Depuis 2019, Madagascar fait face à une crise socio-économique et politique d’une ampleur exceptionnelle. Les indicateurs économiques sont alarmants, la situation sociale est déplorable, et la politique est gangrenée par la corruption et l’autoritarisme. Il est indéniable que le pays traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire récente.
Crise économique :
Le taux d’inflation, atteignant les 12%, a anéanti le pouvoir d’achat des Malgaches, réduisant leur niveau de vie de manière dramatique. Comparé à 2018, le pouvoir d’achat s’est effondré de 90%. Selon la Banque mondiale, 82% de la population vit dans une pauvreté extrême, plaçant ainsi Madagascar au cinquième rang des pays les plus pauvres du monde.
La malnutrition sévit, touchant 2 millions de Malgaches, tandis que la production rizicole a chuté de 60% depuis 2018. La vanille, fierté de l’île, a vu son prix chuter de manière vertigineuse, passant de 500 000 ariary en 2018 à 50 000 ariary en 2023. Il est à noter que c’est la première fois depuis l’indépendance de Madagascar que les salaires des fonctionnaires ont dû être réduits.
Crise sociale :
Les coupures d’électricité, quotidiennes et durant 4 heures en moyenne, paralysent toute activité économique et détruisent les équipements électroménagers et les outils de travail. Les factures d’électricité continuent d’augmenter malgré ces coupures. L’approvisionnement en eau est insuffisant pour répondre à la demande croissante, provoquant des coupures récurrentes.
Plus de 60% de la population a dû réduire son apport alimentaire quotidien, tandis que le taux de scolarisation en 2023 a diminué de 30% par rapport à 2018. Pour la première fois dans l’histoire du pays, enseignants universitaires et étudiants se sont unis pour réclamer le paiement des salaires des enseignants, afin de garantir la continuité des études.
Crise politique :
La corruption a atteint des niveaux catastrophiques, tandis que le régime en place utilise un logiciel espion, le Predator, pour intercepter toutes les communications sous prétexte de lutter contre le kidnapping et la corruption. Pourtant, les enlèvements ont augmenté de manière significative. La persécution des personnes atteintes d’albinisme sévit, et la consommation de drogues dures comme l’héroïne et la cocaïne a connu une progression inquiétante depuis l’accession au pouvoir d’Andry Rajoelina.
La crise politique se manifeste par la répression de toute voix dissidente, la fermeture d’organes de presse, l’emprisonnement des lanceurs d’alerte, le limogeage des chefs d’institutions qui tentent de rétablir l’ordre, et la réquisition des forces de l’ordre pour assurer la sécurité d’un seul individu. Les scandales impliquant des politiciens pro-régime se multiplient, allant de la corruption à la chasse illégale de flamants roses.
Dans ce contexte, Madagascar est dirigé par un régime autoritaire aux actions mafieuses, ce qui alimente un mécontentement généralisé. La détérioration de la situation économique, sociale et politique est un sujet d’inquiétude majeur. Il est temps que les dirigeants reconnaissent la réalité et prennent des mesures pour remédier à cette crise qui touche durement la population malgache. Les faits, les indices et les indicateurs ne sont pas matière à débat, ce sont des preuves irréfutables d’une situation extrêmement préoccupante.
De plus, des scandales récents mettent en lumière les agissements d’élus et de responsables gouvernementaux, contribuant à l’aggravation de la crise. Un gouverneur accusé d’harcèlement sexuel, un maire impliqué dans des intrusions et la surexploitation de zones protégées, le président de la Haute Cour Constitutionnelle condamné pour chasse illégale de flamants roses, et le député Lanto Rakotomanga impliqué dans un trafic de bois précieux, ne sont que quelques exemples de l’impunité qui règne.
De plus, des rapports font état de 79 kilos d’or interceptés en Afrique du Sud, ainsi que de 36 kilos d’or mystérieusement disparus des coffres du ministère des mines. Des centaines de milliards d’ariary sont détournés chaque année selon l’Inspection Générale de l’État, tandis que des fonds destinés à la lutte contre la COVID-19 sont également détournés.
Des centaines de projets sont lancés sans continuité, simplement pour amasser des financements des bailleurs de fonds, sans aucun bénéfice concret pour la population. De surcroît, le président du Sénat a été menacé de mort, soulignant la violence qui règne dans ce climat politique toxique.
Madagascar est à la croisée des chemins, et il est impératif que des réformes significatives soient entreprises pour résoudre ces crises et restaurer la stabilité et la prospérité. L’avenir du pays et le bien-être de ses citoyens en dépendent.