L’expression « République bananière » a été inventée en 1904 par l’écrivain américain O. Henry. Elle est utilisée actuellement pour désigner un pays sous-développé où l’on déplore fréquemment des faits de corruption et de dysfonctionnements du système politique.
Des dysfonctionnements du système politique et judiciaire
« Pourquoi avez-vous caché votre nationalité française », avait demandé le journaliste de France 24. Parce que personne ne me l’a demandé, répondit sèchement Cédric Vazaha, légèrement embarrassé. Une réponse réellement inappropriée sur le plan politique et indigne d’un Chef d’Etat! Et le journaliste, comme pour marquer son inconsidération, n’a pas voulu insister.
Concernant sa perte de la nationalité malagasy, vous pourrez lire une analyse de l’avocat franco malagasy au barreau de Paris Hery Frédéric Ranjeva sur le site https://www.madagascar-tribune.com/La-perte-de-la-nationalite-malgache-selon-le-code-de-la-nationalite-Etude-du.html .
Une analyse intéressante, même si l’expression « une loi datée » nous semble inappropriée : une loi est en vigueur tant qu’elle n’a pas été abrogée, sinon que dirait-on des « veilles » lois telles la loi du 1er juillet 1901 sur le contrat d’association ou juste le code civil de 1804?
Nous ne reviendrons pas sur l’anti constitutionnalité de la validation par la BCC (Basse Cour Constitutionnelle) de la candidature de Cédric Vazaha, compte tenu de l’alinéa 3 de l’article 45 de la Constitution » Il veille à la sauvegarde et au respect de la souveraineté nationale tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il est le garant de l’unité nationale« .
Cédric Vazaha avait déjà montré par le passé qu’il n’a pas la pleine capacité de veiller à la sauvegarde et au respect de la souveraineté nationale : Il ne s’est même pas indigné jusqu’à maintenant de la déclaration du président Macron aux îles glorieuses « Ici, c’est la France« . Et pour cause, il risquait la déchéance de sa nationalité française, s’il se permettait de le faire : il agirait contre les intérêts supérieurs de la France.
Pire, le soir même de ce grave incident diplomatique, Cédric Vazaha envoya Ntsay Mike Tyson à la Réunion dîner à la droite du président Macron qui visitait le département de la Réunion. Comme si Madagascar était un département français, et que Ntsay Mike Tyson y avait été convoqué !
Nous ne commenterons pas non plus toutes les décisions iniques de la BCC, notamment les 5 dernières décisions publiées vendredi 27 octobre sur le site http://www.hcc.gov.mg/ . Des décisions pleines de contorsions juridiques (par rapport au droit), judiciaires (par rapport à, la Justice) et légales (par rapport à la Loi).
Mais la décision n°19-HCC/D3 du 27 octobre 2023, nommant Chef de l’Etat par intérim le général Richard Ravalomanana alias Korotamby ( ferrailleur), mérite le détour car c’est le pompon !
Ce général de gendarmerie à la retraite, souvent accoutré d’un chapeau de cowboy (il en a d’ailleurs toute une collection), ne serait pas dépaysé et aurait sa place en Corée du Nord, où les généraux sont très fiers d’arborer de très nombreuses décorations. L’autre courroie de transmission serait le colonel de gendarmerie Todisoa, actuel « copain » de Mamasosy selon les réseau sociaux.
En tout cas, c’est lui qui donnait déjà directement les instructions aux gendarmes ou aux faux gendarmes, sbires formés par le fameux Bruno Bertagna, administrateur général de la société de sécurité VIGIE High Tech Security.
Selon les confidences de quelques gendarmes, c’est sa société qui a eu le monopole d’importation des matériels de maintien de l’ordre comme les grenades lacrymogènes, les flash ball avec les billes noires qui avaient blessé les candidats Raobelina à l’œil (usage strictement interdit dans les pays démocratiques), Ravalomanana ou Rivo Rakotovao (ancien président par intérim)
Scission des attributions du chef d’état par intérim
Selon cette décision de la HCC « La Haute Cour Constitutionnelle prend acte de la disponibilité du nouveau Président du Sénat à exercer les fonctions du Chef de l’Etat par intérim et de non objection du Gouvernement collégial pour l’observation de l’article 46 alinéa 2 de la Constitution« .
Pourtant, selon l’alinéa 3 de l’article 120 de la Constitution, confirmé récemment par la ministre de la Justice « Les arrêts et décisions de la Haute Cour constitutionnelle sont motivés ; ils ne sont susceptibles d’aucun recours. Ils s’imposent à tous les pouvoirs publics ainsi qu’aux autorités administratives et juridictionnelles« .
Ce revirement de la BCC serait dû à un fait nouveau que serait la saisine par le nouveau président du sénat, marquant ses dispositions à exercer les fonctions de chef de l’Etat par intérim.
La saisine antérieure dès le 16 octobre 2023 pour les mêmes motifs par le président du sénat Herimanana Razafimahefa ne serait pas un fait nouveau ! Notez que cette saisine de la BCC par Baomba Korotamby n’a jamais figuré dans la liste des dossiers en instance publiés par la BCC.
Par ailleurs, cette décision de la BCC aurait été prise pour tenir compte de la volonté expresse du gouvernement collégial de remettre à Baomba les fonctions de chef d’Etat par intérim. On se demande quel article de la Constitution prévoit une telle remise de pouvoir !
Enfin et non des moindres (last but not least), les attributions de ce chef d’Etat par intérim sont scindées en deux, dont une partie sera exercée par le premier ministre.
Baomba ne s’occuperait que des questions de défense et de sécurité.
Incroyable mais vrai ! Il faut le voir pour le croire, et cela se passe sous nos yeux et ceux de la fameuse communauté internationale qui se gardera bien de s’en offusquer. Tant que cela ne touche pas leurs intérêts fondamentaux !
Toutes nos condoléances à nos militaires qui ont Baomba comme chef suprême de l’Armée.
Si l’armée accepte une telle décision, avec en plus l’épée de Damoclès de la possibilité d’avoir de nouveau Cédric Vazaha comme chef suprême, autant baisser tout de suite le drapeau malgache et le mettre en berne dans tous les camps militaires, et de lever à la place le drapeau français ! Puis chanter dès à présent La Marseillaise au lieu de Ry Tanindrazanay Malala ô !
A minima, les forces armées devraient prendre leur responsabilité pour garantir la tenue d’un dialogue de tous les acteurs politiques en vue de trouver des solutions face aux non-respect de la loi et aux nombreuses crises que traverse le pays, conformément à la demande du collectif des candidats.
Et on espère, malgré Baomba Korotamby, que les forces armées n’empêcheront plus le collectif des candidats d’accéder cette semaine à la place symbolique du 13 mai, comme ils envisagent de le faire.
Cette HCC mérite bien leur surnom de Basse-cour Constitutionnelle, cette BCC fleuron de notre République bananière de Madagascar