coalition pour le non-droit par rapport aux lois internationales serait-il la nouvelle norme démocratique ? Une coalition qui n’avantagerait que moins de 15000 individus. Serait-il juste et équitable d’accepter que les 10 000 personnes sur une population de 28 millions d’habitants qui s’étaient enrichis continuent de s’accaparer de toutes les richesses car c’est l’ordre économique libéral ? Serait-il de trop pour rappeler à tous les acteurs politiques, économiques et sociaux que cet « ordre économique libéral » est déjà en train de devenir un faux récit car il n’a apporté que l’inégalité et la pauvreté aux Malagasy et partout dans le monde du soi-disant en voie de développement. Les grands de ce monde entier sont en train de réinventer un nouvel ordre politico-économique pour le bénéfice de l’humanité et en premier lieu pour le bénéfice de leurs citoyens ; c’est la réalité et c’est tout à fait logique !
Ce qui se passe effectivement en ce moment, pour nous autres citoyens des pays en voie de développement, c’est la phase suivante du « processus de décolonisation » où les nations du “Sud global “ ne se considèrent plus limitées par les exigences des anciennes puissances coloniales, même lorsqu’elles sont propagées dans une configuration « alliance de démocratie ». C’est la réalité actuelle : un vrai changement de phase qualitatif. Saurons-nous saisir cette opportunité ?
Devra-t-on accepter de continuer à ne rien changer car le soi-disant « La Constitution, » piétinée depuis quatre ans, disait qu’il faut aller à l’élection Présidentielle le 9 Novembre car le titulaire a démissionné conformément à la constitution et d’un et de deux, il ne faut pas « détruire la nation » et il faut « assurer la stabilité » pour le développement ? La « stabilité » pour qui ? et un « développement » pour qui ?
Pour le moment, tant que les réformes juridico administratives ne seront pas réalisées, cette « élection du 9 novembre » se réalisera grâce à la diplomatie collaborative intéressée des partenaires de développement mais surtout grâce à la force des fusils et des gaz lacrymogènes des forces armées, supposées « Tandroka Aron’ ny vozona ».
Le résultat sera que l’approche pour le soi-disant la continuité du développement actuelle ne sera qu’une illusion pour les Malagasy qui sont privés de leur droit de choisir réellement. La seule et unique voie noble pour le bénéfice de la paix, la bonne cause et le bien commun c’est la mise en œuvre d’une vraie volonté de changement à tout point de vue à partir d’un dialogue.