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Le Journal de l'île Rouge
Politique

La Crise de la Légitimité : Madagascar aux Mains des Hors-la-Loi

La gazette de la grande île
29/09/20234 minute read

Dans une ère où la règle de droit devrait être le pilier fondamental d’une société démocratique, Madagascar semble se débattre dans une crise de légitimité sans précédent. Les observateurs et experts dénoncent depuis longtemps la manière dont la loi est systématiquement bafouée par les dirigeants en place, créant ainsi un système de gouvernance qui semble être au-dessus de la loi.

L’affirmation selon laquelle la loi n’est appliquée qu’à une minorité à Madagascar trouve un écho fort parmi de nombreux citoyens. Les dirigeants enfreignent délibérément la loi, comme le souligne Jean Erica Rakotoarisoa, ancien Président de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) et enseignant à l’Université d’Antananarivo. Il fait remarquer que l’article 42 du code de la nationalité, bien que toujours en vigueur, n’a jamais été appliqué, même lorsque l’ancien Président Andry Rajoelina a exprimé le souhait d’obtenir la naturalisation française. Cette apparente impunité des dirigeants envoie un message clair : ils se considèrent au-dessus de la loi.

L’ironie de cette situation est que Jean Erica Rakotoarisoa était le Président de la HCC lors de la Présidentielle de 2018, et c’est sous sa direction que la candidature d’Andry Rajoelina, malgré sa naturalisation française en 2014, a été validée. Cette validation a ouvert la voie à cinq années de gouvernance qui semblent avoir été teintées de corruption et de manipulation des institutions démocratiques.

Le système politique malgache est caractérisé par une culture où les dirigeants jouent avec les textes de loi et interprètent la législation selon leurs intérêts personnels. Cette tendance à l’auto-protection et à la manipulation des institutions est devenue encore plus prononcée sous le régime d’Andry Rajoelina. Depuis son accession au pouvoir, il a nommé ses proches aux postes clés de toutes les institutions judiciaires du pays, ce qui a suscité des inquiétudes quant à l’indépendance du pouvoir judiciaire.

Le Pole Anti Corruption, le Bureau Indépendant Anti-Corruption (Bianco), la Ministre de la Justice, la Présidente de l’Assemblée Nationale, le Président du Sénat, la majorité des gouverneurs et tous les ministres du gouvernement semblent servir les intérêts d’Andry Rajoelina sans réserve. Cette collusion entre les branches exécutive et judiciaire est préoccupante et soulève des questions sur l’équilibre des pouvoirs dans le pays.

La partialité du gouvernement actuel est également manifeste dans la manière dont les responsables gouvernementaux utilisent leur pouvoir pour faire campagne en faveur d’Andry Rajoelina. Des ministres en exercice, comme la ministre de l’Éducation nationale, parcourent actuellement l’île pour faire la propagande du Président en place, un acte qui soulève des questions sur l’utilisation des ressources de l’État à des fins politiques.

La scène politique à Madagascar a atteint un point critique, symbolisé par le blocage de la réunion des 11 candidats au Palais des Sports Mahamasina, tandis que la réunion des partis politiques soutenant Andry Rajoelina a été autorisée au Colbert Antaninarenina. Cette démonstration de force des forces de l’ordre soulève des préoccupations quant à la liberté d’expression et à la démocratie dans le pays.

En fin de compte, la situation actuelle à Madagascar met en évidence une crise de légitimité alarmante, où les dirigeants semblent être au-dessus de la loi et où la démocratie est mise à mal. Pour que Madagascar puisse progresser vers une gouvernance plus transparente et démocratique, il est impératif de restaurer la primauté de la loi et de garantir que toutes les institutions fonctionnent de manière indépendante et équitable, au service du bien-être de la nation plutôt que des intérêts personnels.

 

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